Carmen, Arènes de Vérone, représentation du vendredi 5 juillet 2024.
La mise en scène colorée de Zeffirelli, l’excellente distribution et des danseurs électrisants font de cette soirée arénienne un moment inoubliable.
Au rebours des tendances actuelles qui privilégient la relecture et l’esthétique minimaliste, les Arènes de Vérone proposent de nouveau la Carmen de Franco Zeffirelli, illustration fidèle, spectaculaire, luxuriante du livret de Meilhac et Halévy. Le charme opère toujours, d’autant que la distribution de cette Première tient toutes ses promesses !
Carmen, Arènes de Vérone, représentation du vendredi 5 juillet 2024.
La mise en scène colorée de Zeffirelli, l’excellente distribution et des danseurs électrisants font de cette soirée arénienne un moment inoubliable.
La première de Carmen aux Arènes de Vérone s’est révélée être un spectacle riche en émotions. La soirée a débuté par un concert de la Banda Musicale della Guardia di Finanza, à l’occasion du 250e anniversaire de la fondation de cette formation. Puis est apparue la mise en scène originale avec laquelle Franco Zeffirelli avait fait ses débuts dans les Arènes en 1995 : une mise en scène fascinante et époustouflante ! Très colorée, soucieuse du moindre détail, le spectacle recrée l’atmosphère d’une Séville animée par des soldats et des gitans, des cigariers et des contrebandiers, des toreros et des vendeurs ambulants ; cinq chevaux ont même traversé à plusieurs reprises la scène avec sérénité, au milieu d’une foule de personnes (environ 500 sur scène). Les danseurs de la Compañia Gades, qui ont captivé le public lors du changement de décor entre les troisième et quatrième actes, ont ajouté encore plus d’émotion à la soirée en exécutant une chorégraphie spectaculaire au rythme des castagnettes et des applaudissements. Les costumes raffinés d’Anna Anni, combinés aux effets de lumière iridescents créés par Paolo Mazzon, en harmonie avec la chorégraphie vivante d’El Camborio, ont contribué à rendre le spectacle saisissant. Le chœur de la Fondation Arena, préparé par Roberto Gabbiani, a été impressionnant, et les jeunes voix blanches d’A.Li.Ve., dirigées par Paolo Facincani, très gracieuses.
© Fondazione Arena di Verona
L’orchestre des Arènes était dirigé par Leonardo Sini, 28 ans, tout récemment applaudi précisément dans Carmen à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège. Un Leonardo Sini qui faisait ses débuts aux Arènes après de brillants succès en Italie, mais aussi à Budapest et Paris, Hambourg et Tokyo. L’amphithéâtre en plein air et la brise ont parfois affecté le son, mais le maestro a su créer une bonne cohésion entre les musiciens et les chanteurs.
Aigul Akhmetshina, une mezzo-soprano de 28 ans, a fait ses débuts dans le rôle-titre aux Arènes. Ces dernières années, elle a interprété Carmen dans de grands théâtres du monde entier, du Metropolitan Opera au Royal Opera House en passant par le Festival de Glyndebourne. Dotée d’une voix à la fois douce et puissante, elle a donné vie à un personnage séduisant et sensuel, parvenant à chanter tout en dansant et en courant sur la grande scène des Arènes.
À ses côtés, Francesco Meli a incarné un Don José extraordinaire, confirmant qu’il est un excellent interprète doté d’une voix splendide et d’une technique exceptionnelle. Le ténor génois s’est acquitté à la perfection du rôle complexe du brigadier-contrebandier, démontrant non seulement qu’il contrôlait bien sa voix, mais aussi qu’il savait s’immerger dans la personnalité contradictoire d’un homme changeant progressivement de personnalité, sans jamais perdre l’élégance exquise de son chant. Le très célèbre air de la Fleur a suscité une pluie d’applaudissements !
Le rôle de Micaela a trouvé en Kristina Mkhitaryan (qui faisait ses débuts aux Arènes) une interprète habile, à la voix limpide et au phrasé délicat ; et dans le rôle du toréador Escamillo, le baryton-basse Erwin Schrott, déjà applaudi l’année dernière pour sa voix corsée, sa bravoure et sa présence décontractée sur scène. Tous les comprimari ont été à la hauteur de leur rôle : de la Frasquita de Daniela Cappiello à la Mercédès d’Alessia Nadin ; du Dancairo de Jan Antem au Remendado de Vincent Ordonneau et au Zuniga de Gabriele Sagona.
Le 7 juin 2024, les Arènes de Vérone ont célébré la reconnaissance par l’UNESCO du chant lyrique italien comme patrimoine culturel immatériel en diffusant dans le monde entier un événement extraordinaire avec les plus grands interprètes du moment. La fascinante représentation de Carmen peut à son tour conquérir jusqu’à ceux qui n’ont jamais osé approcher le monde de l’opéra. Après cette première du vendredi 5 juillet, Carmen sera reprise jusqu’au début du mois de septembre.
Carmen : Aigul Akhmetshina
Micaela : Kristina Mkhitaryan
Frasquita : Daniela Cappiello
Mercédès : Alessia Nadin
Don Josè : Francesco Meli
Escamillo : Erwin Schrott
Dancairo : Jan Antem
Remendado : Vincent Ordonneau
Zuniga : Gabriele Sagona
Morales : Fabio Previati
Orchestre (dir. Leonardo Sini) et choeur (dir. Roberto Gabbiani) Fondazione Arena di Verona
Chœur d’enfants : A LI. VE, dir. Paolo Facincani
Compagnie de ballet Antonio Gades
Carmen
Opéra-comique en quatre actes de Georges Bizet, livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, adapté de la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée, créé le 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique.
Arènes de Vérone, représentation du vendredi 5 juillet 2024.