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La fin d’un monde ?

par Camillo Faverzani 4 juillet 2023
par Camillo Faverzani 4 juillet 2023
© D.R. Matthias Haker
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La mort annoncée de l’opéra

Rien ne remplacera la magie de l’exécution sur le vif

L’opéra comme un refuge

Depuis un certain temps, il est récurrent de lire, surtout dans la presse écrite, même et surtout spécialisée, la mort annoncée de l’opéra. C’est un phénomène qui date à peu près de la fin de l’épidémie, suite au constat que tout le public d’avant 2020 n’a pas repris le chemin des salles de spectacle et des auditoriums. C’est certainement une réalité. En prenant l’exemple de Paris – où le tourisme, par ailleurs, a redémarré comme avant, sinon plus, au point de nous faire craindre une saturation, notamment dans les transports publics –, les spectateurs ne remplissent plus que très rarement les théâtres lyriques, de l’Opéra national de Paris, Bastille et Garnier confondus, au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra-Comique. Le gigantisme de la Philharmonie – que nous ne pensons pas avoir jamais vue remplie – n’est pas significatif, dans la mesure où des lieux plus circonscrits, comme la Cité de la Musique et la Salle Gaveau, sont constamment clairsemés. Bien des institutions se voient donc acculées, surtout en province mais aussi dans bien des pays limitrophes, voire plus généralement dans la société occidentale, à revoir leur programmation, en la réduisant, parfois même à fermer leurs portes.

Est-ce pour autant une raison pour constater la fin progressive, définitive et sans retour, d’un genre ? Il est certain que la crise sanitaire, ayant obligé à suspendre les activités pendant pratiquement deux ans – malgré quelques heureuses tentatives pour transmettre le flambeau –, puis la crise économique, engendrée par la hausse des prix que l’on nous dit être la conséquence de la guerre en Ukraine, ont laissé leurs marques dans le milieu de l’opéra aussi. Cela dit, ce n’est pas la première fois que le monde lyrique traverse une période difficile. Toutes proportions gardées, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, les moyens n’étaient sûrement pas plus florissants mais l’opéra a constitué un refuge, a su renaître de ses cendres et devenir de plus en plus flamboyant. Bien sûr, les goûts ont changé. Entre la fin du XIXe siècle et les années 1950, à part quelques incontournables qui n’ont jamais quitté l’affiche, c’étaient surtout Puccini et ce que l’on appelle le Vérisme qui se taillaient la part du lion. Dans les décennies à venir, on a su redécouvrir bien d’autres pans du répertoire, de la Rossini Renaissance aux Romantiques, et plus récemment ce que l’on définit comme le baroque. Mais, si certains genres se sont affaiblis, voire effacés, l’opéra dans son ensemble a su se revigorer et trouver une nouvelle sève. Nous sommes convaincus qu’il surmontera aussi les hésitations actuelles.

Clinquant et ingéniosité empruntent très souvent des chemins opposés

C’est sans doute que l’on a trop pris l’habitude de compter exclusivement sur les subventions publiques, grossissant les dépenses de manière démesurée jusqu’à l’irrationnel pour des coûts de production qui, de créatif, parfois n’ont que les ambitions de celles et de ceux qui les initient. Pendant longtemps, on a opposé théâtres de répertoire et théâtre de saison, pas seulement au niveau du contenu, les premiers ayant une programmation plus étoffée mais probablement plus répétitive aussi, les seconds affichant davantage d’originalité, d’inventivité, de créativité justement. Une créativité dont il faut payer le prix et dont l’État et les collectivités locales ont été les garants indéfectibles pendant des décennies, alors que le répertoire se nourrissait de productions parfois désuètes, misant davantage sur l’exécution vocale et musicale. Cependant, il n’est pas certain que, devenant un acquis, le financement public cautionne forcément l’essor d’expressions artistiques fortes. Une trop grande aisance budgétaire a parfois même l’effet inverse et le tour de vis que l’on nous annonce actuellement pourrait se révéler plus que bénéfique pour les jeunes réalisateurs, acculés à trouver de nouvelles idées, à cause justement de l’économie de moyens. Clinquant et ingéniosité empruntent très souvent des chemins opposés.

On nous dit aussi que d’autres causes, indépendantes de la crise sanitaire et économique, sont à l’origine de ce désintéressement pour l’art lyrique, telle la diffusion de nouvelles formes d’expression musicale, notamment par le biais des supports numériques. Cependant, cela a toujours existé, l’opéra ayant côtoyé, en plus de quatre siècles d’existence, bien d’autres genres pouvant lui faire concurrence, notamment à l’issue du dernier conflit mondial. Et nous sommes persuadés que rien ne pourra jamais remplacer la magie de l’exécution sur le vif, dans une salle, face à un public en chair et en os.

L’élargissement du répertoire

Mais il est peut-être d’autres raisons, plus anciennes, à la désaffection du public. L’engouement pour la musique dite baroque a contribué à élargir le répertoire, à redécouvrir des œuvres tombées dans l’oubli depuis des siècles. Cela a permis aussi de faire carrière, parfois de manière plutôt glorieuse, à bien des interprètes qui autrefois auraient sans doute été relégués dans un chœur ou, au mieux, auraient foulé des scènes secondaires. On ne peut sûrement pas parler de baisse de niveau, puisque même ces chanteurs au petit gabarit sont le plus souvent très préparés et leurs performances sont très appréciables. Mais l’hésitation du public avant de revenir en force relève peut-être un peu de cela aussi, d’avoir mis sur un plan d’égalité le mythe et l’anecdotique. Et comment se passionner, donc, pour l’anecdotique ?

Devant les difficultés financières, on préconise parfois le recours systématique aux coproductions et à la circulation des productions. Quoi de plus estimable ? Sans vouloir revenir à la vie d’expédients des troupes itinérantes des XVIIIe et XIXe siècles, voire encore du début du XXe, la confrontation a toujours été bénéfique, dans le domaine des arts, comme dans les champs des idées. Loin d’être devenu une survivance pittoresque, réservée à un public guindé – nous n’avons jamais vu autant de jeunes gens que dans la dernière décennie parmi les spectateurs des salles lyriques –, l’opéra se nourrit toujours de nouveaux titres, de créations contemporaines, de même que son répertoire ‘classique’ sait s’adapter à l’évolution des goûts.

N’en déplaise à certains, le glas de l’opéra, ce n’est pas pour tout de suite.

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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

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