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L’Opéra de Limoges filme Rusalka : plongée – avec masque ! – dans les coulisses du tournage…

par Stéphane Lelièvre 30 janvier 2021
par Stéphane Lelièvre 30 janvier 2021
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Crédits photos : © Thierry laporte

C’est un beau film que prépare l’Opéra de Limoges, qui commencera dès la semaine prochaine la captation de la production de Rusalka qu’avait déjà proposée l’Opéra du Rhin en  octobre-novembre 2019… Mise en scène émouvante et distribution de qualité : à ne pas rater !
Première Loge a assisté vendredi 29 janvier à la générale précédant le tournage…

L’Opéra de Limoges a choisi de ne pas renoncer à la production de Rusalka qui aurait dû être proposée au public ces 29, 31 janvier et 02 février. Les représentations publiques sont bien sûr annulées, mais le spectacle fera l’objet non pas d’une captation traditionnelle, mais d’un véritable film tourné pour la télévision, avec des caméras (7 au total) placées, pour l’occasion, sur la scène (« afin de permettre un apport émotionnel en étant au plus près des chanteurs », dixit le réalisateur Arnaud Lalanne). Au total, c’est un film au format hybride, entre captation traditionnelle et fiction, que découvriront bientôt les téléspectateurs de France Télévisions.

 

 

Tout n’est pas toujours parfaitement  limpide dans la lecture que Nicola Raab propose de l’opéra de Dvořák : on s’interroge, par exemple, sur les grands sacs plastiques dans lesquels sont enfermés les personnages, notamment pour accéder au royaume des eaux ; ou sur le grand livre – un livre de contes ? – que lisent ou dans lequel écrivent les personnages. Par ailleurs, nous n’adhérons pas pleinement à la vision des relations entre le Prince et Rusalka qui est proposée : à plus d’une reprise, le Prince violente brutalement sa bien-aimée. Même s’il clame à l’acte II son désir de « posséder » Rusalka, ces tentatives de viol nous semblent en désaccord avec ce que disent ailleurs le livret et la musique…
À ces détails près, la metteuse en scène propose un spectacle fort dramatiquement et visuellement vraiment  réussi. La vidéo (signée Martin Andersson) en est un élément important, mais elle n’est jamais platement illustrative : loin de se contenter de projeter un simple décor en arrière-plan, ou, plus banal encore, le visage en gros plan des chanteurs filmés en direct, elle constitue une part essentielle du spectacle : tantôt elle apparait comme un élément du décor à part entière (elle permet  notamment à la nature, singulièrement absente du magnifique spectacle proposé à Bastille par Carsen, d’être bien présente, avec entre autres les images de falaises, de vagues, d’arbres, de vagues…) ; tantôt, fusionnant avec les superbes lumières de  Bernd Purkrabek, elle permet de créer une ambiance particulière (extrême tension dramatique, onirisme…) toujours en phase avec la musique. Portée par une direction d’acteurs acérée (au demeurant les chanteurs, notamment les deux rôles principaux, s’avèrent des comédiens impliqués et convaincants), elle joue sur les effets de contrastes (l’univers sombre de la mer, la blancheur éclatante du palais du prince), les échos possibles du conte avec le monde contemporain (un film en noir en blanc montre de temps en temps un couple d’aujourd’hui vivant une difficile histoire d’amour…), la symbolique (parfois un peu facile – les poissons péchés et brutalement étêtés chez le Prince – mais toujours convaincante), et surtout s’attache à proposer des tableaux visuels suscitant une émotion liée à celle que distille la musique.

Musicalement, on est tout d’abord surpris de constater que, malgré l’effectif nécessairement réduit de l’orchestre (c’est la version pour orchestre de chambre de Mariàn Lejava qui est donnée), l’essentiel des couleurs ainsi que la teneur poétique et dramatique de l’opéra soient préservés. Le mérite en revient au chef Pavel Baleff : sans renier l’héritage wagnérien de l’œuvre, il en exhale le romantisme exacerbé avec le concours des musiciens d’un orchestre de l’Opéra de Limoges en très bonne forme, et s’attache à créer les différents climats et ambiances requis par l’œuvre, sans toutefois jamais perdre de vue le drame ni la lente mais irréversible plongée des protagonistes vers la mort.

