À la une
Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par Il Caravaggio...
Un Paradis de Schumann onirique à la Seine musicale
Opéra de SAINT-ETIENNE : saison 2025-2026
Opéra de NICE : saison 2025-2026
Se préparer à SEMIRAMIDE – Opéra de Rouen, 10-14 juin...
Se préparer au TRITTICO – Opéra de Paris, 29 avril...
Ni veuve, ni franchement joyeuse : Strasbourg redécouvre la GIUDITTA de...
Brèves de mai –
Vézelay, « phare choral de l’Europe »
La dernière saison d’Alain Perroux à l’Opéra national du Rhin
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Direction musicaleinterviewsArtistes

PAOLO ARRIVABENI : « J’aime respirer l’ambiance d’une maison d’opéra, de la première répétition jusqu’à la dernière représentation d’un spectacle ! »

par Stéphane Lelièvre 8 juin 2024
par Stéphane Lelièvre 8 juin 2024
© D.R.
0 commentaires 7FacebookTwitterPinterestEmail
1,6K

À l’occasion de ses vingt ans de collaboration avec l’Opéra de Marseille (où il dirige actuellement Un ballo in maschera de Verdi), Paolo Arrivabeni nous a accordé un entretien : rencontre avec un chef passionné, amoureux des voix, aux goûts très éclectiques ! 

© D.R.

Stéphane LELIÈVRE : Votre actualité immédiate, c’est le Ballo in maschera de Verdi, donné en ce moment même à l’Opéra de Marseille. Un Ballo a été créé en 1859, à une époque où Verdi semble s’orienter vers une écriture novatrice, affranchie de certains codes belcantistes, de certaines formules musicales parfois un peu figées… De fait, la facture des airs y est extrêmement originale, et l’écriture orchestrale très fouillée… Que représente cette œuvre pour un chef familier du répertoire verdien comme vous l’êtes ?
Paolo ARRIVABENI : En effet, Ballo in maschera signe une évolution dans le style verdien, plus raffiné ici, notamment dans l’écriture des airs. Pensons par exemple à l’air d’Amelia au troisième acte, « Morro, ma prima in grazia » accompagné par un merveilleux solo de violoncelle, caractéristique que l’on retrouvera bien plus tard dans le grand air de Philippe II dans Don Carlos, ou encore au cantabile de l’air de Renato (« O dolcezze perdute! O memorie… »), magnifiquement écrit avec l’accompagnement d’une harpe et de deux flûtes. Verdi abandonne dans cette œuvre  la structure Air-Cabaletta, l’air constituant un bijou isolé dans un discours musical très varié. Par ailleurs, Un Ballo in maschera comporte deux tonalités, deux couleurs très différentes : l’une est très dramatique et sombre (pensons à la sortie d’Ulrica), l’autre plus pétillante et joyeuse, comme ce que font entendre les couplets d’Oscar. Le défi, pour tout chef d’orchestre qui dirige Ballo in maschera, est de trouver l’équilibre entre ces deux éléments, de les mettre en lumière tout en soulignant le contraste qui s’opère entre eux.

Ci-dessous, Paolo Arrivabeni parle de Verdi et de Don Carlos à l’occasion des représentations de cette œuvre données à Liège en 2020 :

S. L. : J’évoquais à l’instant le répertoire belcantiste que vous dirigez très fréquemment, et plus généralement le répertoire italien du premier ottocento. Un répertoire magnifique, mais que certains considèrent comme moyennement ou peu intéressant pour ce qui est de l’écriture orchestrale, et donc pas toujours passionnant à diriger. Que leur répondez-vous ?
P. A. : La densité de l’orchestre dans le répertoire du Belcanto italien est certes moins intense que dans la production verdienne, plus mature… Mais elle est tout autant fascinante et délicate. Et certainement pas moins intéressante ! La beauté et la génie ne sont absolument pas liés aux dimensions de l’orchestre !

S. L. : Mon collègue Hervé Casini, à l’occasion du Nabucco que vous avez dirigé à Marseille en avril 2023, vous qualifiait d’« authentique chef de théâtre ». Il est vrai que, même si vous dirigez également le répertoire symphonique, vous consacrez une grande part de vos activités à l’opéra. Qu’est ce qui fait qu’un chef s’oriente vers le répertoire lyrique plutôt que vers les œuvres purement instrumentales ? Le hasard des demandes que l’on vous fait ? Une passion personnelle ?
P. A. : Belle question ! Comme la plupart de mes collègues je me suis attaché au répertoire symphonique, à mes débuts. Mais la vie m’a porté à étudier à Parme, où l’opéra fait partie intégrante de la vie quotidienne, et j’ai commencé a travailler comme chef de chant dans plusieurs théâtres. D’où mon amour pour les voix et pour l’opéra… Ce que j’apprécie particulièrement dans cette forme d’art, c’est qu’elle me permet de respirer l’ambiance qu’il y a dans une maison d’opéra, de la première répétition jusqu’à la dernière représentation d’une série de spectacles. Et puis, comme l’on bénéficie d’assez longues périodes de répétitions, on a aussi la chance de vivre dans les villes où on est amené à voyager et de bien les connaître !

