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Nouvelle production des Due Foscari au Maggio Musicale Fiorentino

par Camillo Faverzani 25 mai 2022
par Camillo Faverzani 25 mai 2022

© Michele Monasta

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L’âge d’or de l’opéra n’a pas encore dit son dernier mot !

Nouveau triomphe pour Domingo dans le rôle du vieux Foscari, mais pas seulement : María José Siri et Jonathan Tetelman remportent également un magnifique succès dans cette nouvelle production florentine du chefs-d'œuvre de Verdi.

Anniversaire Domingo : 4100 représentations en soixante-cinq ans de carrière !

Indépendamment du retour à l’affiche des Due Foscari sur les scènes florentines où ce titre du Verdi de jeunesse avait été représenté au Teatro della Pargola en janvier 1845, un peu plus de deux mois après sa création romaine, cette première constitue un petit événement en soi dans la mesure où il s’agit de la quatre mille centième représentation donnée par Plácido Domingo sur soixante-cinq ans de carrière, dixit l’intéressé lui-même. Un anniversaire qu’est venu célébrer Alexander Pereira en personne, le surintendant du Maggio Musicale Fiorentino, à l’issue du spectacle.

Le Francesco Foscari du chanteur espagnol est bien connu du public de l’opéra, pour l’avoir entendu sur les plus grandes scènes européennes (Londres, Barcelone, Milan, Salzbourg, Monte-Carlo) depuis sa prise de rôle à Los Angeles en 2012, et encore récemment à Paris, salle Gaveau, après une précédente annulation à la Philharmonie en décembre 2020, pas seulement pour cause de covid ; il n’en reste pas moins que la lecture qu’il nous propose du Doge meurtri par ses mésaventures familiales est de bout en bout bouleversante, de sa romanza de présentation, bien chantante, au grandiose effondrement final, très touchant. C’est un père ténor, à la voix, après tout, encore claire et juvénile, qui ne manque nullement de charme.

Une prise de rôle non négligeable

© Opéra Orchestre National Montpellier

Commémorations mises à part, ce sont bien le ténor et la soprano qui se taillent la part du lion, comme le veut la partition elle-même. Ne devant pas se confronter à l’héritage de son illustre devancier qui n’a jamais interprété Jacopo Foscari dans la première phase de sa carrière, Jonathan Tetelman, qui a récemment incarné un Stiffelio bouleversant à Strasbourg, campe un fils tout en force, dont le beau timbre solaire s’épanouit dans un éclat qui résonne dès le premier récitatif d’entrée, faisant preuve d’un legato de haut vol, aboutissant à une cabalette à la fois vaillante et brillante, quoique abordée de manière sans doute un peu scolaire, et ce malgré un petit écart

d’intonation dans l’attaque de l’andantino précédent, dû vraisemblablement au trac d’une prise de rôle non négligeable. L’acteur se révèle, en revanche, dans le déchirant air des visions de l’acte II, notamment par la percutante exclamation d’horreur de retrouver sa victime (« Ah lo ravviso!… è desso… è Carmagnola! »), et dans un andantino agitato aux aigus percutants, pour aboutir à une magistrale scène des adieux.

La dogaressa Contarini

María José Siri conçoit Lucrezia Contarini en petite-fille d’Abigaille, ce qui peut se justifier sur le plan à la fois philologique et dramatique, s’agissant de deux femmes de pouvoir (« Figlia di dogi, al Doge nuora io sono »). Dès son récitatif di sortita, elle en impose par l’ampleur de ses moyens, ce qui ne l’empêche pas de composer une prière angélique au portamento assumé et dont la ligne extatique fait le bonheur du public ; le tempo di mezzo (« La clemenza?… s’aggiunge lo scherno!… ») est menaçant et la cabalette impétueuse. Le duo de l’intercession, auprès de son beau-père, atteint alors à l’incandescence, la soprano entraînant son partenaire dans une escalade savamment maîtrisée. Et l’émulation se poursuit dans le duo de la prison, avec son époux, devenant trio, après l’arrivée du Doge, et quatuor, avec le Loredano de bonne tenue de Riccardo Fassi. Et même si ces retrouvailles sont visiblement plus flamboyantes qu’émouvantes, le rayonnement du volume ne s’obtient jamais au détriment de la nuance. Le charisme de la cantatrice uruguayenne est tel que par moments nous pourrions même nous demander si nous assistons bien aux Due Foscari et non à l’exécution d’une partition retrouvée qui serait La dogaressa Contarini, tout particulièrement dans un finale central mené par des aigus royaux.