Vocalement, la soirée est superbe. Bien sûr, il y a ici ou là deux ou trois petites choses qui pourraient être améliorées : les voix des trois Dryades pourraient parfois fusionner de façon plus harmonieuse, les aigus de Marie-Adeline Henry, qui campe au demeurant une Princesse étrangère à la présence vocale et scénique très puissante, pourraient être moins durs… Mais globalement, chacun se montre très convaincant et fait face aux exigences de son rôle avec probité. Excellents, le garde-chasse de  Marc Scoffoni et le Cuistot de Yete Queiroz, rôles certes secondaires mais qui, mal distribués peuvent « plomber » le début des actes II et III. Les timbres agréables des chanteurs, leur belle projection vocale et leur aisance en scène permettent aisément à ces artistes de conférer épaisseur et intérêt à ces deux personnages. La basse polonaise Rafał Pawnuk est un Vodnik jeune de silhouette, mais dont le timbre profond et le chant noble conviennent parfaitement à ce personnage de père. Le très beau timbre de la mezzo Marion Lebègue et son jeu posé font du personnage de Ježibaba, de façon très originale, autre chose que le vieille sorcière un peu caricaturale que l’on voit parfois.

© Nick Tucker

Adam Smith nous avait semblé un peu éprouvé par le rôle (il est vrai écrasant…) d’Hoffmann dans la belle production du chef-d’œuvre d’Offenbach proposée par l’opéra de Bordeaux il y a un peu plus d’un an. Il nous a cette fois-ci semblé bien plus à son aise : son médium et ses graves, chauds et bien timbrés, ne l’empêchent nullement de délivrer de beaux aigus, y compris dans la nuance piano. Son apparence physique et son implication scénique en font par ailleurs un Prince absolument convaincant.

L’incarnation de Rusalka par Ruzan Mantashyan, enfin, est une très belle réussite. La carrière de ce beau soprano lyrique, qui a été membre de l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris de 2014 à 2016 et dont le répertoire comporte entre autres les rôles de Mimi, Fiordiligi ou Micaëla, semble prendre un bel essor aujourd’hui, et ce n’est que justice : 

© Opéra de Paris

la voix est parfaitement projetée ; les couleurs sont variées, la ligne de chant soignée ; l’interprète se montre par ailleurs extrêmement sensible : une artiste à suivre, assurément !

Une remarque pour finir : si le conte lyrique Rusalka est, à n’en pas douter, l’un des chefs-d’œuvre de Dvořák, il a tendance à occulter le reste de sa production lyrique, riche de quelque 10 opéras…  Quel théâtre nous permettra un jour de les (re)découvrir?…

Les artistes

Rusalka   Ruzan Mantashyan
Princesse étrangère   Marie-Adeline Henry
Ježibaba, sorcière   Marion Lebègue
Premier esprit des bois   Alexandra Marcellier
Deuxième esprit des bois   Aliénor Feix
Troisième esprit des bois   Caroline Meng
Garçon de cuisine   Yete Queiroz
Le prince Adam Smith
Vodnik Rafał Pawnuk
Garde forestier  Marc Scoffoni

Orchestre de l’Opéra de Limoges, chœur de l’Opéra de Limoges, dir.  Pavel Baleff

Mise en scène : Nicola Raab

Le programme

Rusalka

Conte lyrique en trois actes d’Antonín Dvořák, livret de Jaroslav Kvapil d’après Friedriech Heinrich Carl de La Motte-Fouqué, créé le 31 mars 1901 au Théâtre national de Prague.

Opéra de Limoges, générale du vendredi 29 janvier 2021.

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Adam SmithDvorakRuzan Mantashyan
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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