À la une
Gracias a la vida, Anne-Lise Polchlopek – La chanteuse à...
Il aurait 100 ans aujourd’hui : JAMES KING
Ça s’est passé il y a 100 ANS : création de...
La Cité des compositrices fait chanter La Terre (et les...
Fidelio à l’Opéra de Bordeaux, une production inclusive et émancipatrice
Ni opéra, ni concert : le Stabat Mater de Pergolèse...
CD – Ernelinde, princesse de Norvège de Philidor – Éloge...
BENJAMIN APPL en concert à Genève : un récital à l’émotion...
Teatro regio de Turin – HAMLET ténor… et quel ténor...
Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par Il Caravaggio...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

La Messe en si mineur pour les 20 ans de l’ensemble Arianna à Montpellier

par Sabine Teulon Lardic 24 mai 2022
par Sabine Teulon Lardic 24 mai 2022

© Catie Chapelier

© Catie Chapelier

© Catie Chapelier

© Catie Chapelier

© Catie Chapelier

0 commentaires 6FacebookTwitterPinterestEmail
1,9K

Pour célébrer les 20 ans de son activité, l’ensemble baroque Arianna choisit la Messe en si mineur de J.-S. Bach à Montpellier. Sous la direction de sa fondatrice, Marie-Paule Nounou, la fresque souveraine se déploie sous la voûte de Notre-Dame-des-Tables, basilique adossée au Musée Fabre. Les auditeurs plébiscitent tous les interprètes, manifestement aussi réjouis que le public.

La part du sacré

Entre les piliers de la basilique Notre-Dame-des-Tables (Montpellier), le choix de la Messe en si mineur BWV 232 devient une évidence dans l’acoustique généreuse de l’édifice. Se référant à la liturgie catholique romaine (les cinq pièces de l’ordinaire), en vigueur à la cour de Saxe, le Kantor luthérien de Leipzig poursuit d’autres voies que celles de raconter le drame avant tout humain des Passions. Il choisit également d’autres structures que la brève messe luthérienne en dotant le chœur, les cinq solistes et l’orchestre d’une constellation unique de 27 pièces.

Avant les deux concerts montpelliérains, les auditeurs ont pu écouter la conférence de Corinne Schneider (productrice du Bach du dimanche à France Musique). Et ce faisant, suivre la trajectoire exceptionnelle de « ce legs musical et spirituel du Kantor, construit pendant un quart de siècle, de 1724 à 1749, et suivi de sa disparition » (C. Schneider). En effet, sans commande et sans exécution de son vivant, le défi de rassembler peu à peu ces pièces, pour certaines adaptées de ses propres cantates (procédé de la parodie), demeure unique dans l’histoire musicale en Occident. A l’évidence, le défi est la marque du compositeur dont la trajectoire professionnelle provinciale est sans commune mesure avec la monumentalité de son catalogue et le génie compositionnel, dixit l’experte conférencière.

Conçue comme une somme des styles ancien et contemporain du baroque tardif, l’œuvre est donc composite et complexe. Elle assume cette hétérogénéité par la dynamique de sa construction, inscrite dans l’esthétique baroque du contraste. Interpellé par les exclamations du premier Kyrie Eleison, l’auditoire montpelliérain est à plusieurs reprises plongé dans les émotions contenues et intériorisées : celles du Crucifixus du Credo, puis du Benedictus et enfin dans l’imploration de l’Agnus Dei. Si la puissance contrapuntique du Credo est convaincante (y compris hors de toute croyance religieuse), c’est cependant la joie explosive du Gloria, de la résurrection (Et resurrexit), puis du Sanctus déployé à 6 voix et des guirlandes de l’Osanna en double chœur (pièce la plus tardive, 1749) qui laissent une empreinte durable. Celle d’une réjouissance collective que musiciens et chanteurs font partager à leur auditoire.

Une réalisation harmonieuse

Depuis le clavecin continuo, face à ses musiciens, Marie-Paule Nounou conduit l’orchestre Arianna et les quarante choristes amateurs d’Ars Vocalis (qu’elle a fondé en 1998) à la victoire. Tour à tour souple et douce (Qui tollis), pulsée et bondissante (Osanna), sa direction harmonise les textures d’une main droite déliée qui s’échappe à dessein du clavier. L’écoute de chacun-chacune est sollicitée (ce qui permet quelques réajustements réactifs au fil des deux heures de musique). Saluons la qualité vocale des cinq pupitres du chœur mixte, disposé en demi-cercle derrière l’orchestre, mais englobé par les trompettes et timbales. Un dispositif qui offre une dilatation sonore idéale dans la résonance de la basilique. Les entrées fuguées sont énoncées avec clarté (1er et 2e Kyrie), les vocalises deviennent déclamatoires (Sanctus) ou volubiles dans le vif tempo de l’Osanna, tandis que les nuances palpables (Et incarnatus est) et les articulations choisies par la cheffe modèlent la luxuriance polyphonique. Les respirations ménagées entre aria et chœurs laissent l’œuvre vivre sous la direction d’une cheffe de chant, dont la longue expérience est attestée par la discographie de ses deux Ensembles, puisant de Monteverdi ou Montéclair jusqu’à Britten et Carter. Avec cette exécution de la Messe en si mineur, Marie-Paule Nounou rejoint le projet de ses aînés, de Michel Corboz ou René Jacobs jusqu’à García Alarcón : donner vie à une interprétation personnelle.

