À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Scala de Milan : un Werther psychodramatique, vocalement somptueux

par Raffaele D'Eredità 19 juin 2024
par Raffaele D'Eredità 19 juin 2024

© Brescia et Amisano

© Brescia et Amisano

© Brescia et Amisano

© Brescia et Amisano

© Brescia et Amisano

© Brescia et Amisano

© Brescia et Amisano

© Brescia et Amisano

0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
3,K

 Werther à la Scala : une grande soirée massenétienne, avec une lecture scénique intelligente, une superbe distribution et, dans le rôle-titre, sans doute le meilleur interprète possible aujourd’hui. 

Le Werther représenté ce samedi au Théâtre alla Scala de Milan, en co-production avec le Théâtre des Champs-Elysées de Paris, présentait une mise en scène très originale de Christof Loy. Le cadre sobre et même austère est pendant tout le spectacle celui d’un foyer domestique : la maison du Bailly, aux deux premiers actes ; celle d’Albert et Charlotte dans la deuxième partie de l’œuvre. Une grande porte vitrée coulissante au milieu d’un mur couleur coque d’œuf, sépare les errances sentimentales de Werther et Charlotte, ainsi qu’Albert et Sophie du monde externe. Le metteur en scène veut mettre en exergue dès le début les mécanismes complexes de la relation entre les deux sœurs Sophie et Charlotte. Il nous montre une Sophie tourmentée de jalousie mais aussi d’émulation, qui espionne et réprimande là où elle ne peut pas égaler sa grande sœur. Les situations dictées par le livret sont respectées dans toute la première partie du drame. Le metteur en scène s’amuse à chorégraphier avec malice les mouvements des personnages secondaires qui passent brièvement au premier et deuxième actes.

En revanche, dans la partie finale, le metteur en scène choisit une adaptation très personnelle du drame, qui prend sciemment ses distances avec le synopsis original. Quittant décidément le cadre impitoyable du roman de Goethe et même celui plus romantique et audacieux de Massenet, Christof Loy transpose le triangle amoureux Werther-Charlotte-Albert au milieu d’un psycho-drame d’Ibsen, dans lequel la petite Sophie joue aussi son rôle. Plus Maison de poupée que Werther : tout le final se passe chez Albert, c’est là même que Werther accomplira le geste fatal, face à Albert qui prend connaissance des lettres de Werther avec une fureur jalouse – et à Sophie qui semble perdre la raison. Charlotte lançant les lettres compromettantes au pieds de son époux se transforme en Nora d’Ibsen, et accourt auprès de son amoureux mourant.

C’est un choix courageux que fait le metteur en scène, et nous le respectons, car on trouve des potentialités théâtrales insoupçonnées dans une œuvre très populaire que l’on croyait presque trop connaître.

Le somptueux orchestre de la Scala conduit avec fougue par le chef Alain Altinoglu, offrait à nos oreilles un exploit sonore qui nous transporte par puissance presque dans l’univers orchestral de Wagner. Toutefois le tumulte testostéronique des cuivres italiens se heurte parfois au raffinement et à la recherche timbrique toute parisienne de l’écriture de Massenet, ainsi qu’aux nuances de la déclamation des chanteurs.

