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Les festivals de l’été –
Georg Friedrich Händel, Arianna in Creta : Thésée ne perd pas le fil !

par Renato Verga 24 août 2024
par Renato Verga 24 août 2024

© Birgit Gufler

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Händel, Arianna in Creta, 19 août 2024, Innsbruck, Haus der Musik

Une excellente partition peu connue, superbement servie scéniquement et musicalement. Un spectacle qui mériterait d’être revu.

Ariane, de Porpora à Händel

Après la faillite pour dettes de la Royal Academy of Music, la vie théâtrale londonienne fut bouleversée par la naissance d’une compagnie rivale de Händel, l’Opera of the Nobility, qui fut inaugurée en 1733 avec Ariane à Naxos de Nicola Porpora, le Senesino et Farinelli en étant les principaux interprètes. Qui sait si Händel a choisi le sujet de son opéra comme un défi direct lancé à la nouvelle compagnie ou s’il choisit ce sujet indépendamment de Porpora ?…

La distribution de la première d’Ariane en Crète, le 26 janvier 1734, comprenait l’élite lyrique de l’époque : la soprano Anna Maria Strada (Ariane), peut-être la chanteuse préférée de Händel ; le contralto castrat Giovanni Carestini (Thésée), connu sous le nom de Cusanino ; le contralto Maria Caterina Negri (Carilda), spécialisée dans les rôles masculins en travesti ; le soprano castrat Carlo Scalzi (Alceste), comparé par Metastasio à Farinelli ; la soprano Margherita Durastanti (Tauride), prima donna dans les grands théâtres ; la basse Gustavus Waltz (Minos), allemand naturalisé anglais par Händel ; le ténor John Beard (Sonno), créateur de nombreux personnages dans les opéras et oratorios du Saxon. C’est dire l’importance que revêtait pour son auteur cette Ariane, opera seria en trois actes, adaptation par Francis Colman de l’Ariane et Thésée de Pietro Pariati, texte précédemment mis en musique, outre Porpora (1727, par Leonardo Leo (1729). Ariane est le 32e opéra de Händel, après Orlando et avant Ariodante. L’opéra fut un succès avec seize représentations et fut repris la saison suivante à Covent Garden.

Superbe prestation du Barockorchester : Jung sous la direction d'Angelo Michele Errico

Jouée dans la salle du Kammerspiele de la Haus der Musik d’Innsbruck, Ariane en Crète de Händel perd les connotations mythiques de la célèbre histoire pour acquérir des valeurs plus intimes, dignes d’un Kammerspiel. Si, en arrière-plan, on assiste au terrible sacrifice de jeunes filles données en pâture au Minotaure enfermé dans son Labyrinthe, ce sont les amours de deux couples, comme souvent dans l’opéra du XVIIIe siècle, qui dominent la scène : celles de Thésée amoureux d’Ariane et celles d’Alceste et de Carilda, qui est dans un premier temps loin d’être  bien disposée à l’égard du du Grec, puisqu’elle lui préfère Thésée. Les différentes histoires d’amour qui se mêlent à celle du monstre donnent lieu à des numéros musicaux très différents et très beaux[1] que l’instinct théâtral de Händel transforme en une partition d’un grand impact, dont les trésors musicaux sont mis en valeur par la direction d’Angelo Michele Errico, tenant également le clavecin. Sa lecture est fluide et efficace dans le choix des tempi. L’ensemble léger du Barockorchester : Jung (11 cordes, clavecin, théorbe, deux hautbois, basson et deux cors) a répondu avec enthousiasme, une grande précision, une intonation impeccable des bois, ce qui ne va pas nécessairement de soi pour des instruments d’époque, des couleurs éblouissantes et plusieurs interventions expressives des solistes, comme le violoncelle obligé dans l’air d’Alceste « Son qual stanco pellegrino ». Errico avait accompagné les prestations des participants au concours Cesti ; il se retrouve aujourd’hui à diriger les lauréats dans cette épreuve exigeante qu’il a, disons-le tout de suite, réussie avec brio.

Une distribution jeune et talentueuse

La qualité des participants au concours est toujours très élevée et il est souvent difficile de choisir les lauréats, qui se révèlent ainsi être la crème de la crème : tel est le cas de la protagoniste, la soprano Neima Fischer, parfaitement à l’aise dans l’agilité requise par le rôle avec des incursions lumineuses dans le registre aigu, et diversement expressive dans le ton quelque peu plaintif d’un personnage souffrant du syndrome de l’abandon et n’étant convaincu qu’in fine des sentiments du héros – même si, comme on le sait, elle sera ensuite abandonnée  par ce dernier.

