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La Petite messe solennelle de Rossini à l’Opéra-Comédie de Montpellier

par Yseult 5 décembre 2022
par Yseult 5 décembre 2022
© OONM
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1,9K

Avant les fêtes, la Petite messe solennelle de Rossini s’invite à l’Opéra-Comédie de Montpellier qui fait salle comble ce 3 décembre 2022. Sous la direction de Michele Spotti, les solistes, le Chœur de l’Opéra national et l’Orchestre national de Montpellier ravivent la flamme de l’ultime « péché de vieillesse » du patriarche de l’opéra italien.

Dans la salle de spectacle de l’Opéra-Comédie (1888), le public héraultais goûte la version orchestrale de la Petite messe solennelle de Rossini (1867) sous la voûte peinte d’allégories profanes. Ce Paradis pictural, bien terrestre, offre une note de syncrétisme bienvenue pour une messe qui est loin d’être « petite » à défaut de solennelle. Retiré de la scène lyrique et quasi muet depuis son Stabat Mater (1842), le compositeur l’avait conçue pour solistes, chœur, harmonium et pianos en 1863 (pour le salon parisien du régent de la Banque de France). Peu après, au vu de son succès, il l’orchestrait avec une formation étoffée, version qui voit le jour en 1869, peu après la disparition du Maestro. Lequel déclarait malicieusement, dès la version originale : « Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou de la sacrée musique ? »

En effet, les 14 pièces de la liturgie catholique en latin sont d’une telle disparité de style que les auditeurs s’interrogent : sommes-nous à l’Eglise ou bien à l’Opéra ? Dès le début, l’austérité religieuse plane sur le Kyrie eleison et le Gloria in excelsis, l’occasion de déployer de riches polyphonies du stile antico pour le Chœur de l’Opéra national. Toutefois, la qualité sonore n’est pas optimale dans les nuances piano et les sections a cappella du Christe eleison sonnent avec trop de vibrato. Après quelques entrées incertaines, il faut attendre la fugue du Cum sancto Spiritu pour gouter à la jubilation chorale, pulsée par les basses et les cuivres. L’austérité revient néanmoins pour draper le Prélude religieux, pièce avec orgue soliste, que Jean Dekyndt défend avec une aisance toute baroque, après l’interpellation majestueuse des trombones.

© D.R.

Avec la liberté qu’accorde cette exécution dans une salle d’opéra, le jeune chef milanais Michele Spotti (qui avait galvanisé la production montpelliéraine de Don Pasquale, 2019) confère une indéniable théâtralité à la Messe. C’est le cas pour les fresques fuguées du Gloria et du Credo, la plénitude du Sanctus et la modernité d’attaques orchestrales tranchantes, restituées par l’Orchestre national de Montpellier.

Cette âpreté contraste habilement avec les pièces valorisant le quatuor des solistes, elles orientées vers le style belcantiste encore en vigueur sous le Second Empire (au Théâtre-Italien de Paris). Seul le bouleversant Qui tollis, duo confiée aux chanteuses ainsi qu’à deux harpistes, échappe à cette addiction belcantiste. Ici, l’interprétation retenue de quatre musiciennes complices semble renouer avec la sobre formation d’un épisode de L’Enfance du Christ de Berlioz (Trio des ismaélites, avec harpe).

Au fil des soli, duos, trio et quatuor qui parcourent la Messe, Rossini ne s’embarrasse heureusement pas des contraintes musicales du Vatican. Lorsque le ténor argentin Juan Francisco Gatell assume les inflexions éprouvantes du Domine Deus, les approximations de justesse et de souplesse de Fabrizio Beggi (basse) dans le Quoniam tu salus Sanctus minorent sa projection lyrique. Les qualités vocales sont optimisées chez les chanteuses, y compris celle d’une justesse sans faille dans le périlleux quatuor Hosanna in excelsis. Avec un grain de voix coloré, Marianna Pizzolato (mezzo soprano) tire son épingle du jeu de chaque ensemble et assure l’alternance soliste avec le chœur dans la prière finale de l’émouvant Agnus Dei. Notre préférence va aux prestations de Maria Laura Iacobellis (soprano, 1er Prix au concours Matera città dei Sassi), musicienne accomplie, et seule soliste à oser couleurs et pianissimi, notamment dans le Salutaris hostias.

Décidément, sacrée musique !

———————————-

Retrouvez Michele Spotti en interview ici !

Les artistes

Maria Laura Iacobellis, soprano
Marianna Pizzolato, mezzo soprano
Juan Francisco Gatell, ténor
Fabrizio Beggi, basse

Jean Dekyndt, orgue

Chœur de l’Opéra national de Montpellier, dir. Noëlle Gény
Orchestre national de Montpellier Occitanie, dir. Michel Spotti

Le programme

Rossini, Petite messe solennelle (version avec orchestre)

Concert du samedi 3 décembre 2022, Opéra Comédie de Montpellier

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Juan Francisco GatellFabrizio BeggiMichele SpottiMaria Laura IacobellisMarianna Pizzolato
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Yseult

Encore appelée Yseult la Blonde, Yseult est reine de Cornouailles. Épouse du Roi Marc, elle n'en est pas moins passionnément amoureuse de Tristan. Lorsque ses escapades dans la forêt du Morrois le lui permettent, Yseult se livre à des activités de chercheuse, de musicienne et de pédagogue. Elle fréquente également assidûment les salles d'opéras, et envoie à l'occasion ses impressions de spectatrice à Première Loge.

2 commentaires

RICHEZ 5 décembre 2022 - 15 h 43 min

Comme elle en a l’habitude, Yseult nous fait partager un très beau compte rendu, dans lequel on retrouve ses qualités d’écoute exceptionnelles, musique et voix.
Juste une remarque, ne serait-ce pas plutôt Fabrizio Beggi la basse ?

Répondre
Stéphane Lelièvre 6 décembre 2022 - 20 h 20 min

Merci beaucoup pour votre vigilance, c’est corrigé ! S.L.

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