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Édito de juillet – La Culture, éternelle cinquième roue du carrosse des programmes électoraux. Et pourtant…

par Stéphane Lelièvre 3 juillet 2024
par Stéphane Lelièvre 3 juillet 2024
© Première Loge Opéra
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L’éternelle cinquième roue

La dissolution de l’Assemblée nationale s’est décidée dans une telle urgence que les différents partis politiques ont dû mettre les bouchées doubles pour boucler un programme un tant soit peu cohérent avant le premier tour des législatives. Comme à l’occasion de chaque échéance électorale, Première Loge s’est penchée sur les propositions culturelles des différents partis en présence. Nous nous en tenons ici aux propositions écrites, qu’on peut lire dans les programmes en ligne consultables sur le net – qui ont parfois été étayées depuis par quelques déclarations orales plus ou moins inattendues, telles les volontés de privatiser l’audiovisuel public ou de supprimer les mangas du Pass Culture…

Une constatation – et ce n’est hélas pas une nouveauté : la culture est loin d’être au centre des préoccupations des différents responsables politiques. On peut certes considérer que les urgences concernant notre pays (la santé, l’éducation, le pouvoir d’achat, la lutte contre la pauvreté,…) sont telles qu’il serait indécent d’accorder à la culture, du moins dans l’immédiat, une place de premier plan… On objectera pourtant, au risque de nous répéter, que la culture est loin d’être un élément cosmétique, une « cerise sur le gâteau » venant en quelque sorte parachever et apporter un peu de légèreté à une liste de préoccupations bien plus importantes, sérieuses, vitales. Voire… La culture, on le sait, participe de l’économie d’un pays, est l’un des éléments contribuant pleinement à assurer le bien-être de ses habitants et, insérée dans des dispositifs éducatifs, à enrichir les savoirs des plus jeunes. Elle est aussi, personne ne le contestera, l’élément clé assurant les conditions du vivre ensemble, une insertion efficace dans la société, le dialogue entre les générations – ou entre personnes issues d’origines socio-culturelles différentes. Elle favorise ainsi le respect et l’enrichissement mutuels. Pour celles et ceux qui sont convaincus par ces arguments, la lecture des programmes électoraux ne peut que décevoir : le RN n’accorde au sujet que quelques pages extrêmement réductrices, le Nouveau Front Populaire qu’un paragraphe, les Républicains ou la majorité présidentielle pas une ligne…

Les programmes (quand ils existent…)

Concentrons-nous sur les deux seules véritables déclarations écrites dont nous disposons.

Celles du Nouveau Front Populaire sont suffisamment concises (mais elles ont le mérite de la clarté) pour être reproduites intégralement :

Un service public des arts et de la culture et des médias au service de l’émancipation

  • Renforcer le budget public consacré à l’art, la culture et la création pour le porter à 1% du PIB par an
  • Limiter strictement la concentration dans les industries culturelles et les médias dans les mains de quelques propriétaires et exclure des aides publiques les médias condamnés pour incitation à la haine ou atteinte à la dignité des personnes
  • Défendre l’indépendance des rédactions face à leurs propriétaires
  • Garantir la pérennité d’un service public de l’audiovisuel en instaurant un financement durable, lisible, socialement juste et en garantissant son indépendance
  • Étendre la gratuité dans tous les musées nationaux, garantir une tarification abordable dans les institutions publiques et encadrer les tarifs abusifs des lieux privés
  • Défendre et améliorer le régime des intermittents et aller vers la création d’un nouveau régime pour les artistes-auteurs
  • Créer un centre national du jeu vidéo et développer une filière
    publique de formation dans ce domaine
  • Organiser des états-généraux de la culture interdisciplinaires
    et décentralisés

Celles du Rassemblement National sont en apparence plus développées, mais elles sont en réalité concentrées autour d’une seule notion, celle de patrimoine ; une notion elle-même prise dans une acception très étroite et ne rendant nullement compte du sens véritable de ce terme : dans le programme du RN, le patrimoine se résume exclusivement aux « bâtiments » (églises, châteaux, musées), qu’il s’agit d’entretenir – notamment en défiscalisant leurs propriétaires et en exonérant de taxes le loto du patrimoine. Dans cette optique, patrimoine = pierres (anciennes). Rien, pas un mot sur le patrimoine « immatériel » : littéraire, cinématographique, philosophique, musical,… Par ailleurs, l’accent est mis sur la protection des vestiges du passé et la transmission des savoirs liés à ce passé aux jeunes générations.

Au-delà de la nécessaire transmission : la Culture comme indispensable vecteur d’ouverture, de lien, de réflexion

Ce n’est pas ce qui nous gêne le plus dans ce programme. Nous défendons ardemment tout effort visant à préserver et à transmettre l’héritage du passé. Trop de jeunes sont aujourd’hui coupés de leurs racines et ignorent tout un pan de notre patrimoine – au sens large du terme ! –  qu’ils pourraient cependant apprécier et dont ils pourraient s’enrichir, culturellement, humainement s’ils étaient accompagnés dans son appropriation. La mise en connexion des jeunes avec leur histoire, les œuvres qui ont façonné notre pays et lui ont donné son identité est donc indispensable : qui le nierait ? Mais si cette connexion est absolument nécessaire, elle ne saurait se confondre avec « immobilisme », « muséification » : elle l’est parce qu’elle permet de mieux comprendre le présent, de mieux trouver sa place au sein d’une diversité et d’une pluralité de références devenues parfois vertigineuse ; elle l’est par tout ce qu’elle permet au-delà de la simple connaissance : le dialogue, la comparaison, le jugement, l’ouverture, mais aussi la création – toute création artistique ne s’opérant qu’en lien avec ce qui a précédé : dans le sillage de  / ou en opposition avec les œuvres d’autrefois. Sur ce point là, pas un mot…

La Culture ne fige pas, ne sclérose pas, n’enferme pas. Sa raison d’être est d’élargir notre horizon et de  tisser des liens : entre passé et présent, ici et ailleurs, préservation et création, transmission et réflexion.
Formons des vœux pour que notre pays ait prochainement à sa tête un gouvernement respectueux du passé et des chefs-d’œuvre qu’il nous a légués, mais qui soit également soucieux d’avenir, de création, de respect, de tolérance, de dialogue, d’ouverture. Autant de termes la rencontre, l’association constituent l’essence même de la Culture.

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

1 commentaire

Ivonne Begotti 3 juillet 2024 - 23 h 07 min

Cher Stéphan,
vous avez tout à fait raison.
dans un monde plus raisonnable vous mériteriez d’être nommé ministre de la culture !

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