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Festival Verdi 2/5
La jeunesse ouvre le bal à Busseto

par Stéphane Lelièvre 7 octobre 2024
par Stéphane Lelièvre 7 octobre 2024

© Roberto Ricci

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Festival Verdi de Parme, Busseto, Un ballo in maschera, 5 octobre 2024

Un Bal masqué, au Teatro Verdi de Busseto, permet de découvrir de jeunes solistes vocaux plus que prometteurs

Les spectacles donnés chaque année dans le petit opéra de Busseto dans le cadre du Festival Verdi sont intéressants pour au moins trois raisons : ils sont l’occasion d’admirer l’adorable théâtre de poche conçu par Pier Luigi Montecchini ; de renouer, habitués que nous sommes aux immenses vaisseaux que sont le Palais Garnier ou l’Opéra Bastille, avec un cadre intimiste permettant une proximité très appréciable avec la scène et les artistes ; et surtout de découvrir une pépinière de jeunes talents dont certains semblent promis à un bel avenir.

Cette année, c’est le Ballo in maschera qui a été choisi pour honorer la mémoire du compositeur des Roncole – un opéra qui, avec Rigoletto, inaugura le petit théâtre en 1868. La mise en scène a été confiée à Daniele Menghini, dont Paris a pu applaudir une Cenerentola jeune public au TCE en 2023. Le metteur en scène occupe au mieux l’espace scénique relativement étroit, sans que les deux scènes les plus « spectaculaires » de l’œuvre (l’antre d’Ulrica, le bal du dernier acte) aient à souffrir de l’exiguïté de la scène. Dans un lieu où le moindre geste et la physionomie des acteurs-chanteurs sont observés de près, il convient de soigner tout particulièrement la direction d’acteurs et sur ce point, un vrai travail a été effectué, avec des gestes, des expressions sur les visages, des déplacements sur scène d’une grande crédibilité. En revanche, on déplore une certaine tendance à encombrer le plateau de détails inutiles qui selon nous sont souvent pléonastiques avec la musique et le livret : nul besoin, par exemple, de donner à voir la tête qu’Amelia croit voir surgir de terre lors de l’acte du gibet, ni son bébé – à qui un serviteur donne le biberon – pendant le « Morrò, ma prima in grazia »… De même, l’extrême solitude d’Amelia, lorsqu’elle se rend de nuit sur la lande déserte cueillir l’herbe magique, s’accommode-t-elle mal de la présence de figurants se battant entre eux ou agonisant…

À la baguette officie Fabio Biondi, qui poursuit ainsi son exploration du territoire verdien (on lui doit récemment une fort belle version discographique du Corsaro). Le chef délivre une lecture sensible et très juste du chef-d’œuvre verdien, à la tête du chœur du Teatro Regio, auquel un grand professionnalisme permet de conserver une parfaite musicalité et une belle homogénéité malgré un effectif réduit, et de l’Orchestra Giovanile Italiana, d’une qualité étonnante malgré la jeunesse des musiciens, tous âgés de 18 à 27 ans. Si certaines sonorités sont un peu vertes (dans le prologue notamment ; mais n’est-ce pas dû également au nombre de musiciens, nécessairement limité au regard des dimensions de la fosse d’orchestre ?), ils font tous preuve d’un enthousiasme réjouissant, mais aussi d’un sérieux dans la préparation (on imagine aisément les heures de travail et de répétitions qu’un tel spectacle a dû nécessiter !) qui leur permet de venir à bout des pages les plus périlleuses de l’œuvre et de peindre efficacement les ambiances très contrastés qui la composent, du terrifiant prélude de l’Acte II aux sonorités diaphanes et évanescentes précédant les adieux à la vie de Riccardo.

