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I due Foscari : le doge Domingo reçu en grande pompe salle Gaveau !

par Stéphane Lelièvre 12 février 2022
par Stéphane Lelièvre 12 février 2022

Anna Pirozzi ©DR

Arturo Chacón-Cruz ©DR

Plàcido Domingo ©Pedro Walker

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2,3K

Retour triomphal de Placido Domingo à Paris pour une électrisante version des Due Foscari de Verdi 

L’émotion et l’excitation du public étaient sensibles dès la longue file d’attente des spectateurs qui attendaient fébrilement de pouvoir entrer salle Gaveau en cette soirée du 12 février. Il faut dire qu’après un premier rendez-vous manqué (I due Foscari auraient dû être donnés à la Philharmonie en décembre 2020 avec à peu près la même distribution, mais le concert avait été annulé, « les conditions n’étant pas réunies pour que cette représentation ait lieu »), nombreux étaient les aficionados et aficionadas à souhaiter ne pas rater ce rendez-vous avec Plácido Domingo, véritable légende de l’opéra, proposant depuis maintenant une bonne dizaine d’années ses incarnations de Boccanegra ou Foscari sur les principales scènes du monde… sauf à Paris. L’amour du public pour un chanteur qui offrit aux Parisiens tant de soirées mémorables (dans Le Trouvère, La Force du destin, Tosca, La Bohème, Les Vêpres siciliennes, Otello, Carmen,…) est immense, et perceptible dès l’entrée en scène du baryton, salué par une très longue ovation.

Dans un tel concert, l’atmosphère est à ce point électrique que le critique rend les armes et renonce aux critères  qui permettent, pour peu que cela soit possible, de rendre compte objectivement de la performance : après plus de 60 ans de longs et glorieux services rendus au chant et à l’art lyrique, va-t-on ergoter sur un souffle devenu plus court (encore que son contrôle reste remarquable, permettant au chanteur de délivrer un « O vecchio cor, che batti » digne et émouvant), ou un soutien de la ligne plus lâche ? Ce qui frappe avant tout, ce sont les couleurs du timbre, reconnaissables entre toutes, et l’urgence du verbe qui confère à toutes les incarnations du ténor/baryton un dramatisme puissant, immédiat, focalisant l’attention du public à chacune de ses interventions. Domingo déclare souvent non sans humour aimer chanter ce rôle, l’un des rares qui lui permettent aujourd’hui d’incarner un personnage plus âgé que lui ! Le fait est que le portrait qu’il donne de ce vieux Doge, brisé par les événements et la méchanceté de son entourage, est on ne peut plus crédible, émouvant et culmine sur une scène finale bouleversante.

Les partenaires de Domingo ne se réduisent nullement à des faire-valoir : Anna Pirozzi reste l’une des meilleures Lucrezia Contarini du moment (il y a à vrai dire peu de concurrence dans ce rôle redoutable), assumant fièrement cet authentique emploi de soprano drammatico d’agilità même si, ce soir, l’extrême aigu accuse ici ou là certaines duretés.

Le timbre d’Arturo Chacón Cruz convient idéalement aux registres de la plainte et de l’élégie, et ce sont précisément les tonalités le plus sollicitées par le rôle de Jacopo Foscari, héros « empêché » dès son apparition sur scène. La voix est claire, l’intonation mordante, suffisamment pour conférer au personnage toute la fougue et toute l’émotion requises. Des seconds rôles se détachent notamment le ténor Diego Godoy (Barbarigo), dont le beau timbre et la projection fière captent l’attention en dépit de la brièveté du rôle, mais aussi Emmanuele Cordaro dans le rôle pourtant ingrat – à vrai dire, un peu sacrifié par Verdi – de Loredano, un rôle bref mais qui, à l’instar du Paolo de Simon Boccanegra, doit être confié à un interprète de premier plan si on souhaite lui conserver tout son impact dramatique.

À la baguette, nous retrouvons avec plaisir l’orchestre Appasionato qui apporte ici une nouvelle preuve de sa versatilité et de son habileté à faire siennes les esthétiques et les langages musicaux les plus variés : sous la baguette enflammée de Mathieu Herzog, l’orchestre a délivré une lecture pleine de fougue et de dramatisme, faisant oublier que nous assistions à une simple version de concert : le difficile équilibre propre à cette œuvre entre flamboyance et noirceur (cet opéra de jeunesse est étonnamment sombre et pessimiste) est ainsi parfaitement atteint. Avec un regret cependant : les reprises, indispensables selon nous à l’équilibre des airs et des ensembles, auraient dû être maintenues, leur suppression donnant la fâcheuse impression qu’un air se termine sans qu’on ait eu le temps d’apprécier pleinement les motifs qu’il donne à entendre…

Une soirée couronnée par d’interminables ovations, le public, au terme de ce concert d’exception,  n’acceptant qu’à regret de laisser partir les artistes…  Mais peut-être reviendront-ils bientôt ? Placido Domingo a récemment émis « un dernier souhait avant de terminer sa carrière : diriger le sublime Requiem de Verdi, à la Salle Gaveau »…  Chiche ?

Les artistes

FRANCESCO FOSCARI, Placido Domingo
LUCREZIA CONTARINI, Anna Pirozzi
JACOPO FOSCARI, Arturo Chacon Cruz
LOREDANO, Emanuele Cordaro
BARBARIGO, Diego Godoy

ENSEMBLE APPASSIONATO
DIRECTION, Mathieu Herzog

Le programme

I Due Foscari

Opéra en trois actes de Giuseppe Verdi (1813-1901), livret de Francesco Maria Piave (1810-1876) d’après la pièce homonyme de Lord Byron, créé au Teatro Argentina, Rome, 3 novembre 1844.

Salle Gaveau, Paris
Version de concert du samedi 12 février 2022, 20h30

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Placido DomingoAnna PirozziMathieu HerzogArturo Chacon Cruz
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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