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Les festivals de l’été –
Le Joueur de Prokofiev triomphe au Festival de Salzbourg

par Renato Verga 26 août 2024
par Renato Verga 26 août 2024

© SF/Ruth Waltz

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Salzbourg, Le Joueur, jeudi 22 août 2024

Le Festival de Slazbourg propose une nouvelle production du Joueur de Prokofiev, une œuvre encore peu connue, magistralement réalisée, musicalement comme scéniquement. Un très grand succès public !

Une œuvre encore très rare

Deux opéras d’après Dostoïevski sont au programme du festival de Salzbourg cette année : L’Idiot de Weinberg et Le Joueur de Prokofiev, tous deux joués dans la Felsenreitschule.

Œuvre écrite au mauvais moment et pour le mauvais public, l’opéra de Prokofiev n’a jamais été monté de son vivant dans son propre pays et n’est entré au répertoire que deux décennies après la mort de son auteur. Écrit avec une anxiété fébrile de novembre 1915 à janvier 1917, il n’a pu être présenté en raison de la révolution russe et de l’arrestation du directeur des théâtres impériaux en mars. Dix ans plus tard, Prokofiev prépare une version destinée à être mise en scène par Vsevolod Mejerchol’d au Théâtre de l’Académie d’État de Moscou, mais la production est annulée. Le compositeur accepta à contrecœur l’offre du Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles et, le 29 avril 1929, il assista enfin à la première, donnée en français[1]. La critique ne fut pas positive et aucun autre théâtre ne voulut remettre l’opéra à l’affiche. Hormis une suite en cinq parties (Quatre portraits et Épilogue, op. 49, 1931), l’œuvre n’a été entendue en Russie sous forme orchestrale qu’en 1963, cinq ans après la mort de Prokofiev, et en 1975, elle a finalement été mise en scène au Metropolitan Opera de New York par le Bol’šoj Teatr, mais le Met lui-même n’a monté sa propre production qu’en 2001, l’année même de sa création à Moscou sous la direction de Gennadij Roždestvenskij. Le metteur en scène Peter Sellars a donc raison de dire dans le programme de la production de Salzbourg que « nous apprenons encore à écouter cette œuvre : c’est certainement une musique correspondant à notre présent, mais peut-être que pour notre génération, elle se profile encore comme la musique de l’avenir ».

Une direction brillante, une lecture scénique en parfaite osmose avec la musique

C’est Timur Zangiev, le jeune chef qui avait brillamment remplacé Valerij Gergiev, renvoyé du théâtre pour cause de proximité politique avec le dirigeant russe, lors de la dernière Dame de Pique de la Scala, qui a donné vie à cette partition, une musique évoquant ceratines séquences comiques de crtoons, ou encore l’âge d’or de la musique de théâtre d’avant-garde, avec un cliquetis imitant la mécanique, le bruit de la roulette ou le cliquetis des billes – avec un rythme rapide ponctuant l’action comme dans les films muets. Porté par une direction précise et passionnée, l’Orchestre Philharmonique de Vienne avance inexorablement, faisant alterner de brèves oasis lyriques avec des moments de grand humour, auxquels l’habile jeu de lumières réglé par James F. Ingalls fait visuellement écho.

L’élément visuel du spectacle conçu par Peter Sellars est confié à l’ingénieux George Tsypin, qui transforme l’espace scénique de la Felsenreitschule en une salle de jeu (ressemblant plus à un Las Vegas halluciné d’aujourd’hui qu’au Roulettenburg de l’Allemagne de 1865), dont les roulettes s’élèvent et s’abaissent pour se changer en une flotte de vaisseaux spatiaux extraterrestres dignes  des jeux vidéo d’antan, étincelants de lumières. Les taches de mousse qui recouvrent le sol, les arches en arrière-plan, mais aussi les « vaisseaux spatiaux » traduisant le sentiment d’irréalité tragique dans lequel l’histoire est plongée, apportent une touche d’aliénation supplémentaire : rarement la consonance entre la musique et l’aspect visuel n’a atteint un résultat aussi heureux que dans cette production. Peter Sellars, avec une habileté consommée, gère les parcours croisés d’un général russe endetté jusqu’au cou, d’une vieille femme riche mais bientôt démunie à cause de sa frénésie du jeu, de l’ambigu Marquis des Grieux, de la peu scrupuleuse Melle Blanche, de la belle-fille Polina et du précepteur Alexei Ivanovich. Tous sont dominés par la soif d’argent et la vanité, au point de sacrifier l’affection et l’amour. Les personnages sont des gens d’aujourd’hui, dans les vêtements contemporains de Camille Assaf, et ils se déplacent frénétiquement sur le vaste espace scénique, avec une belle fluidité et un humour savoureux.

