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Édito de juin : « Cher » Opéra…

par Stéphane Lelièvre 1 juin 2022
par Stéphane Lelièvre 1 juin 2022
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Opéra populaire : chimère ou absence de volonté ?

L’Opéra est un art qui coûte cher : c’est un fait connu et reconnu, et il est sans doute vain de vouloir comparer le prix d’un billet pour un spectacle lyrique à celui d’une place de théâtre, d’un concert de rock ou de variété : les personnes œuvrant à la réussite d’un opéra, qu’elles soient présentes sur scène, en fosse d’orchestre ou qu’elles aient contribué en amont à la préparation du spectacle, sont en général infiniment plus nombreuses que dans toute autre forme de spectacle. Sans compter, pour les plus grandes scènes, la volonté d’inviter des interprètes internationalement reconnus – et au cachet parfois très élevés… –, certains noms contribuant de façon sûre à attirer le public et à assurer par là même le prestige de la maison.

Pourtant, n’est-on pas allé trop loin ces dernières années ? Et les théâtres ne seront-ils pas contraints, tôt ou tard, de revoir leurs politiques tarifaires à la baisse ? C’est en tout cas une hypothèse émise par Jean-Louis Grinda lors d’une récente conférence de presse, et le fait que le pouvoir d’achat ait largement dominé les débats lors de la dernière campagne présidentielle ne peut que lui donner raison – même si le public d’opéra n’est sans doute pas le moins favorisé de la population française…

De fait, il semble très, très loin, le temps où l’Opéra Bastille devait devenir le modèle même du grand opéra populaire, permettant de mettre l’art lyrique à la portée de tous. Faut-il rappeler que les tout premiers spectacles proposés par cet opéra offraient un panel de prix allant de 6 à 56 euros (40 à 370 francs, pour les Troyens de 1990) contre, par exemple, 15 à 209 euros pour la Carmen qui sera proposée lors de la saison prochaine ? On aura beau répondre que les choses ne sont pas comparables, mettre en avant la baisse des subventions, l’augmentation des coûts, etc. etc., il n’empêche : assister à un spectacle lyrique, à l’Opéra de Paris comme ailleurs (les grands festivals internationaux proposent des prix montant jusqu’à 300 euros – Aix-en-Provence –, voire 455 – Salzbourg), devient de plus en plus, pour beaucoup, un luxe qu’on ne peut plus s’offrir que très exceptionnellement. 

L’augmentation des prix : un phénomène impossible à enrayer ?

Le phénomène semble avoir pris une certaine ampleur il y a déjà une vingtaine d’années : lorsque Hugues Gall est arrivé à la tête de l’Opéra de Paris, le prix moyen des places était de 70 euros. À la fin de son mandat, plus de la moitié des places coûtaient plus de 90 euros. L’arrivée de Gérard Mortier n’a fait qu’accentuer les choses : quelques mesures cosmétiques (places debout au fond du parterre – des places au confort visuel et sonore nettement insuffisant – à 5 euros) n’ont en rien dissimulé une forte augmentation du prix moyen des places, à laquelle il faut ajouter une reconfiguration du plan de salle, certaines places étant reclassées dans la catégorie (voire dans deux catégories !) supérieure(s) ! Depuis, si certaines initiatives heureuses ont été prises  – telles les avant-premières jeunes, offertes maintenant par de très nombreux théâtres en France comme à l’étranger –, ce sont surtout des mesures visant à augmenter les prix des places, de façon parfois plus ou moins cachée, que l’on retient : surtaxes exorbitantes pour les réservations par téléphone, instauration systématique de « frais de réservation » (plusieurs euros par billet, même quand le spectateur effectue absolument toutes les démarches lui-même, y compris l’impression de son billet !), augmentation du prix des places lors de certaines soirées, notamment en fin de semaine – ce qui pénalise fortement, pour les spectacles parisiens, les spectateurs venant de province, lesquels doivent en plus payer le transport et parfois l’hébergement… – ou lorsque sont invités certains interprètes illustres (essentiellement Kaufmann ou Netrebko), etc. etc.

Fort heureusement, même si certaines salles de province ont parfois dû également revoir leurs prix à la hausse, elles restent le plus souvent à l’abri de tels excès : le Così bordelais propose des places jusqu’à 117 euros « seulement » ; les places les plus onéreuses, à l’Opéra du Rhin, atteignent 90 euros ; pour voir Werther en première catégorie l’an prochain à l’Opéra de Tours, il vous en coûtera 70 euros. Signalons enfin la politique tarifaire très atypique de l’Opéra de Montpellier, où les prix, pour une représentation scénique d’opéra, s’échelonnent de 10 à 50 euros seulement !

Les théâtres ne sont-ils pas en train de perdre, progressivement, une partie de leur public ?...

Pourtant, l’augmentation générale des prix à l’opéra reste une réalité et l’on peut légitimement se demander si, à trop tirer sur la corde, les théâtres ne sont pas en train de perdre, progressivement, une partie de leur public… Les places bradées au dernier moment, ou les invitations de dernière minute semblent se multiplier dans plusieurs salles ces derniers temps… Certes, d’autres facteurs que le prix élevé des places peuvent expliquer la relative difficulté à remplir les salles certains soirs : les suites de la pandémie y sont sans doute aussi pour beaucoup (le public a bien du mal à retrouver le chemin des salles de spectacle en général, l’opéra n’étant pas la seule forme d’art concernée…) ; peut-être, également, certaines propositions scéniques censément novatrices, voire révolutionnaires, mais qui ne font que reproduire depuis une bonne quinzaine d’années les mêmes procédés usés jusqu’à la trame, en découragent-elles plus d’un… Il n’empêche : rendre les spectacles plus abordables financièrement reste probablement l’un des meilleurs moyens de faire revenir le public dans les salles, ou d’y faire venir un public qui méconnaît cet art mais ne demande qu’à le découvrir.

Mais pour cela quelles solutions ? Privilégier et développer le système des coproductions et des spectacles « itinérants » afin de réduire et de partager les coûts ? (On ose espérer qu’un spectacle tel que Le Songe d’une nuit d’été vu par Robert Carsen, proposé par l’Opéra de Lille et qui a littéralement émerveillé notre collègue Pierre Brévignon, pourra être vu dans d’autres salles de l’hexagone…) Favoriser les équipes et les distributions françaises ? Première Loge souligne de façon récurrente le très haut niveau actuel du chant français, capable de fournir d’excellents titulaires pour (presque) tous les emplois du répertoire… Aux directeurs de salles, aux pouvoirs publics de faire preuve d’imagination… et de volonté !

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

2 commentaires

Sabine Teulon Lardic 5 juin 2022 - 11 h 27 min

Merci pour ces réflexions stimulantes en cette période électorale !

Pour abonder sur l’économie des coproductions, elle est d’autant plus ambitieuse lorsqu’elle s’applique à une création. C’est le cas de l’excellent Like Flesh de S. Eldar, coproduit en décentralisation culturelle par les Opéras de Lille (janvier) de Montpellier (février) et à la rentrée, de Nancy-Lorraine.
Voir notre recension https://www.premiereloge-opera.com/article/compte-rendu/production/2022/02/12/like-flesh-de-sivan-eldar-meler-genres-et-especes-dans-la-foret-helena-rasker-william-dazeley-juliette-allen-maxime-pascal/

Répondre
Altini 7 juin 2022 - 12 h 58 min

Le résultat c’est la braderie des places. Inutile de s’abonner. On attend le dernier moment pour avoir des places à 50%.

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