La distribution vocale nous a quant à elle offert un trio idéal. Benjamin Bernheim représente probablement aujourd’hui le meilleur Werther de la scène mondiale. Après avoir chanté Des Grieux, Faust, Roméo et Hoffmann à l’Opéra de Paris, espérons que le ténor pourra bientôt offrir son incarnation de Werther au public français. Un Werther plus lyrique que dramatique, au timbre pur et clair mais néanmoins puissant, dont les phrases en mezza-voce ajoutent une poétique intimiste et rêveuse, là où le personnage voulu par la mise en scène perd inévitablement en élan héroïque. Ce même élan est en revanche incarné par la Charlotte de Victoria Karkacheva.  Dotée d’une vocalité majestueuse et large, la mezzo russe a campé une Charlotte forte et impétueuse, mais sans demi-teintes. Le beau timbre et la ligne de chant homogène, ainsi que la force de l’interprétation nous offrent une véritable Walkyrie massenetienne vouée au sacrifice. Son chant est chaleureux et très convaincant dans le long monologue des lettres. Une Charlotte donc qui montre encore plus nettement le contraste avec le caractère plus ordinaire de sa jeune sœur Sophie : la belle voix et la belle présence de Francesca Pia Vitale réussissent, de façon presque inédite, à exprimer le côté enfantin du personnage avec également quelques pointes de mesquinerie – outre l’ambiguïté de son attitude avec le beau-frère Albert. Mari trahi dans son amour propre, Albert est incarné avec un vrai talent d’acteur et un beau sens du phrasé par Jean-Sébastien Bou. En fin connaisseur de l’écriture de Massenet et en phase avec l’idée du metteur en scène, le baryton a su ajouter à son personnage une complexité psychologique inédite, rendant plus central un rôle parfois ingrat et en marge du drame.

Dans les rôles comiques de Schmidt et Johann, Rodolphe Briand et Enric-Martìnez-Castignani ajoutent leur verve bouffonne en marge du drame sentimental qui se déroule en parallèle.

En fin de soirée nous sommes sortis du théâtre milanais le cœur ému par la mélodie de Massenet, avec une folle envie de chanter à tue tête tous les beaux airs de Werther !!

——————————————————–

Retrouvez ici Benjamin Bernheim en interview !

Les artistes

Werther : Benjamin Bernheim
Albert : Jean-Sébastien Bou
Le Bailli : Armando Noguera
Schmidt : Rodolphe Briand
Johann : Enric Martínez-Castignani
Bruhlmann : Pierluigi D’Aloia*
Charlotte : Victoria Karkacheva
Sophie : Francesca Pia Vitale
Katchen : Elisa Verzier

Les Enfants**:         
Fritz : Maya Caiazza
Max : Matteo Germinario
Hans : Theodore Chkareuli
Karl : Alessandro De Gaspari
Gretel : Allegra Maifredi
Clara : Vittoria Montano
* Membre de l’Académie de la Scala
** Membres du Chœur de Voix blanches de l’Académie de la Scala, dir. Bruno Casoni

Orchestre de la Scala, dir. Alain Altinoglu
Mise en scène et chorégraphie : Christof Loy
Décors : Johannes Leiacker
Costumes : Robby Duiveman
Lumières : Roland Edrich

Le programme

Werther

Drame lyrique en quatre actes de Jules Massenet, livret d’Edouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, tiré du roman Les Souffrances du jeune Werther de Goethe, créé le 16 février 1892 à la Wiener Staatsoper de Vienne.
Scala de Milan, Représentation du samedi 15 juin 2024.

image_printImprimer
Jean-Sébastien BouBenjamin BernheimChristof LoyAlain AltinogluFrancesca Pia VitaleVictoria Karkacheva
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Raffaele D'Eredità

Raffaele D'Eredità obtient la Laurea (Master 2) en Disciplines Musicologiques à l'Université de Palerme. Il a entrepris ensuite une activité de ténor lyrique et d'écrivain dans son pays d'origine. Il est l’auteur d’une thèse en Musicologie à l'Université Paris-Sorbonne consacrée aux dernières œuvres de Jules Massenet. Il est l’auteur de plusieurs articles parus dans différentes revues et collections scientifiques et collabore aux activités de l’UMR IReMus (Institut de Recherche en Musicologie) et d’autres institutions européennes telles que le Théâtre de l’Opéra National de Paris.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Elle aurait 100 ans aujourd’hui : Anneliese ROTHENBERGER
prochain post
Monnaie de Bruxelles : un nouveau dénouement (tragique) pour Turandot : pourquoi pas ? (… mais pourquoi donc ?)

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025