À la une
Les cadeaux de Parpignol pour les fêtes de Noël
Naples, Medea : de Cherubini à Lars von Trier
Il aurait 100 ans aujourd’hui : André Turp
La Chauve-Souris à Liège : Johann Strauss fête ses 200 ans...
Elena Stikhina et Adam Smith : nouvelle distribution pour Tosca à...
Ut Pictura Musica : la Bohème synesthésique de David Geselson
Festival(s) de Salzbourg 2026 : demandez le programme !
Le Festival de Pesaro 2026 fête les 200 ans du...
Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique Michieletto
CD – Lucia di Lammermoor : la confirmation de Lisette...
Un Américain à Paris : Genève succombe au charme de la...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Les Contes de Perrault prennent vie à l’Athénée-Louis Jouvet avec la mise en scène bariolée et poétique de Valérie Lesort.

par Ivar kjellberg 8 avril 2025
par Ivar kjellberg 8 avril 2025

© Fabrice Robin

© Fabrice Robin

© Fabrice Robin

© Fabrice Robin

0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
1,4K

D’où a bien pu venir l’idée de ressortir l’œuvre de Félix Fourdrain, organiste et compositeur du début du XXe siècle tombé (injustement au vu du spectacle de ce soir) dans l’oubli ? Issue de sa période la plus prolifique, et crée en 1913, cet opéra a l’air de n’avoir survécu qu’au travers des partitions imprimées plus que grâce à des enregistrements. Mais qu’à cela ne tienne, aucune référence ne vient imposer d’opinion préconçue sur le superbe spectacle donné à l’Athénée-Louis Jouvet.

On entendait déjà dans l’excellent opus « Tea for two » des Frivolités Parisiennes la « Rêverie » de Cendrillon, peut-être était-ce là le début du dépoussiérage de cet opéra ? opérette ? conte musical ? La première page de la partition imprimée indique « féerie lyrique » et c’est sans doute la définition la plus exacte à laquelle on puisse penser, car si cette œuvre échappe quelque peu à une classification fixe, c’est parce qu’elle impose ses exigences en matière de costumes, de mise en scène, de voix et aussi de jeu d’acteur.

Sur un fil conducteur extrêmement simple (sauvé par son ingéniosité, le Petit Poucet rendu à ses parents, se transforme en Prince Charmant), l’histoire déroule les aventures qui conduiront le héros à croiser le chemin de personnages littéralement hauts en couleur : la bonne Fée Morgane et son ennemi l’extravagant Olibrius, mais aussi Cendrillon, le Chat botté, Barbe Bleue, le Croquemitaine, dont les récits rejoignent aussi Peau d’Ane, Riquet à la houppe, et La belle au bois dormant.

La forme ainsi l’emporte en premier sur le fond : les beaux costumes comme découpés dans du papier, imaginés par Vanessa Sannino rappellent l’imaginaire collectif crée par les films de Disney tout en parvenant à s’en détacher. L’ingénieuse mise en mouvement par Rémi Boissy impose aux comédiens de ne se déplacer que de manière latérale, donnant un effet de deux dimensions où les personnages semblent s’être détachés d’un livre à images. Impression renforcée par les décors pensés par Vanessa Sannino également, et apparaissant parfois comme des ombres chinoises avec l’apparition du Chat Botté entre autres, et entourant parfois la scène comme dans des livres d’enfant. Le tout est coloré, et étincelant comme doivent l’être les contes de fée.

Adapter ainsi des contes requiert de la finesse dans un jeu d’équilibriste subtil : faut-il jouer totalement la carte de la naïveté propre aux contes, et ne distiller jamais de second degré ? Ou injecter un peu de cynisme et de sarcasme ? La réponse finalement est donnée en premier lieu par la partition et les airs, riches, mélodiques et jouant soit le jeu de la comédie à la Offenbach, avec le truculent air du Bicarbonate de soude, soit du lyrisme propre aux airs romantiques de l’époque et de la fin du XIXe siècle, avec par exemple l’air du sommeil mené par Olibrius et les chœurs au dernier acte ou la jolie rêverie de Cendrillon, donnée sous les étoiles.

La performance vocale rejoint alors la performance des comédiens car faire rire reste le plus difficile et correspond presque à un timing digne d’une partition. L’ensemble des chanteurs fait montre ainsi d’un talent consommé dans la comédie, et grâce à un livret légèrement remanié, le tout ne tombe jamais dans la mièvrerie mais au contraire fait ressortir le ridicule des situations grâce au talent des chanteurs, dont on ne sait qui mentionner en premier, les seconds rôles étant tout aussi drôles que les premiers…

Les sœurs de Cendrillon et Madame de Houspignoles, toutes en récriminations et dédain, sont très bien incarnées vocalement et scéniquement par Eléonore Gagey, Hortense Venot et Laura Neumann, cette dernière déjà applaudie dans « Gosse de riche »  de Maurice Yvain cette saison à l’Athénée. Lucile Komitès et Geoffroy Buffière, en parents du Petit Poucet et souverains malgré eux, chantent aussi bien la royauté que le couple jaloux. Camille Brault fait un Chat Botté malicieux qu’on aurait aimé entendre plus, mais dont l’air est magnifié visuellement par les ombres chinoises en arrière-plan. Le duo de vilains Croquemitaine – Barbe bleue, chanté par Richard Delestre et Philippe Brocard, constitue un des clous de la soirée, ces derniers  incarnant des méchants très méchants comme on les aime.

