À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

Le Messie à Montpellier célèbre la fin de l’Avent

par Sabine Teulon Lardic 23 décembre 2024
par Sabine Teulon Lardic 23 décembre 2024

© Catie Chapelier

© Catie Chapelier

0 commentaires 7FacebookTwitterPinterestEmail
950

Pour le dernier dimanche de l’Avent, Le Messie de G.-F. Haendel résonne sous les voûtes de Notre-Dame des Tables à Montpellier. Comme en 2022, avec la Messe en si de J.-S. Bach, l’ensemble Arianna, le chœur et les solistes portent ce défi avec l’allégresse que cette exaltante partition génère.

Une œuvre mosaïque

Mieux que Guillaume le Conquérant, le saxon Haendel a su conquérir l’Angleterre en y terminant sa carrière européenne. Parmi ses créations prolifiques, ses oratorios sacrés ont poussé le plus loin son acculturation londonienne lorsqu’il remplace les saisons théâtrales d’opéras (italiens) … par celles d’oratorios anglais. Après avoir expérimenté le genre oratorio avec Saul, puis Israel in Egypt, the Messiah apparaît comme une synthèse atypique du baroque, créé lors d’un concert pascal de charité à Dublin, puis repris à Londres. En compilant diverses sources de la Bible, le livret de Charles Jennens évoque davantage la foi chrétienne et le ministère du Christ que les épisodes de sa vie. Et ce, sans lui confier directement la parole (chant), contrairement aux Passions du Kantor de Leipzig. Au fil des siècles, l’œuvre est devenue la pierre angulaire des chœurs et des concerts de l’Avent.

Haendel adopte divers traits stylistiques (et divers recyclages de ses œuvres) pour les trois parties de son immense fresque. Cet effet, d’une mosaïque en train de se construire, marque l’interprétation de l’Ensemble Arianna sous la direction de Marie-Paule Nounou, sa fondatrice, ici au clavecin continuo. Comme en 2022, lors de la Messe en si de J.-S. Bach  , la cohésion d’amateurs et de professionnels fonctionne pleinement. Sous les voûtes baroques de Notre-Dame des Tables, les récitatifs et airs de la partie augurale (les prophéties et la Nativité) s’enchaînent harmonieusement jusqu’à l’arrivée des bergers (Musette). L’originalité du recitativo accompagnato – « The were shepherds » (« Il y avait des bergers ») – préfigure l’acclamation du chœur (« Glory to God »). On pourrait souhaiter davantage d’articulations au sein d’un même numéro ainsi qu’une basse continue plus diversifiée, bien que fermement conduite par l’orgue positif.

En seconde partie, la Passion du Christ révèle la théâtralité haendélienne qui s’infiltre pour briser l’uniforme succession de récit /air soliste /chœur. La vigueur de rythmes pointés ou de trépidations aux cordes, l’audace de modulations et harmonies, les ruptures de mouvements (et de tonalités)  sont encadrées par de puissantes fugues chorales. Parfois indécis sur le départ fugué, le chœur Ars vocalis, finalement victorieux du contrepoint, bénéficie du soutien des cordes et hautbois. La tension est graduée dans le jubilant « Halleluya ! » , chœur conclusif de cette partie. On apprécie les sobres paliers de nuance ménageant l’explosion au-dessus de la trame orchestrale, enrichie de trompettes naturelles et timbales.

Plus introspective, la troisième partie émeut l’auditoire, notamment l’épisode de la Résurrection et du Jugement dernier, médité par le collectif – « Since by man came death » (« Puisque la mort est venue par un homme ») – sur un chromatisme pathétique. La construction dramatique atteint ensuite son apogée en une guirlande de chœurs triomphants et swinguant : l’Amen résonne bien après la fin du concert.

Des solistes investis

Si cet engagement du collectif – orchestre et chœur – est tangible, celui des quatre solistes invités l’est tout autant. Familiers de la déclamation anglaise, ils partagent la virtuosité et la stylistique baroques, depuis l’expressivité des figuralismes jusqu’à la vaillance de l’aria da capo.

Les deux chanteuses sont particulièrement expérimentées. La soprano canadienne Heather Newhouse excelle par une technique sans faille et la clarté d’un timbre fruité, au service d’une musicalité raffinée. Celle-ci s’épanouit tant dans le registre joyeux et vocalisant (« Rejoice greatly ») que dans celui introspectif (« I know that my Redeemer liveth »). La contralto Anthea Pichanick émeut par la plénitude d’une voix enveloppante, souple et conduite avec homogénéité. Leur aisance à toutes deux s’exprime dans le beau duo alterné, « He shall feed His flock » (« Le berger fera paître son troupeau »). Exploitant la douceur de son ténor, Sébastien Monti initie la fresque avec le long récitatif « Comfort ye », expressivement déroulé. Le timbre coloré d’Olivier Dejean convient au registre véhément des airs qu’Haendel confie à la basse. Il densifie les articulations dans le dialogue concertant de l’air annonçant la Résurrection, « The trumpet shall sound » (« La trompette sonnera »). Ce duo avec le trompettiste solo, Olivier Mourault (diplômé de la Hochschule für Musik de Bâle), est une performance que le jeune instrumentiste assume avec délicatesse sur trompette naturelle.

Pour les fidèles, la musique confère au Messie son rôle de Christ rédempteur (livret d’après les Epitres de Paul). Pour l’auditoire, de longues acclamations saluent cette fête haendélienne tant la fresque musicale anime les peintures baroques de l’église montpelliéraine.

Les artistes

Heather Newhouse, soprano
Anthea Pichanick, alto
Sébastien Monti, ténor
Olivier Dejean, basse

Ensemble Ars Vocalis (chœur) et Ensemble Arianna (instrumental), Marie-Paule Nounou, direction et clavecin

Le programme

Messiah HWV 56

Oratorio de G.-F. Haendel, livret Charles Jennens (issu des Evangiles et des Lettres de Paul), créé à Dublin le 13 avril 1742.

Église Notre-Dame des Tables (Montpellier), concert du samedi 21 décembre 2024.

image_printImprimer
Anthea PichanickMarie-Paule NounouHeather NewhouseSebastien MontiOlivier Dejean
0 commentaires 7 FacebookTwitterPinterestEmail
Sabine Teulon Lardic

Sabine Teulon Lardic est chercheure à l'université de Montpellier 3. Spécialiste de l'opéra-comique du XIXe siècle et des spectacles lyriques dans les Théâtres de plein air (XIXe-XXIe siècles), elle a collaboré aux volumes collectifs de Carmen Abroad (Cambridge Press), The Oxford Handbook of the Operatic Canon (Oxford Press), Histoire de l'opéra français, t.3 (Fayard, 2022). Elle signe également des articles pour les programmes de salle (Opéra-Comique, Opéra de Montpellier) ou la collection CD du Palazzetto Bru Zane.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
L’Université des amants : Luxembourg reprend la production de Cosi imaginée par Tcherniakov
prochain post
FESTIVAL DE FROVILLE : programme de l’édition 2025

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
  • HUBERT dans À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025