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MOZART aux Chorégies d’Orange : une soirée d’ouverture placée sous le signe d’une noble sérénité

par Hervé Casini 30 juin 2025
par Hervé Casini 30 juin 2025

© Philippe Gromelle

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Concert d’ouverture des Chorégies d’Orange 2025

Avec pour climax un Requiem sublimé par le Singverein de Vienne, le programme Mozart de ce premier concert de l’édition 2025 où, dans la même soirée, se succèdent des pointures internationales de la musique classique et de l’art lyrique telles que Pierre Génisson, Jessica Pratt et l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo, donne le juste tempo du grand festival populaire que demeurent les Chorégies d’Orange.

Amadeus, 1791

Que voilà un programme intelligemment ficelé ! Mettre à l’affiche de la même soirée trois œuvres de l’année 1791 – auxquelles il faut évidemment adjoindre l’Ave, Verum, donné en bis et composé cette année-là -,revient immédiatement à mettre au centre de ce concert la personnalité d’un Mozart qui, tout en ayant conscience de son délabrement physique et de sa mort prochaine – il n’a pourtant que trente-six ans ! – éprouve simultanément un appétit d’inspiration et de composition sans limite, dans un esprit d’écriture n’obéissant plus qu’aux règles du cœur !

C’est donc la manifestation musicale d’une véritable fuite en avant que nous donnent à entendre ces quelque deux heures de musique où le compositeur de La Flûte enchantée, du Concerto pour clarinette et du Requiem fait symboliquement s’affronter des tonalités associées à la gravité (les trois accords ascendants en mi bémol majeur de l’ouverture de La Flûte, le la majeur de la clarinette de basset pour laquelle est écrite le Concerto, le ré mineur qui ouvre la Messe des morts) avec d’autres davantage optimistes (l’allegro fugué de la même ouverture, le rondo allegro final dans le Concerto), rendant parfaitement perceptible une architecture d’ensemble qui se cristallise autour du conflit tragique entre l’ombre et la lumière.
Que l’on ne s’y méprenne cependant pas : rien dans les tempi choisis pour ce programme par le chef toscan Diego Ceretta n’ira, ce soir, dans le sens d’une dramatisation trop appuyée, laissant les contrastes des divers pupitres, entre le clair et l’obscur, tracer leur propre chemin : celui d’un simple individu qui, mis en présence de sa propre finitude, continue à s’interroger.

De l’ouverture de La Flûte enchantée, on retiendra principalement un art des équilibres entre les deux mouvements, adagio initial et allegro final, qui permet parfaitement d’entendre l’errance de celui dont la quête est sans doute douloureuse mais qui est bien décidé à ne rien sacrifier de son élan vital. C’est à un dialogue fugué, construit sur une belle énergie entre les cordes et les bois de l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo, que l’on assiste ici, introduction finalement idéale au programme qui va suivre.

C’est la même lutte entre le diurne et le nocturne que l’on retrouve sans doute dans le concerto pour clarinette dont Pierre Génisson connaît, mieux que personne, toute la dimension de voyage initiatique. Ici, la virtuosité importe peu si elle n’obéit pas à un optimisme ne devant jamais oublier le sens du tragique. Dès l’Allegro, l’oreille est frappée par le registre grave de la clarinette de basset jouée par le musicien marseillais et par ce côté vocalisant, conféré à l’instrument, tel que le magnifie le mouvement lent, à l’émotion subtilement poétique mais jamais trop insistante. Avec le Rondo allegro final, Pierre Génisson délivre un chant de victoire, parfaitement aérien comme il se doit, auquel les martinets familiers des cavités du mur d’Auguste auront paru, ce soir, particulièrement sensibles !                                                                                       

Un Singverein de Vienne sublimant la soirée

Dans une vision de la messe de Requiem dont certains pourront peut-être regretter le manque de vivacité théâtrale, mais qu’à titre personnel nous avons trouvée d’une grande sincérité non dénuée de profondeur, la direction de Diego Ceretta n’est pas à classer parmi celles réputées pour leurs lenteurs exagérées. Rien n’est trop distendu ici, ni pompeux, ni pesant. Cette battue a, avant tout, le grand mérite de mettre au premier plan le chœur Singverein, l’une des plus anciennes formations chorales de la capitale autrichienne. Dès les premiers accents de l’Introït sur le mot « Requiem » puis tout au long des divers climax mettant le chœur en évidence (« Dies Iræ », « Rex tremendæ », « Confutatis », « Lacrimosa »), on ressent la pâte d’une formation vocale qui n’a pas besoin de jouer le jeu de la grandiloquence pour faire passer, parmi le public, le souffle d’un tragique authentique mais jamais véritablement effrayant. Parfaitement homogènes dans leurs quatre parties, les voix du Singverein ne viennent à aucun moment écraser les musiciens de l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo, se mêlant sublimement à eux pour mettre en évidence la noblesse de retenue de l’individu devant l’abîme proche. On apprécie ainsi, dans l’Introït, après l’annonce confiée au poétique basson soliste, les croches pointées jamais trop exacerbées tout comme la succession des contrastes jamais virulents entre ombre et lumière.

