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Bergame : une nouvelle production très ludique de L’aio nell’imbarazzo

par Renato Verga 24 novembre 2022
par Renato Verga 24 novembre 2022

© Gianfranco Rota

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L'aio nell'imbarazzo au festival Donizetti : une version inédite dans un spectacle ludique

Troisième spectacle proposé cette année par le Festival Donizetti, L’aio nell’imabarazzo remporte un grand succès grâce à une mise en scène inventive et une équipe musicale de qualité.

Une nouvelle “précaution inutile” !

Après l’opéra seria (La Favorite) et l’opéra semi-seria (Chiara e Serafina), le festival Donizetti 2022 programme également une œuvre bouffe : L’aio nell’imbarazzo (Le Précepteur dans l’embarras), œuvre que Donizetti a créée le 4 février 1824 au Teatro Valle de Rome, avec une distribution de stars (Ester Mombelli, Savino Monelli et Antonio Tamburini). Le livret de Iacopo Ferretti (l’auteur de la Cenerentola de Rossini, qui écrira plus tard quatre autres livrets pour le compositeur bergamasque) est l’un des éléments réussis de cet opéra, qui en son temps reçut les éloges de la presse. Une seconde version fut présentée à Naples en 1826 avec le titre Don Gregorio, version dans laquelle les récitatifs ont été remplacés par des dialogues en prose et, pour le personnage principal, en dialecte napolitain. Du fait du remplacement de certains numéros musicaux, cette version peut être considérée comme un nouvel opéra, et on a maintenant tendance à considérer L’aio nell’imbarazzo et Don Gregorio comme deux œuvres distinctes dans le catalogue de Donizetti.

L’histoire est basée sur un autre exemple de « précaution inutile » que celui du Barbier : un père retient à la maison ses deux fils, âgés de 19 et 25 ans, confiés à un précepteur (l’aio du titre) comme s’ils étaient des adolescents. Le père a décrété qu’ils ne connaîtraient le monde, et surtout les femmes, que lorsqu’ils seraient adultes. Mais en fait l’aîné a secrètement épousé une voisine, et ils ont ensemble un bébé d’un an. Le happy end attendu viendra régler tous les problèmes. L’aio nell’imbarazzo est bien entendu la satire du monde sclérosé et démodé (il suffit pour s’en convaincre de voir le nom du marquis : Antiquanti !) de la société de la Restauration et de ses nobles réactionnaires ; mais le génie de Donizetti et de Ferretti en a fait une comédie avec des personnages réels, et non des stéréotypes comme dans l’opera buffa traditionnel.

La production de Bergame a ceci d’intéressant qu’elle résulte d’une nouvelle révision critique de Maria Chiara Bertieri qui, en l’absence de la partition autographe disparue, est partie du livret imprimé de la première pour réordonner les numéros musicaux selon l’ordre dans lequel ils ont vraisemblablement été joués au Teatro Valle. Cela donne un Aio nell’imbarazzo différent de tous ceux que nous avons entendus et qui ont été enregistrés, une variante par rapport aux versions de Rome (1824) et Naples (1826).

L’équipe musicale : entre jeunesse et monstres sacrés

La direction musicale est confiée au jeune (mais déjà bien établi) Vincenzo Milletarì, qui aborde pour la première fois Donizetti et un opéra en version scénique en Italie (Il Trovatore à Macerata, en 2020, était donné en version de concert, et une Italiana in Algeri prévue dans les théâtres des Marches a été annulée à cause de la pandémie). Sa direction est précise et vigoureuse, et le détail instrumental toujours bien mis en valeur. Le maestro d’origine siciliano-apulienne, mais actif en Europe du Nord, a également le mérite de nous faire entendre pour la première fois quelques pages extraites de l’édition critique, comme le duo entre Gregorio et Gilda, ou la cabalette de Don Giulio. Conformément aux pratiques d’exécution en vigueur durant la première moitié du XIXe siècle, les variations dans le da capo et dans les cadences ont été choisies en accord avec les chanteurs, en fonction de leurs capacités ; on peut imaginer cependant que ce travail, mené avec des élèves de la Bottega Donizetti, nécessairement encore peu expérimentés, a dû être exigeant…

Ces élèves ont eu la chance d’être rejoints par Alex Esposito et Alessandro Corbelli, deux monstres sacrés de la scène, qui ont dynamisé le spectacle. Alessandro Corbelli grâce à son expérience consommée d’artiste de tout premier plan, son jeu d’acteur parfaitement maîtrisé et une technique vocale qui lui permet, même après toutes ces années, de tenir un rôle aussi long et exigeant que celui du Marquis Antiquati quasiment sans aucune fatigue, a fait preuve d’une vigueur enviable. Il est extraordinaire que Corbelli ait été le Don Giulio de l’édition Campanella/Crivelli au Regio di Torino en 1984 ! Quant à Alex Esposito, il est difficile de trouver les mots pour rendre compte de sa présence scénique inégalée, sa parfaite projection vocale jamais couverte par l’orchestre, sa diction parfaite ou à sa prodigieuse agilité. Grâce à toutes ces qualités, son Gregorio Cordebono, infatigable moteur de l’histoire, devient un personnage d’une grande efficacité dramatique. Parmi les jeunes interprètes, Francesco Lucii (le Marquis Enrico) et Marilena Ruta (Madama Gilda Tallemanni) se distinguent par leurs personnalités différentes et leurs talents vocaux prometteurs, mais on remarque également Lorenzo Martelli (Pippetto), Caterina Dellaere (Leonarda), Lorenzo Liberali (Simone) et Vittorio Giuseppe Degiacomi (Bernardino). Le Chœur de l’Opéra Donizetti dirigé par Claudio Fenoglio apporte enfin une précieuse contribution au spectacle.