Vocalement, la jeunesse est aussi au rendez-vous, avec notamment plusieurs élèves et anciens élèves de l’Académie Verdi. Francesco Congiu (le juge, le serviteur), Lorenzo Barbieri (Tom), Agostino Subacchi (Samuel) et Giuseppe Todisco sont ainsi parfaitement crédibles dans leurs rôles respectifs. Le choix de Licia Piermatteo pour Oscar interroge un peu plus : la voix est certes intéressante, mais, plus « lyrique » que « légère », elle ne permet pas toujours aux vocalises de ses airs (surtout le premier) de se déployer avec toute l’aisance requise, et certaines envolées dans l’aigu, au second tableau du premier acte, sont un peu approximatives. L’incarnation d’un page virevoltant et insouciant n’en demeure pas moins convaincante et vaudra à la chanteuse des applaudissements nourris. Danbi Lee, grimée comme une Elisabetta de Roberto Devereux très fatiguée, impressionne en Ulrica : les graves sont ténébreux à souhait, la projection impériale, l’incarnation saisissante… Seuls certains aigus peuvent encore gagner en fermeté, mais dans tous les cas, il s’agit d’une artiste à suivre. Lodovico Filippo Ravizza a enthousiasmé le public avec un Renato d’une étonnante maîtrise vocale. Le timbre est d’une grande qualité et conserve son velours sur toute la tessiture, la technique est déjà parfaitement maîtrisée, l’incarnation convaincante. Son « Eri tu » sera l’un des très beaux moments de la soirée.

En cette après-midi du 5 octobre, c’est Caterina Marchesini qui incarnait Amelia. On se dit, au premier acte, que le rôle n’est pas pour elle et que la chanteuse s’est aventurée trop tôt dans un rôle excédant ses possibilités : l’émission est instable, l’aigu incertain, l’intonation parfois approximative. Et puis, à l’acte II, alors que la chanteuse affronte le redoutable « Ecco l’orrido campo », tout ou presque rentre dans l’ordre ! La chanteuse avait-elle tout simplement besoin de chauffer sa voix ? Ou était-elle en proie au trac ? Quoi qu’il en soit, la ligne vocale retrouve une belle stabilité, les aigus sont assurés, les nuances sont au rendez-vous… Autant de qualités qu’on retrouvera dans un « Morrò, ma prima in grazia » de belle facture. Reste à la voix à gagner encore en rondeur et en velouté pour posséder toutes les qualités du beau soprano lyrique qu’elle pourrait devenir…

Enfin, le ténor Davide Tuscano est pour nous une superbe découverte : le grain possède un couleur personnelle qui rend la voix très touchante ; les difficultés que recèle la partition sont toutes crânement affrontées, de la légèreté du « È scherzo od è follia? » aux superbes envolées lyriques du « Si, rivederti, Amelia » du dernier tableau ; des sauts de tessiture invraisemblables de la barcarolle du I au chant désincarné d’un « Ella è pura » (acte III) particulièrement poignant. Un artiste qu’on est impatient de réentendre.

Succès général au rideau final, à l’issue d’une représentation fort plaisante parce que pleine de promesses !

Les artistes

Riccardo : Davide Tuscano
Renato : Lodovico Filippo Ravizza
Amelia : Caterina Marchesini
Ulrica : Danbi Lee *
Oscar : Licia Piermatteo *
Silvano : Giuseppe Todisco
Samuel : Agostino Subacchi *
Tom : Lorenzo Barbieri
Un giudice/ Un servo di Amelia : Francesco Congiu *
* Allievi e già dell’Accademia Verdiana

Orchestra giovanile italiana, dir. Fabio Biondi
Chœur du Teatro regio de Parme, dir. Martino Faggiani
Mise en scène : Daniele Menghini
Décors : Davide Signorini
Costumes : Nika Campisi
Lumières : Gianni Bertoli

Le programme

Un ballo in maschera

Opéra en trois actes de Guiseppe Verdi, livret d’Antonio Somma d’après Eugène Scribe, créé au Teatro Apollo de Rome le 17 février 1859.
Festival Verdi de Parme, Teatro Guiseppe Verdi di Busseto, représentation du samedi 5 octobre 2024.

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Fabio BiondiDavide TuscanoLodovico Filippo RavizzaCaterina MarchesiniDanbi LeeLicia PiermatteoDaniele Menghini
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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