Fallait-il confier à un auteur de bande dessinée, à la réputation internationale, tel qu’Enki Bilal, le soin de mettre en images la partition de Mozart ? Le pari, finalement pas si osé que cela, permet de rappeler que l’univers du dessinateur – qui a déjà eu l’occasion de réaliser des costumes et des décors pour l’Opéra ou le Ballet – est empli d’une réflexion sur la conception du temps, si prégnante dans le chef d’œuvre d’Amadeus. Disons-le tout net : si l’on est bluffé par la technique qui permet à notre esprit de vagabonder parmi les mondes pour s’arrêter, un instant, dans un espace de science-fiction où une pyramide ex-nihilo, tel un objet volant non identifié, est en passe de venir se poser sur la terre, on a, en revanche, plus de mal à croire à la pertinence d’utilisation du dieu égyptien Horus, trônant au-dessus des hommes pendant le Rex tremendæ majestatis, dans une imagerie sans doute proche de l’univers des Marvel Comics qui nous a échappé…

Dans une construction musicale épurée et jamais corsetée, l’entrée – aux portes du Paradis – de la voix de la soprano se fait presque sur la pointe des pieds, avec un souci d’humilité dans les moyens non dépourvu, cependant, de ce caractère « angelicato » dont on sait Jessica Pratt familière dans certaines de ses incarnations belcantistes. Le luxe et la grande classe.

Si l’on a trouvé que le brillant rossinien qu’est par ailleurs Dmitry Korchak jouait trop les ténors vaillants pour ce type d’emploi, la mezzo japonaise Aya Wakizono parait bien effacée dans une partie offrant, il est vrai, peu d’instants de mise en valeur personnelle. En revanche, l’alchimie entre le trombone ténor soliste et la basse sud-coréenne In-Ho Jeong opère avec bonheur dans les premières mesures d’un Tuba mirum aux graves parfaitement ciselés chez le chanteur. On aurait tort, enfin, de gâcher son plaisir à l’écoute d’un Recordare où l’élégiaque thème chanté fait suite à une présentation aux cors de basset et à un dialogue de toute beauté entre les premiers et les seconds violons, amenés ce soir par David Lefèvre, premier de la phalange monégasque.

C’est avec le Confutatis, dernier moment de la partition à être quasi entièrement de la seule main de Mozart, que le Singverein nous donne peut-être le plus bel éblouissement de la soirée avec son étonnant contraste entre des voix masculines à l’impérieuse solennité et des voix féminines qui, ici, réussissent à se faire diaphanes, presque blanches. Avec, bien évidemment, le Lacrimosa qui lui fait suite et un Ave Verum – donné en bis – chanté sur le souffle, nous sommes là en lévitation, l’espace d’un instant où la rumeur du monde semble s’être arrêtée.

Un immense Merci à l’ensemble des forces orchestrales et vocales réunies, ce soir, au théâtre antique d’Orange de l’avoir permis !

————————————————————————-

NB. Le Requiem sera diffusé sur France Télévisions (France 3) le 9 juillet à 21h10.

Les artistes

Soprano : Jessica Pratt
Mezzo-soprano : Aya Wakizono
Ténor : Dmitry Korchak
Basse : In-Ho Jeong 
Clarinette :Pierre Génisson

Chœur Singverein de Vienne, direction : Johannes Prinz
Orchestre philharmonique de Monte-Carlo direction : Diego Ceretta

Mise en images : Enki Bilal

Le programme

Concert Mozart

Ouverture de La Flûte enchantée
Concerto pour clarinette en la majeur, K 622
Messe de Requiem en ré mineur, K.626, créée Salle de restauration Jahn, Vienne, le 2 janvier 1793

Bis : Ave Verum Corpus

Concert d’ouverture des Chorégies d’Orange, samedi 28 juin 2025

 

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Aya WakizonoJessica PrattDmitry KorchakDiego CerettaIn-Ho Jeong
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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