Superbe distribution vocale

La distribution est très soignée : Peixin Chen est un Général à la voix autoritaire, à laquelle on ne reprochera qu’un peu de monotonie ; Sean Panikkar (Alexeij Ivanovič) remplit avec aisance l’étrange salle par la grande projection de sa voix ; Asmik Grigorian retrouve le rôle de Polina après l’avoir chanté dans la production de son mari au Théâtre national de Lituanie, et parvient par sa présence scénique magnétique et son phrasé nerveux à donner du sens à un personnage aussi complexe ; le Marquis de Juan Francisco Gatell est caractérisé avec justesse, de même que le Monsieur Astley de Michael Arivony et le Baron Wurmerhelm d’Ilia Kazakov, tandis que Nicole Chirka incarne  efficacement l’arriviste Blanche. Il convient de mentionner Violeta Urmana, qui attire l’attention dès sa première apparition dans le rôle de la Babulenka dilapidant sa fortune à la table de jeu. Le  Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor préparé par Pawel Markowicz se montre parfaitement à la hauteur de la tâche dans le brouhaha frénétique des interventions solistes.

Une représentation couronnée par un grand succès, avec des ovations toutes particulières pour Grigorian, Urmana, Panikkar et le chef d’orchestre Zangiev.

————————————————

[1] Il y a deux ans, le festival de Martina Franca a donné l’occasion de découvrir cette version.

Per leggere la versione italiana di questo articolo, cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Le Général, officier à la retraite : Peixin Chen
Polina, la belle-fille du général : Asmik Grigorian
Alexey Ivanovich, précepteur des enfants du Général : Sean Panikkar
Antonida Vasilevna Tarasevicheva, la « Babulenka » : Violeta Urmana
Le Marquis : Juan Francisco Gatell
Mr Astley, un riche Anglais : Michael Arivony
Blanche, une semi-mondaine : Nicole Chirka
Le Prince Nilsky : Zhengyi Bai
Le Baron Wurmerhelm : Ilia Kazakov
Le Majordome de la Babulenka : Joseph Parrish Potapych
Le Directeur : Armand Rabot
Premier croupier : Samuel Stopford
Second Croupier : Michael Dimovski
Un gros Anglais : Jasurbek Khaydarov
Un grand Anglais : Vladyslav Buialskyi
La femme en goguette : Elizaveta Kulagina
La femme pale : Lilit Davtyan
Une dame ordinaire : Seray Pinar
Une dame vénérable : Cassandra Doyle
Une vieille dame dubitative : Zoie Reams
Le joueur passionné : Santiago Sanchez
Le joueur maladif : Tae Hwan Yun
Le joueur bossu : Aaron-Casey Gould
Le joueur malchanceux : Navasard Hakobyan
Le vieux joueur : Amin Ahangaran
Six joueurs : Slaven Abazovic, Konrad Huber, Juraj Kuchar, Jaroslav Pehal, Wataru Sano, Oleg Zalytskiy

Orchestre philharmonique de Vienne, dir. Timur Zangiev
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, dir. Pawel Markowicz
Mise en scène : Peter Sellars
Décors : George Tsypin
Costumes : Camille Assaf
Lumières : James F. Ingalls
Dramaturgie : Antonio Cuenca Ruiz

Le programme

Le Joueur

Opéra russe en quatre actes de Serge Prokofiev, livret de l’auteur d’après le roman éponyme de Fiodor Dostoïevski (1915–1917 / 1927–28), créé le 29 avril 1929 au Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles.
Salzbourg, Felsenreitschule, représentation du jeudi 22 août 2024

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Asmik GrigorianVioleta UrmanaTimur ZangievPeter SellarsPeixin ChenSean Panikkar
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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