À la une
CD- Rebelle : hommage à Célestine Galli-Marié
Le retour de Riccardo Muti à Turin pour la saison...
Faust version 1859 à Lille : plus intense, plus dramatique...
Ça s’est passé il y a 200 ANS : mort d’ANTONIO...
Milan : IL NOME DELLA ROSA – Le Moyen Âge d’Umberto...
Florence, 87e Festival del Maggio Musicale Fiorentino : le War...
Firenze, 87° Festival del Maggio Musicale Fiorentino: un War Requiem...
Le Freischütz en version de concert au TCE : point de...
Se préparer au TRITTICO – Opéra de Paris, 29 avril...
Brèves de mai –
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Éditos

Édito de mars – « Komm, Hoffnung ! » : l’espoir, de nouveau ?

par Stéphane Lelièvre 4 mars 2023
par Stéphane Lelièvre 4 mars 2023
0 commentaires 3FacebookTwitterPinterestEmail
1,2K

Ce n’est un secret pour personne : le monde de l’opéra va mal. La situation financière de plusieurs théâtres est préoccupante, et a contraint certains d’entre eux à revoir leur programmation à la baisse (l’Opéra du Rhin, l’Opéra de Rouen ont ainsi annulé plusieurs productions qui avaient été prévues) ou à proposer des saisons moins riches que par le passé. Et c’est peu de dire que le taux de fréquentation des salles est loin de renouer avec les fastes de l’avant-Covid. Se rappelle-t-on qu’il y a encore deux ou trois ans, si l’on ne réservait pas ses billets dès le jour d’ouverture des locations, il était quasi impossible d’obtenir une place pour l’Opéra de Paris pour quelque spectacle que ce soit, à l’exception peut-être des œuvres des XXe, XXIe siècles et des créations ? Au lieu de quoi la première scène nationale a été contrainte de brader récemment des milliers de places, y compris pour des œuvres habituellement extrêmement courues…

À cela, sans doute, plusieurs raisons :

  • Contrairement à ce qu’on pouvait espérer, la pandémie a plus ou moins déshabitué le public aux sorties culturelles auxquelles il tenait il n’y a guère. La frustration engendrée par l’obligation de rester chez soi et/ou la crainte de tomber malade en fréquentant des lieux publics n’a pas entraîné, une fois les confinements terminés, le retour massif du public dans les salles de spectacles.
  • Le prix des places, encore et toujours. La vitesse avec laquelle les places bradées par l’Opéra de Paris ont disparu en est un signe : nous avons atteint un niveau de prix bien trop élevé et parfaitement rédhibitoire, y compris pour le public aisé. Près de 300 euros la place de première catégorie pour les spectacles de certains festivals européens, est-ce bien raisonnable ?…
  • Ce à quoi il faut peut-être ajouter une vraie lassitude du public face à certaines propositions scéniques faisant systématiquement le choix de la laideur, ou de l’absolu hiatus entre la dramaturgie et ce que disent le livret et la musique. Une lassitude qui gagne non seulement le public mais aussi certains artistes : Jonas Kaufmann s’en est fait récemment l’écho sur les réseaux sociaux, et Philippe Jordan a déclaré vouloir diriger de moins en moins d’opéras en versions scéniques, expliquant « ne plus voir l’unité entre la musique et la scène à l’opéra[1]».

Doit-on pour autant se désespérer et se résigner à voir s’éteindre l’opéra à petit feu ? Peut-être pas, et plusieurs signes encourageants viennent contrebalancer ce tableau bien morose… 
Le public vient peut-être moins à l’Opéra, mais il a aussi et surtout changé ses habitudes de réservation, comme nous l’ont récemment expliqué plusieurs directeurs de théâtres. Les abonnements et les réservations effectuées des mois à l’avance sont certes en nette perte de vitesse ; en revanche, nombreux sont les spectateurs qui se décident à aller au concert, au théâtre ou à l’opéra au dernier moment, et l’on observe tout récemment que les salles se remplissent bel et bien… mais plutôt au dernier moment, dans les quelques jours précédant la représentation. Ainsi les derniers spectacles auxquelles il nous a été donné d’assister (notamment Lucie de Lammermoor à Tours, ou Lucia à Nice ou Paris) ont-ils fait salle comble (ou quasi), et des œuvres bien moins courues (telle la Zaïde mozartienne proposée par Rennes, Nantes et Angers) affichent également complet. Quant au merveilleux Songe d’une nuit d’été de Britten vu par Robert Carsen, repris récemment par l’Opéra de Rouen et présenté lui aussi devant une salle comble, il a déchaîné dans le public (étonnamment jeune !) un enthousiasme qui fait chaud au cœur – et qui prouve que les spectateurs ne demandent qu’à être de nouveau émus, touchés, émerveillés, amusés, bouleversés par la poésie, le drame, la musique. Et s’il suffisait tout simplement, pour entretenir la flamme, de faire au public des propositions artistiques adéquates, à des prix raisonnables ?…

L’optimisme est donc permis, et nous voulons, en cette fin d’hiver particulièrement morose, chanter avec la Leonore de Fidelio le retour de l’espoir : « Komm, Hoffnung, lass den letzten Stern /
[…] nicht erbleichen!
 » : « Viens, espérance, ne laisse pas s’éteindre la dernière étoile ! ».

————————————–

[1] https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/l-invite-du-jour/philippe-jordan-je-ne-vois-plus-l-unite-entre-la-musique-et-la-scene-a-l-opera-8503515

Fidelio : "Abscheulicher ! Komm, Hoffnung..." (Karita Mattila, Metropolitan Opera, 2000)
image_printImprimer
0 commentaires 3 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
MATTIA OLIVIERI, un baryton… tout en nuances !
prochain post
L’opéra d’Avignon a trouvé sa tête de Turc : Guido Loconsolo triomphe dans une production enthousiasmante du Turco in Italia

Vous allez aussi aimer...

Les années 2020 : sombre époque pour les...

5 mars 2025

Tous nos vœux pour cette nouvelle année !

1 janvier 2025

LES IDÉES CADEAUX DE PARPIGNOL POUR VOS FÊTES !

22 décembre 2024

Édito de septembre –De la bonne « tenue » (?)...

1 septembre 2024

Édito de juillet – La Culture, éternelle cinquième...

3 juillet 2024

Édito de juin – Le Festival d’Aix sauvé...

26 mai 2024

Édito de mai – Facilité, sensiblerie, vulgarité : PUCCINI...

7 mai 2024

CENTENAIRE DE LA MORT DE PUCCINI Quel hommage...

4 mars 2024

Édito de février – Culture, éducation, enseignement :...

5 février 2024

Pour une année 2024 qui mette à l’honneur...

1 janvier 2024

En bref

  • Brèves de mai –

    5 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman
  • Stéphane Lelièvre dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Bernet Yannick dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Les années 2020 : sombre époque...

5 mars 2025

Tous nos vœux pour cette nouvelle...

1 janvier 2025

LES IDÉES CADEAUX DE PARPIGNOL POUR...

22 décembre 2024