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LA PÉRICHOLE, seconde distribution : Marina Viotti enfin dans un premier rôle à Paris !

par Stéphane Lelièvre 25 novembre 2022
par Stéphane Lelièvre 25 novembre 2022
© Delphine Royer
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Nous ne reviendrons pas sur le spectacle de Laurent Pelly, si ce n’est pour dire à notre tour combien le début du second acte est absolument hilarant, avec ces dames de la cour parfaitement décérébrées dont les voix nasillardes, les effets de cheveux, de bras et de mains offrent une parodie plus vraie que nature des influenceuses et autres stars (?) de la téléréalité qui inondent nos écrans – combien, également, il est émouvant de constater une nouvelle fois  à quel point l’art d’Offenbach, singulier mélange d’humour grinçant, de pur burlesque et de tendresse, fonctionne toujours sur un public visiblement aux anges.

Soulignons la grande qualité des seconds rôles, mais aussi l’excellence du chœur de l’Opéra de Bordeaux, préparé par Salvatore Caputo : aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de célébrer la fête du vice-roi que de parodier La Favorite de Donizetti (avec le chœur des courtisans « Quel marché de bassesse » et ses difficiles attaques a capella), ou encore de lancer le finale endiablé du premier acte (« Ah, le beau mariage ! »), on apprécie également la grande présence physique des choristes, très sollicités par la mise en scène sans que cela nuise pour autant à la qualité du chant.

Marc Minkowski confirme s’il était besoin les affinités électives qui le lient à Offenbach. Sa lecture de l’œuvre est parfaite : grinçante, émouvante, « sérieuse » quand il le faut : les quelques pages où pointe le drame (le « Dans son palais, ton roi t’appelle » de Piquillo, le « La jalousie et la souffrance déchirent mon cœur » du vice-roi, ou encore les quelques mesures étonnamment sombres qui, dans l’entracte du troisième acte, encadrent le motif du « Je t’adore, brigand » de l’héroïne joué à l’orchestre). Elle est surtout irrésistible d’entrain et de bonne humeur, et le chef met tout le public du TCE dans sa poche lorsqu’il l’invite à chanter, avec les musiciens de son orchestre, les « la la la la la »  des couplets de Don Pedro et Panatellas ! Après tant de réussites dans ce répertoire, formons des vœux pour que Marc Minkowki aborde enfin Robinson Crusoé ou Le Pont des Soupirs…

Laurent Naouri, après le « Papa Piter » d’Orphée aux Enfers et le baron de Gondremarck de La Vie parisienne, retrouve Offenbach et Laurent Pelly pour son plus grand bonheur et celui des spectateurs : excellent comédien, après des couplets de l’incognito légèrement hésitants (petits problèmes de rythme engendrant un léger et bref décalage avec l’orchestre), il ne fait qu’une bouchée du rôle de Don Andrès dont il révèle avec talent toute la teneur comique.

© Vincent Pontet

Et puis… il y a Marina Viotti, qui, après des débuts parisiens parfaitement réussis mais un peu discrets (un concert Vivaldi aux Invalides), chante enfin un rôle de premier plan dans la capitale. Le rôle de la Périchole lui va comme un gant, le velours de sa voix, la qualité de la diction, de la projection, égale sur toute la tessiture, et surtout une bonne dose d’humour lui permettant de rendre compte de toutes les facettes du personnage. Bien sûr, les airs les plus fameux sont impeccablement chantés : la Lettre est idéalement interprétée, avec juste ce qu’il faut d’émotion, sans effets dramatiques trop appuyés (ce serait déplacé dans ce répertoire), sans non plus le second degré appuyé que certaines y mettent parfois (et qui nous semble absolument incompatible avec la noblesse de la mélodie) ; les couplets de l’aveu sont irrésistibles de classe et de sensualité. Mais c’est aussi dans certains détails que se révèle tout l’art de la chanteuse, comme dans le duo final de « La Clémence d’Auguste » : la phrase « Mais ils tombent aux genoux de leur prince qui les accable tous les deux sous un pardon généreux » est chantée pianissimo avec tant de tendresse qu’on comprend aisément que Don Andrès ne puisse refuser son pardon !

Espérons que Marina Viotti soit prochainement réinvitée à Paris, par exemple dans un rôle rossinien (où elle excelle)… ou pourquoi pas dans cette très belle Voix humaine chantée il y a peu à Lisbonne sous la direction de Lorenzo Viotti, dans un fort beau spectacle signé Vincent Huguet ?

Les artistes

La Périchole : Marina Viotti
Piquillo : Stanislas de Barbeyrac
Don Andres, le Vice-Roi : Laurent Naouri
Les trois cousines : Chloé Briot, Alix Le Saux, Éléonore Pancrazi
Le comte Miguel de Panatellas : Rodolphe Briand
Don Pedro de Hinoyosa : Lionel Lhote

Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski
Choeur de l’Opéra National de Bordeaux, dir. Salvatore Caputo
Mise en scène et costumes : Laurent Pelly
Adaptation des dialogues : Agathe Mélinand
Scénographie : Chantal Thomas
Lumières : Michel Le Borgne
Collaborateur aux costumes : Jean-Jacques Delmotte

Le programme

La Périchole

Opéra bouffe de Jacques Offenbach, livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après Mérimée, créé le 06 octobre 1868 au Théâtre des Variétés dans une version en deux actes.
Paris, Théâtre des Champs Elysées, Représentation du jeudi 24 novembre 2022.

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Marina ViottiLaurent NaouriMarc MinkowskiLaurent Pelly
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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