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Opéra de Rouen Normandie : TANCREDI… enfin !

par Stéphane Lelièvre 13 mars 2024
par Stéphane Lelièvre 13 mars 2024

© Marion Kerno / Agence Albatros

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Opéra de Rouen Normandie : Tancredi, mardi 12 mars 2024

Mais que font les programmateurs ?

Tancredi n’est pas seulement une œuvre intéressante, ni même une très belle œuvre. C’est un chef-d’œuvre, une date majeure dans l’Histoire de l’Opéra, un opéra qui éblouit en leur temps Stendhal et Schumann (faut-il rappeler que c’est une représentation de cette œuvre donnée à la Scala qui décida en grande partie de la vocation du musicien allemand ?). Dans ces conditions, l’incroyable rareté de l’œuvre sur les scènes françaises en général et parisiennes en particulier est tout bonnement incompréhensible, pour ne pas dire scandaleuse… On se souvient à Paris, au XXe siècle, de deux versions de concerts « baroqueuses » (l’une dirigée par René Jacobs salle Pleyel, l’autre par Jean-Claude Malgoire au TCE)… et c’est tout. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’œuvre attend toujours d’être créée à l’Opéra de Paris ! Nous faisions remarquer, il y a quelque temps, que la capitale pouvait programmer jusqu’à quatre opéras de Händel en une seule et même semaine. Nous n’en demandons pas tant et serions même prêt à nous contenter de quatre opere serie de Rossini tous les dix ou vingt ans. Ou même d’un Tancredi à l’Opéra ne serait-ce que… tous les 300 ans ! Mais il ne reste plus que 80 ans pour que la première scène nationale relève enfin cette gageure…

Violence et passion

Dans ces conditions, il faut savoir gré à Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie, d’avoir proposé à Pierre-Emmanuel Rousseau d’offrir au public rouennais le Tancredi qu’il a monté en septembre dernier pour le Théâtre Opéra de Bienne-Soleure en octobre dernier. Fidèle à ses habitudes, le metteur en scène français propose une lecture d’une grande élégance visuelle, avec des tableaux souvent très sombres, que vient sporadiquement éclairer une lumière dorée émanant le plus souvent du cérémonial catholique, les ors du décorum contrastant de façon saisissante avec les violences imposées à Amenaide, condamnée, brutalisée, tondue, emprisonnée avec l’assentiment des autorités religieuses. La direction d’acteurs est extrêmement travaillée, notamment pour les trois rôles principaux : Tancrède, tour à tour violent et brisé ; Amenaide, passionnément amoureuse, malmenée (la vision de la jeune fille vêtue d’une robe blanche, cheveux rasés, enfermée dans sa cellule, en fait la sœur de la Marguerite de Faust vue par Lavelli !) mais forte cependant, jusqu’à la catastrophe finale qui la laisse anéantie, hurlant son désespoir dans un « cri muet » saisissant ; Argirio enfin, oscillant entre autoritarisme et amour filial, et faible in fine, soumis à la brutalité d’Orbazzano ou de l’Église.

Une très belle réussite musicale

L’Opéra de Rouen Normandie a rassemblé une distribution dont la force réside dans la grande homogénéité, et qui réserve (au moins) trois belles surprises….

Teresa Iervolino est un Tancrède qui privilégie l’introspection douloureuse aux velléités vindicatives et guerrières. Cela nous vaut un « Tanti palpiti » tout en retenue ou un « Ah! come mai quell’anima » émouvant, superbement phrasé. En revanche, des répliques telles le « Lasciami, non t’ascolto » qui lance le duo du second acte, le moment où Tancredi renie Amenaide dans le finale du I, ou le « Ecco le trombe » du duo avec Argirio nécessiteraient une plus grande autorité dans l’accent et une projection plus péremptoire. Marina Monzó confirme en Amenaide l’excellente impression qu’elle nous avait fait à Pesaro en 2021 : la voix est longue, richement colorée, agile, et sait se charger d’émotion dans les pages sublimes que Rossini réserve au personnage (splendide récitatif et air – « No, che il morir non è » du second acte). Quant à la cabalette « Ah! d’amore in tal momento », Marina Monzó en délivre tout simplement l’une des plus belles versions qu’il nous ait été donné d’entendre. Santiago Ballerini est l’autre belle surprise vocale de la soirée. Tout n’est pas encore parfaitement maîtrisé dans le chant du jeune ténor argentin, et la ligne de chant peut encore être polie ici ou là. Mais le matériau est vraiment intéressant, avec une voix chaude et non aigrelette, une appréciable virtuosité, une belle capacité à chanter piano… Certes les aigus impossibles de l’air du II échappent encore en partie au chanteur, mais il s’agit en tout cas, à n’en pas douter, d’un belcantiste dont il conviendra de suivre le parcours. Très belles interventions, enfin, de Juliette Mey en Isaura (elle parvient à faire de son air un vrai moment de beau chant et d’émotion) et de Giorgi Manoshvili en Orbazzano : on en vient à regretter que le rôle soit si bref et que Rossini n’ait pas composé d’aria pour ce personnage !

On imagine aisément le stress suscité par le départ du chef initialement prévu (Antonello Allemandi) à quelques jours de la première… Le chef grec George Petrou, à la tête d’un orchestre et de chœurs en grande forme, fait mieux que sauver les représentations : il bénéficie sans doute de la préparation des musiciens et des chanteurs effectuée par Antonello Allemandi, mais enfin c’est à lui qu’échoit l’ultime mise en place de l’exécution musicale, et ce que l’on entend en cette soirée du 12 mars est pour le moins parfaitement abouti : l’ouverture est à la fois élégante et vive, avec un crescendo tout sauf futile, contribuant à instaurer une tension dramatique qui ne retombera  qu’à l’occasion des rares moments d’apaisement ménagés par la partition. Les ensembles sont parfaitement construits (à quelques menus flottements près dans le finale du I), et les ambiances efficacement contrastées, avec une attention toute particulière aux pages élégiaques, dont le chef préserve toute la poésie. Merci enfin au chef et/ou au metteur en scène d’avoir préservé l’intégrité de la partition : le rôle très épisodique de Ruggiero est certes attribué à un ténor et non à un mezzo, et son air est supprimé, de même qu’un très bref chœur (« Regna il terror »), joué seulement à l’orchestre. Mais quel plaisir (rarissime à Paris !!) d’entendre enfin les airs, duos et ensembles non tronqués, avec reprises, variations, et codas préservées dans leur intégralité !

Succès complet de la part d’un public venu nombreux. On attend maintenant avec impatience  la Semiramide annoncée pour la saison prochaine, avec toujours, à la mise en scène, Pierre-Emmanuel Rousseau !

Les artistes

Tancrède : Teresa Iervolino
Amenaïde : Marina Monzó
Argirio : Santiago Ballerini
Orbazzano : Giorgi Manoshvili
Isaura : Juliette Mey
Roggiero : Benoît-Joseph Meier

Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dir. George Petrou
Chœur accentus / Opéra de Rouen Normandie
Mise en scène, scénographie, costumes : Pierre-Emmanuel Rousseau
Lumières : Gilles Gentner

Le programme

Tancredi

Opéra en deux actes de Gioacchino Rossini, livret de Gaetano Rossi d’après Tancrède de Voltaire, créé à Venise en 1813.
Opéra de Rouen Normandie, représentation du mardi 12 mars 2024.

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Teresa IervolinoPierre-Emmanuel RousseauaccentusMarina MonzóGeorge PetrouJuliette MeySantiago BalleriniGiorgi ManoshviliBenoît-Joseph Meier
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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