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Concours de chant international SUMI JO – 3/4
Le « repêchage » de trois candidats !

par Stéphane Lelièvre 13 juillet 2024
par Stéphane Lelièvre 13 juillet 2024
© Première Loge Opéra
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3,5K

Concours de chant international Sumi Jo – concert du jeudi 11 juillet 2024

À l’issue des premières auditions, seize chanteuses et chanteurs n’ont pas été retenus pour poursuivre l’aventure du concours de chant… Mais une session de rattrapage a été organisée, permettant à trois d’entre eux d’être « repêchés », par le public, Sumi Jo et le Président du jury !

C’est la très dure loi des concours de chant : beaucoup d’appelés, très peu d’élus, avec in fine un lauréat qui n’est pas nécessairement « le meilleur » (que veut dire cette expression appliquée au chant où, indépendamment de la maîtrise technique, entrent aussi en ligne de compte tant de critères subjectifs, tels la beauté du timbre ou la personnalité de l’artiste ?) mais plutôt celui  qui a le plus convaincu… ou rallié le plus de suffrages.

Le premier Concours de Chant international Sumi Jo a placé la barre très haut : 34 candidates et candidats, tous excellemment préparés, de tous horizons, avec comme toujours une très forte représentation des femmes (les hommes ne constituant qu’un tiers des concurrents). Au terme de quatre auditions, huit candidats ont été retenus (la basse Alexandre Baldo, les ténors Kiup Lee et George Ionut Virban, les barytons Zihao Li et Igor Mostovoi, les sopranos Marie Lombard, Juliette Tacchino et Lina Tsiklauri).

Mais les seize malheureux candidats éconduits ont eu droit à une seconde chance : lors d’un concert donné jeudi 11, ils ont pu de nouveau donner un aperçu de leur talent au public, qui s’est vu offrir la possibilité d’en « repêcher » un, Sumi Jo et Olivier Ojzerowicz-Medinger s’octroyant le droit d’en « sauver » également un chacun. La qualité des candidats « recalés » dit assez l’excellent niveau de cette première édition du concours : tous ne se valent certes pas, et certains nous ont fait plus forte impression que d’autres, mais aucun ne s’est montré indigne et plusieurs d’entre eux semblent même prêts à pouvoir d’ores et déjà incarner certains (petits ?) rôles sur scènes – ce que d’aucuns ont d’ailleurs déjà fait.

De la difficulté de bien choisir son air...

Comme dans tout concours de chant, le choix de l’air présenté est particulièrement délicat : il faut tout à la fois proposer une page susceptible d’ « emballer » l’auditoire (a fortiori quand il s’agit d’un prix décerné par le public) ; il faut que le morceau retenu mette en valeur les qualités de l’interprète mais n’excède pas ses possibilités techniques et vocales, séduise sans pour autant être trop galvaudé…
À la lecture du programme, on constate que les candidats ne reculent devant aucune difficulté : on nous annonce ainsi le dernier air d’Électre, le premier de la Reine de la Nuit, la scène finale de Lucrezia Borgia, le « Venise est tout en fêtes » de La Reine Topaze ! À l’issue du concert, force est de constater que certains habits étaient un peu larges pour les épaules de ces chanteurs débutants : si le cantabile de « Lasso ! cessar di vivere » de Bianca et Falliero est correctement rendu par Shao Lin, les premières phases de cette scène splendide entre toutes (« Tu non sai qual colpo atroce ») demandent une arrogance, une autorité, une puissance qui font encore défaut à la jeune Chinoise.
Parfois, c’est le bagage technique qui se révèle plus ou moins insuffisant au regard des difficultés de la page abordée : c’est par exemple le cas d’Eliza Masevicz (La Reine Topaze) ou Teodora Marcheva (Candide), qui compensent quelques irrégularités vocales par une réelle présence scénique. Nous ne sommes pas sûr non plus que la « blanche tourterelle » de Roméo et Juliette, chantée par Kira Kirilina (au beau timbre profond, richement coloré) soit la page la plus à même de mettre en valeur les qualités de la chanteuse, qui butte parfois sur les périlleux triolets de la phrase « Votre tourterelle vous échappera », et dont la prononciation du français, en dépit d’une attention réelle à l’articulation, reste un peu incertaine. Le « Babbino caro », choisi par Emily Loftus, a paru quant à lui trop rebattu et presque trop facile, d’autant qu’il a manqué à l’interprétation cette touche d’abandon, ce velouté dans les aigus filés qui peuvent le rendre irrésistible. Elisabeth Eunsoo Lee séduit dans la première partie de « O zittre nicht » (Die Zauberflöte ) : la voix est plus ronde, plus puissante, plus dramatique que celle des soprani leggerissimi parfois distribués dans le rôle. Malheureusement, les vocalises de « Du wirst sie zu befreien gehen » sont quelque peu imprécises, et le contre-fa final pas parfaitement juste.

En tête de liste…

Jungrae Noah Kim - D.R.
Milan Perišic - D.R.
Karoline Podolak - D.R.