Une Venise de convention

Quelques lourdeurs des cuivres, dans le prélude, n’entachent en rien la sage direction de Carlo Rizzi qui, sauf erreur, aborde l’ouvrage pour la première fois, bien qu’il connaisse son Verdi sur le bout des doigts, pour l’avoir dirigé sur les plus grandes scènes, notamment à l’Opéra national de Paris (Simon Boccanegra, Rigoletto, Don Carlo) où le public français l’a tout récemment entendu dans la Cendrillon de Massenet.

Peu favorisé par l’acoustique de la salle Zubin Mehta – qui par ailleurs convient parfaitement aux solistes –, le chœur du Maggio Musicale Fiorentino semble quelque peu se chercher dans l’introduction, avant de donner la réplique qu’il sied au désespoir de Lucrezia et de livrer la jolie barcarole de remplissage de l’acte III.

C’est sans doute le moment le plus faible de la mise en scène de Grischa Asagaroff, aussi à ses premières armes avec ce titre mais pas avec le compositeur – une mise en scène qui échafaude un ballet plutôt inutile (chorégraphie de Cristiano Colangelo), afin de brosser la couleur locale d’une Venise de convention. Pour le reste, sa conception est bien traditionnelle, ne cédant nullement aux sirènes du Regietheater. Un comble pour un réalisateur allemand. Nous lui en savons gré, tout comme de nous avoir fait grâce, dans le programme de salle, d’élucubrations bien souvent gratuites. Tournant autour d’un parallélépipède et agrémenté de quelques lanternes vénitiennes, le décor minimaliste de Luigi Perego a du cachet, de même que ses costumes d’époque, probablement inspirés du tableau de Francesco Hayez, antérieur à notre opéra, et de la toile d’Eugène Delacroix, illustrant les événements historiques mais peut-être aussi la source byronienne : tuniques vert pâle pour le physique avantageux de Jacopo et d’un bleu très clair, presque blanc cassé, pour son père, robe rouge bordeaux pour son épouse, devenant noire pour la veuve avant la lettre de la scène de la séparation, dalmatiques rouges pour les membres du Conseil des Dix, dont Loredano et le Barbarigo de Rim Park, venu remplacer Joseph Dahdah, initialement annoncé.

Le public apprécie et applaudit presque à chaque mouvement, empêchant néanmoins une continuité dramatique qui, dans une œuvre si resserrée, gagnerait à ne pas se voir trop interrompue. On le comprend tout de même face à un tel déferlement de décibels. L’âge d’or de l’opéra n’a peut-être pas encore définitivement tourné sa page, du moins dans ce genre de répertoire.

Les artistes

Francesco Foscari :  Plácido Domingo
Jacopo Foscari : Jonathan Tetelman
Lucrezia Contarini : María José Siri
Jacopo Loredano : Riccardo Fassi
Barbarigo : Rim Park
Pisana : Xenia Tziouvaras
Fante del Consiglio de’ Dieci : Lulama Taifasi
Servo del Doge : Adam Jon

Coro e Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino, dir. Carlo Rizzi

Mise en scène : Grischa Asagaroff

Le programme

I due Foscari

Tragedia lirica en trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave d’après Byron, créé au Teatro Argentina de Rome le 3 novembre 1844.

Teatro del Maggio Musicale Fiorentino – Auditorium Zubin Mehta, dimanche 22 mai 2022

 

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Placido DomingoCarlo RizziJonathan TetelmanMaria Jose Siri
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

1 commentaire

Gabriella Minarini 25 mai 2022 - 15 h 21 min

Che gioia leggere che l’età dell’opera non abbia definitivamente voltato pagina perché, in Italia soprattutto, c’è ancora molto da dire e da dare! Quello che scrivi di questa produzione de I Foscari conforma il cuore di una melomane come me che già da piccola si chiedeva perché un padre lasciasse andare a morte un figlio! Bella la visione di una nuova opera: La Contarini perché le donne sono motore e carburante di tanti eventi anche se, come qui, purtroppo non hanno capacità risolutiva! Ma, penso, anche perché la Siri ha dato veramente – voce – allo strazio di una donna che è costretta a salutare il suo amato! Chi conosce le donne, come il Verdi ha dimostrato nella sua carriera, non poteva certo dare una parte « silente » a tanto strazio! Grazie prof. Faverzani per la sua sempre esaustiva lettura!

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