Reste un fameux quatuor : un Prince charmant / Riquet à la houppe plein de lui-même et de premier degré, drôle au possible, auquel Enguerrand De Hys donne beaucoup de charme. Une Fée Morgane (Julie Mathevet) aux notes magiques de coloratures mais quand même un peu blasée à intervenir dans la vie des humains, Anaïs Merlin, tour à tour Petit Poucet, Cendrillon, Chaperon rouge (dans une irrésistible pantomime lipsynchée) et Peau d’âne à l’accent bien paysan, donne toute la poésie et l’humanité nécessaire à ses rôles avec un déploiement vocal impeccable. Et bien sûr que serait un conte de fée sans un méchant à la hauteur ? La tâche échoit à Romain Dayez. On peine à reconnaître, même à l’oreille, le Guglielmo séducteur du revu et corrigé « Cosi Fan Tutti » d’il y a quelques mois à l’Athénée, tellement le chanteur use habilement de sa voix pour créer de toutes pièces un sorcier, quelque part entre un Michel Serrault qui doublerait un méchant de Disney et une hyène du Roi Lion. Le baryton s’adapte avec entrain et talent à une tessiture extrêmement haute pour offrir un Olibrius aussi extravagant que diabolique.

Le public ressort, surpris et charmé par L’Orchestre des frivolités Parisiennes qui virevolte et fait vibrer la partition avec élan et entrain sous la baguette énergique de Dylan Corlay, et qui nous laisse nous demander à quand un enregistrement ?

Les artistes

Cendrillon, Le petit Poucet, Chaperon Rouge : Anaïs Merlin 
La fée Morgane : Julie Mathevet
Olibrius : Romain Dayez
Le Prince Charmant : Enguerrand De Hys 
Madame de Houspignoles : Lara Neumann
Le Chat Botté : Camille Brault
Aurore:  Eléonore Gagey
Javotte : Hortense Venot
Croquemitaine, Meunier, Huissier : Richard Delestre
La Pinchonniere, Barbe-Bleue : Philippe Brocard
La reine Guillaumette : Lucile Komitès
Le roi Guillaume : Geoffroy Buffière

Choeur et l’orchestre des Frivolités Parisiennes, dir. Dylan Corlay

 

Le programme

Les Contes de Perrault

 Féérie lyrique d’Arthur Bernède, parue en 1913 de Félix Fourdrain , livret d’Arthur Bernède, Paul de Choudens.

Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, représentation du 4 avril 2025

image_printImprimer
Dylan CorlayAnaïs Merlinfélix fourdrainjulie mathevetLes frivolités parisiennesValérie LesortRomain Dayez
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Ivar kjellberg

Habitué de longue date du TCE et pianiste amateur, Ivar Kjellberg est venu à l'art lyrique grâce à ses parents, qui faisaient sonner Wagner dans tout l'immeuble pour l'amuser. Grand fan des interprètes des années 70 et de l'opéra allemand, Ivar peut écouter en boucle les disques d'Edda Moser et d'Hermann Prey avant d'enchaîner... sur un bon Offenbach !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
La Dame de Pique sans Graham Vick…
prochain post
Teatro alla Scala : IL NOME DELLA ROSA
incontro con il compositore Francesco Filidei

Vous allez aussi aimer...

Naples, Medea : de Cherubini à Lars von Trier

21 décembre 2025

La Chauve-Souris à Liège : Johann Strauss fête ses...

20 décembre 2025

Elena Stikhina et Adam Smith : nouvelle distribution pour...

20 décembre 2025

Ut Pictura Musica : la Bohème synesthésique de...

19 décembre 2025

Les Contes d’Hoffmann à Lyon : fantastique Michieletto

19 décembre 2025

Un Américain à Paris : Genève succombe au charme...

17 décembre 2025

Le Petit Faust, jeu télévisé déjanté à l’Athénée

16 décembre 2025

Le 36e Festival Présences rend hommage à Georges...

15 décembre 2025

Bruxelles, NormaVoyage immobile et bel canto sous tension,...

14 décembre 2025

TCE : le triomphe des Tenebrae dans un Messie...

14 décembre 2025

En bref

  • Les brèves de décembre –

    11 décembre 2025
  • Les brèves de novembre –

    20 novembre 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito


  • Édito d’octobre –
    « O, mia musica, si bella e perduta… » : quand le cas Venezi révèle un malaise plus profond concernant les arts et la musique en Italie

    2 octobre 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Jean Leprince dans CD –  Tenebris d’Alexandre de Villeneuve. Un passionnant programme d’un compositeur sorti des ténèbres
  • meyer frederic dans Aux confins du sublime et de l’abject : le « Requiem de Terezin » (Grand Amphithéâtre de la Sorbonne)
  • meyer frederic dans Ça s’est passé il y a 100 ans : création de Wozzeck
  • Don Giovanni, de Mozart – À Dom e-mots dans KOSTAS SMORIGINAS
  • Josy Santos dans L’Opéra de Liège inscrit le CHAPEAU DE PAILLE DE FLORENCE à son répertoire

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Naples, Medea : de Cherubini à Lars...

21 décembre 2025

La Chauve-Souris à Liège : Johann Strauss...

20 décembre 2025

Elena Stikhina et Adam Smith : nouvelle...

20 décembre 2025