Les neuf autres candidats se sont selon nous distingués par la (très) belle qualité de leur prestation. Jungrae Noah Kim dispose d’un timbre superbe et a fait rire l’auditoire avec son air des Maschere dans lequel l’interprète est amené à interrompre son chant par une série de bégaiements. Si la page est très amusante, elle ne permet cependant pas de prendre toute la mesure des belles qualités vocales et techniques qui semblent être celles de ce baryton coréen.
Milan Perišic propose une version digne et sobre (presqu’un peu trop…) du « Ya vas lyublyu » de La Dame de Pique. C’est le candidat que choisira de repêcher le président du jury Olivier Ojzerowicz-Medinger.
Karoline Podolak fait preuve d’une préparation impeccable dans le grand air de Violetta, qu’elle interprète avec une belle maîtrise technique (contre-mi bémol final inclus), mais qui gagnerait à être davantage nuancé afin de plus émouvoir (les aigus des fins de phrases de « Ah, fors’è lui » (« tumulti », « occulti »), sans verser dans un ppp alla Caballé, devraient par exemple faire preuve de plus d’abandon et de morbidezza…). 

Daria Lupu - © Première Loge Opéra

Daria Lupu (candidate « repêchée » par le public) impressionne par la qualité de son timbre, la puissance de ses aigus et de ses graves. Le médium est en revanche un peu plus fluctuant, et les vocalises assassines de la scène finale de Lucrezia Borgia doivent encore être peaufinées afin que la chanteuse devienne véritablement la soprano drammatico d’agilità requise par le rôle.

Notre quinté + !

Katleho Mokhoabane - © Michael Arivony
Linsey Coppens - © Matthias Baus
Eliza Boom - D.R.

Les cinq derniers artistes constituent notre « quinté gagnant » : Katleho Mokhoabane, ténor sud-africain, dispose d’un timbre radieux et de moyens parfaitement adaptés à l’air de La Favorite qu’il a choisi. Le goût est sûr, l’interprétation émouvante… Dommage que quelques aigus difficiles viennent conclure une prestation de très belle qualité. De Linsey Coppens (Sapho de Gounod), on apprécie le bel ambitus, la netteté de la diction et surtout le sens de la déclamation tragique. Eliza Boom fait preuve d’une maîtrise technique assez stupéfiante dans le difficile air final de l’Électre de Mozart, dont elle livre une interprétation habitée qui ne vire jamais à l’histrionisme et se pare de nuances touchantes, fort bienvenues (« O un ferro il dolore… »). L’avenir sourit déjà à cette jeune soprano néo-zélandaise, qui chantera Freia la saison prochaine dans L’Or du Rhin à l’Opéra de Paris. Junho Hwang (choisi par Sumi Jo) délivre une interprétation quasi irréprochable de la légende de Kleinzach, avec des moyens qui semblent parfaitement adaptés à l’opéra ou l’opéra-comique français. À noter, même si le ténor bute ponctuellement sur un mot ou une phrase (« Quand il avait trop bu de genièvre ou de rack »), la très belle qualité de son français.

Junho Hwang - D.R.
Jingdan Zhang - D.R.

Jingdan Zhang, enfin, a choisi un air de Korngold, une très belle page mais qui n’est peut-être pas suffisamment « tape à l’oreille » pour ce genre d’événement : pas de saut des tessiture vertigineux, pas de vocalises effrénées, pas de débauche de décibels… Les qualités requises par la page sont tout autres : égalité des registres, science du legato, des couleurs et des nuances, sensibilité… La jeune Chinoise (dont l’allemand est par ailleurs excellent) y a brillé… mais avec la discrétion que requiert la page. Elle aurait amplement mérité d’être elle aussi repêchée pour poursuivre l’aventure… Mais nul doute qu’un bel avenir ne s’offre à elle, comme d’ailleurs, à n’en pas douter, aux autres candidats !

Les artistes

Sopranos :
Eliza Boom, Jingdan Zhang, Elisza Masewicz, Daria Lupu, Elisabeth Eunsoo Lee, Emiliy Loftus, Karoline Podolak, Teodora Marcheva

Mezzo-sopranos :
Kira Kirilana, Shao Lin, Linsey Coppens

Ténors : 
Katleho Mokhoabane, Junho Hwang

Barytons :
Milan Perišic, Jungrae Noah Kim

Le programme

Concours de chant international Sumi Jo
Gounod, Roméo et Juliette : « Que fais-tu, blanche tourterelle »
Donizetti, La Favorita : « Spirto gentile » ; Lucrezia Borgia : « Era desso… »
Rossini, Bianca e Falliero : « Tu non sai »
Offenbach, Les Contes d’Hoffmann : Légende de Kleinzach
Mozart, Idomeneo : « O smania… » ; Die Zauberflöte : « O zittre nicht »
Korngold, Die tote Stadt : « Glück, das mir verlieb »
Massé, La Reine Topaze : « Carnaval de Venise »
Tchaïkovski, La Dame de Pique : « Ya vas lyublyu »
Mascagni, Le Maschere : « Quella è une strada »
Gounod, Sapho : « Ô ma lyre immortelle »
Verdi, La traviata : « E strano« 
Bernstein, Candide : « Glitter and be gay« 

Château de la Ferté-Imbault, concert du mercredi 11 juillet 2024

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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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