Une mise en scène particulièrement ludique

Une production aussi particulière nécessitait une mise en scène tout aussi spéciale, et c’est ce qu’a fait l’infatigable et volcanique directeur artistique du festival, Francesco Micheli qui, aidé du dramaturge Alberto Mattioli, est parti d’une réflexion sur la vie d’aujourd’hui : depuis deux ans, la pandémie contraint les jeunes à rester chez eux, à suivre des cours à distance et à ne pouvoir se réunir avec leurs amis qu’au travers des réseaux sociaux. Même Enrico et Pippetto, les enfants de Don Giulio, sont coupés du monde : alors pourquoi ne pas leur offrir la réalité virtuelle dans laquelle vivent nos jeunes ? L’histoire est donc transposée à l’époque actuelle. Pendant l’ouverture, on comprend pourquoi Don Giulio est seul et pourquoi sa relation aux femmes est compliquée : Don Giulio, jeune homme, a été abandonné par sa femme pour un dandy et ne s’en est jamais remis. Nous le retrouvons vingt ans plus tard – comme dans un feuilleton des plus classiques, en 2042 donc, dans un futur assez proche où les tendances d’aujourd’hui sont devenues la norme : Enrico trouve sa partenaire en surfant sur le web ;  Gregorio est Greg, un influenceur obsédé par l’opinion des autres ; la nourriture et ses achats divers arrivent directement à la maison après qu’il a passé commande sur ammazza.ao, et tout le monde porte des lunettes de réalité augmentée. Don Giulio, enfin, s’est lancé dans la politique – Ferretti, dans le livret, le fait déjeuner avec un ministre –, ses positions étant positionnées très à droite. 

Tous ont leurs avatars, lesquels composent un monde coloré dans la scénographie de Mauro Tinti, qui divise la scène en deux niveaux : le monde réel en bas, les graphiques pop et flashy en haut. Il y a enfin un troisième niveau, au-dessus des deux premiers, où défilent les surtitres et où des compétences multiples sont requises pour le spectateur souhaitant suivre le spectacle sans rien manquer. Dans cette réalité virtuelle, la réalité fait soudain irruption au deuxième acte : le petit Bernardino a besoin de la nourriture que possède sa mère Gilda, enfermée dans l’appartement de son beau-père. C’est elle qui débloquera la situation et conclura l’opéra dans la liesse générale lorsqu’elle revêtira les vêtements du nouveau président (ou de la nouvelle présidente) de la République entre les silhouettes, cartonnées cette fois et non virtuelles, de deux cuirassiers. La mise en scène se révèle donc être très ludique, ce qui est également du aux éclairages de Petr van Praet, aux vidéos de Studio Temp, aux animations d’Emanuele Kabu et aux costumes colorés et ironiques de Giada Masi, que le public a chaleureusement applaudis. Ovations justifiées aussi pour les deux interprètes principaux !

Pour lire cet article dans sa version originale (italien), cliquez sur le drapeau !

Les artistes

Il marchese Giulio Antiquati : Alessandro Corbelli
Gregorio Cordebono : Alex Esposito

et avec les Allievi della Bottega Donizetti :
Il marchese Enrico : Francesco Lucii
Madama Gilda Tallemanni : Marilena Ruta
Il marchese Pippetto : Lorenzo Martelli
Leonarda : Caterina Dellaere
Simone / Bastiano : Lorenzo Liberali

Orchestra Donizetti Opera, Coro Donizetti Opera (chef de chœur : Claudio Fenoglio),  dir. Vincenzo Milletarì
Maestra al fortepiano : Hana Lee

Mise en scène : Francesco Micheli
Décors : Mauro Tinti
Costumes : Giada Masi
Lumières : Peter van Praet
Video : Studio Temp
Animations : Emanuele Kabu
Dramaturgie : Alberto Mattioli

Le programme

L’aio nell’imbarazzo (Le précepteur embarrassé)

Opéra buffa en deux actes de Gaetano Donizetti, livret de Jacopo Ferretti, créé au Teatro Valle de Rome le 04 février 1824.

Bergame, Teatro Donizetti, représentation du dimanche 20 novembre 2022.

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Alessandro CorbelliAlex EspositoVincenzo MilletariFrancesco Michelli
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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