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Cd – L’Ancêtre : une passionnante redécouverte

par Sabine Teulon Lardic 23 septembre 2025
par Sabine Teulon Lardic 23 septembre 2025
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1,3K
Les artistes

Nunciata : Jennifer Holloway
Vanina : Gaëlle Arquez
Margarita : Hélène Carpentier
Tebaldo : Julien Henric
Raphaël l’ermite : Michael Arivony
Le porcher Bursica : Matthieu Lécroart

Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dir. Kazuki Yamada 
The Philharmonic Chorus of Tokyo

Le programme

L’Ancêtre

Drame lyrique en trois actes de Camille Saint-Saëns, livret d’Augé de Lassus, créé à l’Opéra de Monte-Carlo le 24 février 1906.
Livre-CD Le Palazzetto Bru Zane, 2025.

Avec L’Ancêtre, Saint-Saëns aborde pour la première fois l’histoire contemporaine, soit une vendetta corse « à la Mérimée ». Après la retentissante Déjanire, également exhumée dans la prestigieuse collection « Opéra français » du Palazzetto Bru Zane, ce précieux enregistrement est une première mondiale.

Comme pour Déjanire, la participation de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo à la redécouverte de L’Ancêtre en concert (2024), suivie de cet enregistrement, est déjà un faire-valoir pour cette foisonnante partition symphonique. C’est aussi le juste rappel d’un âge d’or de l’Opéra de Monte Carlo à la Belle Époque, qui adressa ces deux commandes de L’Ancêtre (1906) et de Déjanire (1911, version lyrique) au compositeur. Ni mythologique ni biblique ni historique comme ses opéras antérieurs, L’Ancêtre cible les haines héréditaires de deux clans familiaux corses au temps des guerres napoléoniennes, via un livret d’Augé de Lassus (collaborateur de Phryné). Entretenue par l’aïeule Nunciata, cette spirale tragique nie la pacification que prône l’ermite Raphaël et qu’incarne le jeune couple issu des deux clans ennemis, Tebaldo et Margarita.

Indéniablement, L’Ancêtre représente la quintessence du métier de Saint-Saëns depuis Les Barbares. En effet, l’efficacité et la concision dans l’architecture du drame sont traduites par la complexité polyphonique et rythmique pour les éclats tragiques ou par la finesse des textures pour l’églogue villageoise autour de l’ermite (1er acte) ou des jeunes amoureux (début du 3e acte). L’atout dramatique est de cantonner d’une part la participation de l’aïeule à son « « Non ! » retentissant, lorsque l’ermite et la communauté la supplient de mettre un terme à la haine qui oppose sa famille, les Fabiani, à celle des Pietra-Nera[1]. D’autre part, de construire l’acte central autour de sa Déploration, face au cadavre de son petit-fils assassiné et au chœur des villageois, à la manière d’un oratorio profane. Ici, l’écriture revisite la connotation antique des tragédies qu’il vient de concevoir pour les théâtres de plein air (les imprécations de Déjanire, la déploration de Parysatis).

La qualité d’exécution hisse ce précieux enregistrement au rang des réussites du Palazzetto Bru Zane. Dans le rôle-titre, la soprano dramatique Jennifer Holloway déploie une projection impressionnante, graduée de la plainte jusqu’à la brûlure farouche dans sa longue Déploration, scène pivot (2e acte) de l’œuvre. Une passion idoine la consommait dans Hulda de Franck (livre-cd Palazzetto Bru Zane, 2023). Toutefois, sa voix juvénile manque de noirceur (rôle créé par Felia Litvinne) pour incarner les maléfices de la matriarche face aux trois jeunes protagonistes dans le quatuor du 3e acte (« Viens, suis-moi »). Cet autre point culminant de la partition, spatialisé sur deux emplacements de la montagne, rebat les cartes dramaturgiques du quatuor de Rigoletto, entre bourreau et victimes. Son lyrisme progressivement échevelé précipite l’action, soit le meurtre au fusil de la sacrifiée (Vanina) par l’Ancêtre mal-voyante.

À l’opposé, la figure tutélaire de l’ermite Raphaël trouve une agilité vocale et une parfaite diction chez le baryton Michael Arivony. Ce Saint-François d’Assise des abeilles (« Abeilles, mes petites sœurs[2] ») répand l’esprit chrétien de pacification avec sincérité jusqu’à l’épanouissement de sa bénédiction du couple proscrit (3e acte). Incarnant le couple des jeunes amoureux, la soprano Hélène Carpentier (Margarita) et le ténor Julien Henric (Tebaldo) expriment leurs émois dans le beau duo du 3e acte, dont les envolées séductrices s’approchent de Gounod ou de Massenet. Auparavant, la ductilité des vocalises de Margarita (une résurgence de l’air du rossignol dans son Parysatis ?) et la noble tempérance de Tebaldo, timbre clair et projection assurée, ont fait leur preuve. Quant aux contributions du vieux porcher poussant à la vendetta, Matthieu Lécroart les dote de contours naturalistes par la rugosité du timbre. L’engagement maximal est toutefois celui de la mezzo Gaëlle Arquez (Vanina) dans le rôle complexe de la petite-fille de l’aïeule, déchirée entre les codes d’honneur de son clan (récit introductif du 2e acte) et son secret amour pour le jeune condamné qu’elle est sommée d’abattre au fusil (air « Non, tout mon cœur se soulève »). Elle confère à ce rôle une densité vocale et une humanité qui outrepassent l’engagement de ses valeureux collègues.

Sous la baguette de Kazuki Yamada, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo traduit tant la complexité du Prélude, aux facettes successivement virgilienne et shakespearienne, que les bourdonnements (cordes) de l’éloge aux abeilles qui se fondent dans le chant de Raphaël. Le Philharmonic Chorus of Tokyo contribue correctement à la production ; il pourrait cependant animer davantage les oraisons psalmodiées par le coloris des voyelles.

Relevons le livret toujours éclairant (Alexandre Dratwicki, Marie-Gabrielle Soret) et documenté (la critique de Fauré en 1906) de la riche collection du Palazzetto. Pour autant, cette œuvre tient-elle une place de choix dans la production française des années 1900 ? Durant la décennie où perce le courant naturaliste en France – Messidor de Bruneau / Zola, Louise de Charpentier – le drame lyrique s’épanouit dans le contexte des luttes sociales avec une force plus âpre ou plus sauvage. Chez Saint-Saëns et son librettiste, c’est encore la veine romantique « à la Mérimée » (Colomba) ou « à la Maupassant » (rôle féminin dans sa nouvelle La Vendetta) qui domine l’écriture.  

———————————————————–

[1] Nom du village de l’assassin dans Colomba de Mérimée.

[2] Un bel air à extraire pour un concert dédié à la nature et l’environnement …

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Julien HenricGaëlle ArquezHélène CarpentierJennifer HollowayMatthieu LécroartKazuki YamadaMichael Arivony
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Sabine Teulon Lardic

Sabine Teulon Lardic est chercheure à l'université de Montpellier 3. Spécialiste de l'opéra-comique du XIXe siècle et des spectacles lyriques dans les Théâtres de plein air (XIXe-XXIe siècles), elle a collaboré aux volumes collectifs de Carmen Abroad (Cambridge Press), The Oxford Handbook of the Operatic Canon (Oxford Press), Histoire de l'opéra français, t.3 (Fayard, 2022). Elle signe également des articles pour les programmes de salle (Opéra-Comique, Opéra de Montpellier) ou la collection CD du Palazzetto Bru Zane.

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