Côté instrumental, l’ensemble Arianna est d’un professionnalisme patent, soutenu par un continuo solide (clavecin, orgue, violoncelle et violone) que l’on aurait juste souhaité plus diversifié au fil des pièces (bassons). Le pupitre de trompettes naturelles, surlignant les grands chœurs triomphants, est impressionnant de précision d’attaque et de justesse. Sollicités pour les airs solistes si exigeants, la violon solo (Cécile Desier), la flûtiste (Vasilisa Medojevic), le hautbois d’amour (Bernard Langlois ) et le corniste da caccia (Lionel Renoux) éclairent la fresque de leurs timbres idiomatiques sur instrument ancien.

Côté solistes, l’équipe homogène maîtrise l’exercice exigeant de l’aria ou du duo en langue latine, d’autant que Bach compose toujours de manière quasi instrumentale pour les voix. Le public a plébiscité l’alto Anthea Pichanick (Prix du concours Antonio Cesti à Innsbruck, 2015) dont la rondeur de timbre (Qui sedes ad dextram Patris) et l’égalité sur le registre (Agnus Dei) sont stupéfiants … et bouleversants. Les deux soprani Pauline Feracci et Heater Newhouse dévoilent une complémentarité et ductilité appréciables dans leur duo (Christe eleison), puis une clarté des aigus pour la première (Et in unum Dominum), un riche timbre pour la seconde (Laudamus te). Le ténor Sebastian Monti dont la voix est plus lyrique (Domine Deus) fait montre d’une écoute aiguisée de sa partenaire flûtiste dans le touchant Benedictus. Quant à la basse Olivier Déjean (sorti de l’Opéra-studio du Rhin, puis de l’Académie de l’Opéra-Comique ), sa ligne chantante sur le large ambitus d’Et in spiritum sanctum fait merveille.

On sait que Beethoven, auteur de la prodigieuse Missa Solemnis (1827), s’était procuré au préalable une copie de la Messe en si mineur à Vienne, copie précédemment possédée … par Joseph Haydn. De nos jours, quels profits pourraient tirer les compositeurs de ce legs de J.-S. Bach ? Ce qui est d’ores et déjà perceptible, c’est la ferveur des auditeurs et des musiciens lors de cette prestation montpellieraine !

Les artistes

Ensemble Arianna,  chœur Ars Vocalis, Marie-Paule Nounou dir.
Pauline Feracci, soprano
Heather Newhouse, soprano
Anthea Pichanick, alto
Sebastian Monti, ténor
Olivier Déjean, basse

Le programme

Messe en si mineur BWV 232 de Johann Sebastian Bach
Basilique Notre-Dame-des-Tables, Montpellier, concert du dimanche 22 mai 2022.

image_printImprimer
Olivier DéjeanAnthea PichanickEnsemble AriannaArs VocalisMarie-Paule NounouPauline FeracciHeater NewhouseSebastian Monti
0 commentaires 6 FacebookTwitterPinterestEmail
Sabine Teulon Lardic

Sabine Teulon Lardic est chercheure à l'université de Montpellier 3. Spécialiste de l'opéra-comique du XIXe siècle et des spectacles lyriques dans les Théâtres de plein air (XIXe-XXIe siècles), elle a collaboré aux volumes collectifs de Carmen Abroad (Cambridge Press), The Oxford Handbook of the Operatic Canon (Oxford Press), Histoire de l'opéra français, t.3 (Fayard, 2022). Elle signe également des articles pour les programmes de salle (Opéra-Comique, Opéra de Montpellier) ou la collection CD du Palazzetto Bru Zane.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
La Côte Saint-André 2022 : Berlioz, mais pas que…
prochain post
Festival Messiaen au pays de la Meije

Vous allez aussi aimer...

La Cité des compositrices fait chanter La Terre...

21 mai 2025

Fidelio à l’Opéra de Bordeaux, une production inclusive...

19 mai 2025

Ni opéra, ni concert : le Stabat Mater...

19 mai 2025

BENJAMIN APPL en concert à Genève : un récital...

18 mai 2025

Teatro regio de Turin – HAMLET ténor… et...

17 mai 2025

Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par...

17 mai 2025

Un Paradis de Schumann onirique à la Seine...

16 mai 2025

Ni veuve, ni franchement joyeuse : Strasbourg redécouvre la...

15 mai 2025

Une pléiade de stars pour le Concert des...

12 mai 2025

Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza

12 mai 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    15 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Nanou dans Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza
  • Kan Jean-Paul dans Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza
  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

La Cité des compositrices fait chanter...

21 mai 2025

Fidelio à l’Opéra de Bordeaux, une...

19 mai 2025

Ni opéra, ni concert : le...

19 mai 2025