À la une
Nouvelle distribution d’exception pour le Rigoletto de l’Opéra Bastille
Lyon, Peter Grimes : Chronique de l’homophobie ordinaire
CD- Rebelle : hommage à Célestine Galli-Marié
Le retour de Riccardo Muti à Turin pour la saison...
Faust version 1859 à Lille : plus intense, plus dramatique...
Ça s’est passé il y a 200 ANS : mort d’ANTONIO...
Milan : IL NOME DELLA ROSA – Le Moyen Âge d’Umberto...
Florence, 87e Festival del Maggio Musicale Fiorentino : le War...
Firenze, 87° Festival del Maggio Musicale Fiorentino: un War Requiem...
Le Freischütz en version de concert au TCE : point de...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Ténor

D’Almaviva à Ory : Patrick KABONGO, jamais loin du comte !

par Stéphane Lelièvre 28 décembre 2019
par Stéphane Lelièvre 28 décembre 2019
0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
2,1K

Crédit photos (sauf indication contraire) : Michele Monasta

© Michele Monasta

 

 

 

 



Arrivé du Congo avec seulement une expérience dans le chant choral, Patrick Kabongo a gravi très rapidement tous les degrés de l’échelle conduisant au cercle fermé des authentiques ténors rossiniens. Après avoir épaté le public et la critique dans 
L’Italienne à Alger lors de la saison dernière (et après ses triomphes à Bad Wildbad cet été dans Tancrède de Rossini et Romilda e Costanza de Meyerbeer), il revient à Tours à partir du 29 janvier pour son premier Almaviva du Barbier de Séville.

Patrick Kabongo, vous êtes aujourd’hui parisien, mais quel a été votre parcours avant de vous installer chez nous ?
Je suis né au Congo. La première fois que je suis venu en France, c’était en 2006. Je chantais dans les chœurs amateurs d’une Madame Butterfly.

Mais alors vous connaissiez déjà l’opéra avant de venir en Europe ?
Absolument pas ! J’avais juste chanté dans une église, mais en tant que basse : mon tout premier solo, c’était « The Trumpet shall sound » du Messie ! Nous chantions des pages de Haendel pour toutes les grandes fêtes, c’est là que je me suis familiarisé avec les notions de mélodie et d’harmonie ! En 2006, la chorale dans laquelle je chantais à Kinshasa devait interpréter le Requiem de Mozart. Nous étions deux basses solistes. Un chef belge, Michel Vanstals, m’a entendu. Il m’a demandé de rechanter ma partie. Naïvement, je pensais que c’était parce que j’avais été meilleur que les autres ! Mais en fait, après m’avoir réentendu, il m’a simplement demandé : « Mais qui t’a dit que tu étais basse ? Si tu veux chanter comme soliste,  ce sera en tant que ténor ! ». J’ai dit OK et j’ai donc chanté les soli du ténor, tout en continuant en tant que basse dans les chœurs ! Michel Vanstals m’a demandé si je voulais venir en Europe faire un stage de chant de deux semaines. J’ai accepté. Et c’est là qu’a commencé à germer l’idée de faire le Conservatoire en Belgique…

Cela s’est fait directement dans la foulée ?
Presque… Dans la chorale où je chantais, il y avait Bernard Quintin, qui était le premier secrétaire de l’ambassade. Prudent, il m’a demandé si je me sentais capable de rester tout seul en Europe. Moi, toujours un peu naïvement, j’ai répondu oui : j’avais envie de chanter, j’étais en Europe, les choses me paraissaient simples et naturelles ! Bernard Quintin, voyant que j’étais décidé, a grandement facilité ma venue. Et une semaine avant de quitter le Congo, j’ai annoncé à ma famille que j’allais étudier le chant en Europe. L’idée n’a pas été si simple à accepter, j’étais en dernière année d’ingénierie électronique à Kinshasa, ce qui a priori m’offrait un avenir plus sûr qu’une hypothétique carrière dans le chant ! J’ai fait une année au conservatoire de Bruxelles, suivie de deux ans à l’Opera Studio de Gent. J’ai eu ensuite directement mon premier contrat à l’Opéra de Rouen.

Tout est donc allé très vite…
Oui et non : en fait, n’ayant pas eu un cursus « normal », je continue toujours d’apprendre ! Pour mon examen d’entrée au conservatoire, je n’étais quasiment pas capable de lire à vue la musique, ce ne sont pas mes années à la chorale de Kinshasa qui m’avaient formé au solfège !

Qu’avez-vous chanté pour votre examen d’entrée ?
« Evr’y valley » de Haendel et… Valentin de Faust ! La couleur de ma voix était celle d’un ténor, mais les aigus ne sortaient pas ! Mon premier cours, c’était avec Marcel Vanaud. J’ai chanté « Una furtiva lagrima » et je me souviens avoir craqué toutes mes notes aiguës ! Lui aussi était perplexe devant les graves que je possédais et la couleur de ma voix de ténor. Il m’a demandé ce que je choisirais entre une Mercedes et une Porsche. J’ai répondu : « Une Porsche ! », et il m’a dit en plaisantant : « Alors tu es ténor ! ».