Comme nous l’avons dit plus haut, pour le rôle de Thésée, Händel disposait d’un artiste fabuleux, le castrat Giovanni Carestini, pour lequel il écrivit des pages d’un grand engagement que le jeune contre-ténor Andrea Gavagnin rend avec aisance, élégance et musicalité : ses six airs solistes sont un concentré d’agilité et de coloratures parfaitement appropriées à la définition du personnage, héroïque et glorieux. S’il ne s’agissait pas d’une carrière déjà établie, on pourrait dire qu’une étoile est née, une étoile d’une grande présence scénique et d’une vocalité prestigieuse permettant d’ajouter Gavagnin au glorieux ensemble de contre-ténors italiens, désormais nombreux et d’une qualité exceptionnelle. Les seuls duos de l’opéra sont confiés aux voix de Thésée et d’Ariane, et l’on peut y admirer les personnalités différentes des deux jeunes chanteurs. Également finaliste du concours Cesti de l’année dernière, la mezzo-soprano Ester Ferraro interprète le rôle le plus émouvant de l’histoire, celui de Carilda, que la chanteuse, diplômée du Conservatoire de Pérouse et choisie par Sebastian Schwarz et Fabio Luisi pour l’Accademia del Belcanto Rodoflo Celletti, dessine avec une grande sensibilité, un phrasé impeccable et un timbre chaud et harmoniquement somptueux. Le rôle de Tauride est limité mais important : il est confié à la contralto Mathilde Ortscheidt, intense dans l’expression et stylistiquement impeccable. De la soprano Josipa Bilić, on admire la technique plus que le timbre et la diction, tandis que le baryton Giacomo Nanni, qui endosse les personnages de Minos et du Sommeil dans l’une des pages magiques de l’opéra, assure à la seule voix grave de l’œuvre une présence vocale sûre.

Une lecture scénique sobre et efficace

La partie visuelle du spectacle est traitée par le metteur en scène Stephen Taylor avec sobriété et intelligence : le cadre choisi est celui d’une prison dans un État totalitaire du siècle dernier, caractérisé par les costumes appropriés de Nathalie Prats. La scénographie simple de Christian Pinaud, qui règle également le jeu de lumières, délimite un environnement fermé dont les murs tournent en partie et peuvent se transformer en labyrinthe – celui où a lieu la confrontation de Thésée avec le Minotaure, ici un rôle muet. La mise en scène de Taylor se concentre à juste titre sur les personnages, renforçant leur psychologie, mais ne renonce pas à un moment ironique lorsqu’il fait revêtir à Thésée le traje de luz d’un torero après avoir tué la bête. C’est la touche finale qui apaise la tension dramatique avec le chœur chantant « Bella sorge la speranza | lusinghiera al nostro seno ».

Si le César en Egypte de Giacomelli n’avait pas révélé un trésor musical méconnu, cette Ariane en Crète démontre une fois de plus le génie théâtral du cher Saxon. Les applaudissements du public se répartissent chaleureusement et indistinctement entre tous les créateurs d’un spectacle qui mériterait d’être revu.

——————————————————

[1] Structure de l’opéra :

Ouverture. Menuetto.

Acte I
Sinfonia
1. Mirami, altero in volto (Tauride)
2. Dille, che nel mio seno (Carilda)
3. Deh! Lascia un tal desio (Arianna) 
4. Nel pugnar col mostro infido (Teseo)
5. Tal’or d’oscuro velo (Alceste)
6. Quel cor ch’adora vago sembiante (Carilda)
7. Sdegnata sei con me (Teseo)
8. Sdegno, amore (Arianna)
Balli.Gavotta

Acte II
9. So che non è più mio (Arianna)
10. Qual leon che fere irato (Teseo)
11. Narrargli allor saprai (Carilda)
12. Al fine amore m’irriti un core (Teseo)
13. Che se fiera poi mi nieghi (Tauride)
14. Son qual stanco pellegrino (Alceste)
15. Se ti condanno (Minos)
16. Bell’idol amato (duetto Arianna e Teseo)
17. Se nel bosco resta solo (Arianna)

Acte III
Sinfonia
18. Un tenero pensiero (Carilda)
19. Par che voglia il ciel sereno (Alceste)
20. Recitativo e aria Ove son? Quale orrore? – Qui ti sfido, o mostro infame (Teseo)
21. Turbato il mar si vede (Arianna)
22. In mar tempestoso (Tauride)
23. Mira ad esso questo seno (duetto Arianna e Teseo)
24. Bella sorge la speranza (Teseo e coro)

Per leggere la versione italiana di questo articolo, cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Arianna : Neima Fischer
Teseo : Andrea Gavagnin
Carilda : Ester Ferraro
Alceste : Josipa Bilić
Tauride : Mathilde Ortscheidt
Minos & le sommeil : Giacomo Nanni

Barockorchester:Jung, dir. Angelo Michele Errico

Mise en scène : Stephen Taylor
Décors et lumières : Christian Pinaud
Costumes : Nathalie Prats

Le programme

Arianna in Creta, HWV 32 

Opéra en trois actes de Georg Friedrich Händel, livret d’un auteur inconnu d’après Pietro Pariatis, Arianna e Teseo (1721), créé à Londres, King’s Theatre am Haymarket, le 26 janvier 1734.

Représentation du19 août 2024, Innsbruck, Haus der Musik

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Neima FischerAndrea GavagninEster FerraroAngelo Michele ErricoStephen Taylor
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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