S. L. : Quelles sont selon vous les qualités requises pour être un « authentique chef de théâtre » ?
 P. A. : Le respect de ce qu’a écrit le compositeur tout d’abord ; puis une bonne dose de psychologie, aimer les voix, doser tous les ingrédients qui sont à notre disposition, savoir faire fusionner orchestre, chœur, solistes et mise en scène. Un peu comme le ferait un cuisinier qui essaie une recette… sauf que la recette imaginée dans la tête du chef doit absolument être gagnante !

S. L. : Vous avez déjà donné des masterclass ; vous participez parfois à des jurys de concours : on se souvient notamment du concours de la Fondation Polycarpe à Liège (Michele Spotti avait remporté le deuxième prix et il est d’ailleurs maintenant directeur musical de l’opéra de Marseille). C’est important pour vous de découvrir de nouveaux talents ? Aimez-vous l’enseignement, la transmission ?
P. A. : Mais les jeunes talents sont notre futur ! J’aime toujours transmettre mes connaissances et mon expérience aux plus jeunes, c’est quelque chose de fondamental pour moi. la direction d’orchestre est  évidemment un art qui ne s’improvise pas et que les jeunes doivent apprendre. Je trouve que c’est une chose très difficile à enseigner… J’ai eu à mes débuts la chance de suivre des chefs d’orchestre pendant leurs productions et j’ai beaucoup appris à leur contact, notamment en travaillant comme assistant. Je suis toujours content quand un jeune me demande de suivre mes répétitions et discute avec moi : l’échange est quelque chose de primordial.

Paolo Arrivabeni à l'Opéra de Marseille en juin 2024, à l'occasion du Ballo in maschera
© Bianca L. Nica

S. L. : Metropolitan Opera, Staatsoper de Berlin, Bayerische Staatsoper, Fenice de Venise… Vous avez dirigé dans les plus grandes salles du monde, ce qui ne vous empêche pas de revenir très régulièrement à Marseille : ce Ballo in maschera est d’ailleurs l’occasion de célébrer vos 20 ans de collaboration avec cette institution. Qu’est-ce qui vous attache tout particulièrement à cette ville et à son opéra ?
P. A. : L’ambiance, la chaleur, l’accueil que j’y ai trouvés dès mes débuts ! Au cours de ces dernières années, les forces artistiques de la maison ont beaucoup gagné en qualité. Maurice Xiberras, le directeur de l’Opéra, m’a vraiment prouvé sa confiance, notamment en m’invitant à diriger des titres comme Lohengrin et Boris Godounov, ce que j’ai beaucoup apprécié. En vingt ans de collaboration, nous avons appris à nous connaître de mieux en mieux et c’est chaque fois plus agréable de faire de la musique ensemble !

S. L. : Y a-t-il une œuvre, ou plus généralement un répertoire que vous fréquentez assez peu, mais que vous dirigeriez volontiers plus souvent si on vous en donnait la possibilité ?
P. A. : Oui, Wagner et Strauss que j’aime tellement… (Mais je suis ravi même quand je dirige Verdi et Puccini !!)

Paolo Arrivabeni dirige l'ouverture du Vaisseau fantôme à Liège en 2013

S. L. : Un mot sur vos projets ?…
P. A. : La route suit son cours : la saison prochaine je reviendrai à Marseille pour Madama Butterfly, que j’adore, et d’autre projets sont également à l’étude. Et je serai aussi à Zurich pour Simon Boccanegra, à Copenhague pour Maria Stuarda, à Dresde pour Butterfly,  Hambourg pour Il Trovatore et à Berlin pour Aida et Nabucco.

—————————————————————————–

Première Loge souhaite un très beau succès au maestro Arrivabeni et à tous les artistes qui interprètent actuellement le Ballo in maschera de Verdi à l’Opéra de Marseille ! (Jusqu’au mardi 11 juin 2024).

Informations et réservations en cliquant ici.

Les saluts lors de la générale du Ballo in maschera à l'Opéra de Marseille -
© Christian Dresse
image_printImprimer
Paolo Arrivabeni
0 commentaires 7 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
26e Festival du Haut Limousin : « Par les soirs bleus d’été… »
prochain post
LES GRANDES VOIX : une prestigieuse saison 24-25

Vous allez aussi aimer...

Elle aurait 100 ans aujourd’hui : PATRICE MUNSEL

14 mai 2025

In memoriam – ALBERTO MASTROMARINO

4 mai 2025

In memoriam – PIERRE AUDI (1957-2025)

4 mai 2025

Elle aurait 100 ans aujourd’hui : Wilma Lipp

26 avril 2025

In memoriam – PETER SEIFFERT (1954-2025)

15 avril 2025

Naples pleure la disparition de ROBERTO DE SIMONE...

9 avril 2025

Teatro alla Scala : IL NOME DELLA ROSAincontro...

8 avril 2025

Ça s’est passé il y a 100 ANS :...

3 avril 2025

« Sempre con fe sincera … » Quelques questions à...

2 avril 2025

Les LYRICLEANERS – Notre mission : dépoussiérer l’Opéra !

1 avril 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    15 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Kan Jean-Paul dans Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza
  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman
  • Stéphane Lelièvre dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Elle aurait 100 ans aujourd’hui :...

14 mai 2025

In memoriam – ALBERTO MASTROMARINO

4 mai 2025

In memoriam – PIERRE AUDI (1957-2025)

4 mai 2025