À la une
Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par Il Caravaggio...
Un Paradis de Schumann onirique à la Seine musicale
Opéra de SAINT-ETIENNE : saison 2025-2026
Opéra de NICE : saison 2025-2026
Se préparer à SEMIRAMIDE – Opéra de Rouen, 10-14 juin...
Se préparer au TRITTICO – Opéra de Paris, 29 avril...
Ni veuve, ni franchement joyeuse : Strasbourg redécouvre la GIUDITTA de...
Brèves de mai –
Vézelay, « phare choral de l’Europe »
La dernière saison d’Alain Perroux à l’Opéra national du Rhin
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte rendu

Streaming – Death in Venice à l’ENO : un opéra pour le temps présent

par Cartouche 11 juillet 2020
par Cartouche 11 juillet 2020
0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
933

Les applaudissements nourris et enthousiastes qui saluent chacun des deux actes de cette production du dernier opéra de Britten datée de 2013, l’année du cinquantenaire de sa naissance, rendent un hommage très mérité à une des plus belles mises en scènes de cette œuvre, que signe là Deborah Warner. Fluidité, beauté, inventivité des images scéniques toujours au service du propos de Britten, toujours en accord avec sa musique, respirant avec elle à la seconde près. Ni trop, ni trop peu pour rendre vivante et profondément humaine cette parabole pour trois chanteurs aux enjeux esthétiques, littéraires et philosophiques, sur la nature de l’art, le conflit entre l’apollinien et le dionysiaque, les exigences du désordre dans la création artistique, sans parler de la fascination de Mann comme de Britten pour les jeunes garçons et de l’interdit qu’ils s’imposent, rarement sujets d’opéra, le tout dans un langage musical austère de musique de chambre aux rares paroxysmes orchestraux.

Alors oubliez Visconti et Dirk Bogarde en patin pitoyable au maquillage dégoulinant après le passage chez le coiffeur (le film, certes admirable, et l’opéra sont contemporains) et admirez la performance de John Graham Hall, toujours très expressif et attentif aux nuances de la partition, du texte et des situations, qui reste digne dans sa déchéance et qui sait donner aux redoutables récitatifs où Aschenbach réfléchit, prend de la distance, puis perdant pied, ratiocine avant le naufrage final, une vérité qui emporte l’adhésion. Même si son vibrato est parfois gênant, son aria au Phèdre de Platon à l’acte II, où la librettiste résume en trois strophes l’argument du dialogue socratique dans ce qui se rapproche le plus d’un air d’opéra, est particulièrement émouvant et prépare au dénouement, achevant de nous convaincre de la communauté de nos destinées humaines dans l’image qu’il donne du renoncement.

Face à lui, Andrew Shore dans les rôles du Faucheur aux sept visages, est tout aussi impressionnant. Son timbre manquerait parfois du tranchant qu’on souhaiterait pour une créature diabolique, mais il sait par ailleurs mettre dans sa voix et son visage l’onctuosité, l’obscénité, l’autorité, le venin ou la menace que demandent ses sept incarnations de la Mort. Et lorsqu’il reparait à l’avant-dernière scène, dans son costume strict de directeur d’hôtel de luxe, après l’effrayant Tuba Mirum du grand choral de trombones qui rend hommage à Monteverdi, on comprend que c’est lui l’implacable ordonnateur de cette pompe funèbre, de la pestilence dans les rues de Venise, du naufrage de l’écrivain célèbre et du ciel bas et lourd, enflammé d’un soleil rond et rouge comme un virus, dans lequel se noient Aschenbach et Tadzio.

Tim Mead apporte à ses courtes interventions son timbre froid de contre-ténor, voulu par Britten pour Apollon. Il faut saluer le Tadzio de Sam Zaldivar, beau brun, n’en déplaise à Mann, qui allie force et grâce sans mièvrerie et qui, avec ses camarades acrobates, anime les jeux des enfants sur la plage avec virtuosité et naturel d’une manière qui fait oublier les quelques longueurs des Jeux d’Apollon rêvés par l’écrivain au final de l’acte I. Son « I love you » final, comme arraché à Aschenbach, n’en est alors que plus douloureusement troublant. Tout simplement superbe.

Spectacle disponible sur medici.tv

Les artistes

 Gustav von Aschenbach  John Graham-Hall
Le voyageur, le vieux beau, le vieux gondolier, le gérant de l’hôtel, le coiffeur de l’hôtel, le chef des musiciens ambulants, Dionysos  Andrew Shore 
La voix d’Apollon   Tim Mead
Tadzio  Sam Zaldivar 
La mère polonaise  Laura Caldow 
Deux filles  Mia Angelina Mather / Xhuliana Shehu
La Gouvernante  Joyce Henderson
Jaschiu  Marcio Teixeira

English National Opera Orchestra, English National Opera Chorus, dir. Edward Gardner

Mise en scène  Deborah Warner

 

Le programme

Death in Venice

Opéra en deux actes et dix-sept tableaux de Benjamin Britten, livret de Myfanwy Piper d’après la nouvelle de Thomas Mann : Der Tod in Venedig, créé L’opéra a été créé le 16 juin 1973 à Snape Maltings pendant le festival d’Aldeburgh.

Spectacle enregistré à l’English National Opera en 2013

image_printImprimer
BrittenDeborah Warner
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Cartouche

Premier baryton de la troupe Eratori, dédiée à la défense de l’œuvre lyrique de Claude Terrasse, Cartouche est agrégé d’anglais et l’auteur d’une thèse sur les opéras de Benjamin Britten, de nombreux articles sur son oeuvre et celle de Ralph Vaughan Williams et du rapport texte et musique, XIXe-XXe. Il a échappé de peu au supplice de la roue et coule une retraite active après avoir officié à l’université de Caen.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
GABRIELLA TUCCI (1929-2020)
prochain post
La Dame de pique vue par Alexander Titel : un spectacle d’anthologie

Vous allez aussi aimer...

Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par...

17 mai 2025

Un Paradis de Schumann onirique à la Seine...

16 mai 2025

Ni veuve, ni franchement joyeuse : Strasbourg redécouvre la...

15 mai 2025

Une pléiade de stars pour le Concert des...

12 mai 2025

Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza

12 mai 2025

Nouvelle distribution d’exception pour le Rigoletto de l’Opéra Bastille

11 mai 2025

Lyon, Peter Grimes : Chronique de l’homophobie ordinaire

11 mai 2025

Faust version 1859 à Lille : plus intense,...

7 mai 2025

Milan : IL NOME DELLA ROSA – Le Moyen...

5 mai 2025

Florence, 87e Festival del Maggio Musicale Fiorentino :...

5 mai 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    15 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Kan Jean-Paul dans Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza
  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman
  • Stéphane Lelièvre dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Festival de Saint-Denis : « Nos esprits...

17 mai 2025

Un Paradis de Schumann onirique à...

16 mai 2025

Ni veuve, ni franchement joyeuse : Strasbourg...

15 mai 2025