Une fois que vous avez été « officiellement » déclaré ténor, comment avez-vous découvert votre adéquation au répertoire belcantiste et rossinien en particulier ?
Là aussi c’est toute une histoire… J’ai d’abord chanté des rôles de « ténor de caractère » (j’ai fait Monostatos à Rouen, par exemple). Puis je suis allé travailler la diction française à l’Académie de l’Opéra Comique, où j’ai énormément appris. Mais je ne savais toujours pas quel type de ténor j’étais ! Et puis un jour j’ai remplacé un collègue dans Le Balcon de Peter Eötvös. Ma partie était très aiguë. Mon pianiste, Bertrand Halary, m’a entendu et m’a demandé de passer le voir très vite. Ce que j’ai fait, et c’est là qu’il m’a dit qu’il pensait qu’on s’était trompé sur ma voix et le type de répertoire qui devait être le mien. Il m’a demandé de chanter La Fille du Régiment, j’ai alors découvert la facilité que j’avais en voix mixte et que j’ignorais totalement ! C’est Bertrand Halary qui, le premier, a découvert quelle était la vraie nature de ma voix… Sinon j’aurais pu continuer à me fourvoyer dans des rôles qui n’étaient pas pour moi.

La Fille du Régiment : « Ah, mes amis, quel jour de fête ! « 

Puis vous avez travaillé en Italie ?
Oui, à l’Académie de Florence. Une excellente formation, qui m’a permis d’apprendre l’italien en un an. J’ai compris que j’étais dans mon répertoire lorsque, au bout de 6 mois, on m’a proposé d’être dans le second cast de L’Italienne à Alger avec Campanella !

C’est donc à partir de ce moment que vous vous êtes spécialisé dans Rossini ?
Oui ! Lors de ma deuxième année à Florence, le directeur du casting du festival de Bad-Wildbad est venu faire une audition. Il m’a offert un petit rôle, et j’ai gagné, en 2016, le prix de la Révélation du festival. La qualité artistique de ce festival est vraiment excellente : de très grands chefs, spécialistes du bel canto, y participent régulièrement (Il y a eu Alberto Zedda, Antonio Fogliani, José Pérez-Sierra,…) Et chaque année, le public a l’occasion de découvrir une ou plusieurs œuvres rares… L’an dernier, c’était Romilda e Costanza de Meyerbeer (NDR : le quatrième opéra du compositeur, créé à Padoue en 1817, sur un livret de Gaetano Rossi – le librettiste de Tancrède). C’était magnifique ! Heureusement, un CD est prévu…

Les œuvres rares vous attirent ? Vous avez participé à la re-création de Barkouf d’Offenbach l’an dernier…

C’est non seulement très intéressant, mais, de mon point de vue, presque plus facile, car on n’est pas écrasé sous des références intimidantes. Par exemple, me lancer dans Almaviva, après tant d’illustres chanteurs qui ont marqué le rôle, n’est pas simple du tout…

 

 

 

 

 


Barkouf
à l’Opéra du Rhin en 2018 (© Klara Beck)

 

 

Almaviva, ce sera à Tours, à la fin du mois, après Lindoro sur la même scène d’ailleurs…
Ce sera mon tout premier Almaviva. A priori, version intégrale, « Cessa di più resistere » inclus ! De Rossini, j’ai aussi chanté L’Italienne à Alger, Tancrède, L’Inganno felice, L’equivoco stravagante, Le Comte Ory, Elisabetta, ou encore la Petite Messe et le Stabat mater… Je vais refaire Le Comte Ory à Metz en mars prochain et j’en suis ravi : je l’avais déjà chanté en 2012 pour Spinozi, mais ma technique belcantiste a considérablement évolué depuis, et par conséquent, je redécouvre l’œuvre et toutes ses beautés…

Puisque vous possédez un beau médium, pensez-vous que vos emplois puissent évoluer à plus ou moins long terme ?

Pourquoi pas. Argirio de Tancrède est déjà un emploi plus central que mes autres rôles rossiniens (d’autant que le chef Fogliani, l’an dernier à Bad Wildbad, m’a même demandé de faire des cadences vers le la grave…). En dehors de Rossini, je peux songer à certains Bellini (je devais faire une Somnambule, mais je n’ai pas pu parce que cela tombait en même temps que Le Barbier de Tours) ou à certains Donizetti… Le répertoire français m’attire également, notamment Nadir des Pêcheurs de perles.

Un rêve pour finir ?
Développer l’art lyrique au Congo ! Il y a de très belles voix dans ce pays… J’adorerais y monter une œuvre. Pourquoi pas La Grande-Duchesse de Gérolstein !

image_printImprimer
Patrick Kabongo
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Mozart & La Flûte enfrançais : Avignon avant Versailles
prochain post
Barbe-Bleue à l’Opéra de Marseille : ma in campagna son già mille e tre…

Vous allez aussi aimer...

In memoriam – PETER SEIFFERT (1954-2025)

15 avril 2025

Ça s’est passé il y a 100 ANS :...

3 avril 2025

Suonno e Fuoco, rêve de feu : Naples...

2 mars 2025

Ça s’est passé il y a 100 ans...

21 février 2025

ATTILIO GLASER

10 janvier 2025

CHARLES CASTRONOVO

25 décembre 2024

Il aurait 100 ans aujourd’hui : CARLO BERGONZI

13 juillet 2024

In memoriam : LANDO BARTOLINI (1937 – 2024)

29 juin 2024

Ça s’est passé il y a 100 ans :...

18 février 2024

NAPLES CÉLÈBRE CARUSO !

15 janvier 2024

En bref

  • Brèves de mai –

    5 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman
  • Stéphane Lelièvre dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Bernet Yannick dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

In memoriam – PETER SEIFFERT (1954-2025)

15 avril 2025

Ça s’est passé il y a...

3 avril 2025

Suonno e Fuoco, rêve de feu...

2 mars 2025