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JEANNE… SANS LE BÛCHER : la GIOVANNA D’ARCO de Verdi fait son entrée au répertoire de l’Opéra de Marseille

par Hervé Casini 25 novembre 2022
par Hervé Casini 25 novembre 2022

© Christian Dresse

© Michèle Clavel

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Le septième opéra de Verdi fait une entrée claironnante – en version de concert – à l’Opéra de Marseille où il n’avait jamais été donné.

Une partition où se côtoie le souffle du Risorgimento et l’inspiration bucolique du maître de Busseto

Comme aime souvent à le répéter dans ses leçons musicales Riccardo Muti : « il n’existe pas de Verdi majeur et de Verdi mineur mais seulement des Verdi de jeunesse puis des Verdi de l’âge mûr et, enfin, des Verdi de la vieillesse ». Giovanna d’Arco s’inscrit donc dans la série de ce que le plus illustre citoyen de Busseto appelle ses « opéras des années de galère », c’est-à-dire ces 14 opéras écrits entre Nabucco (1842) et Rigoletto (1851) pour lesquels le maestro considère souvent ne pas avoir eu assez de temps pour qu’ils répondent à toutes ses exigences dramatiques. Du fait, en grande partie, d’un livret – signé Temistocle Solera – dont Stéphane Lelièvre, dans ses propos de préparation à l’ouvrage, considère à juste titre qu’il est des plus simplistes, convenus et pour le moins exotique[1], force est de constater que Verdi n’a pas tout à fait tort !

C’est d’ailleurs ici que la version de concert trouve, d’une certaine manière, tout son sens – même si nous sommes bien conscient que c’est souvent, hélas, un pis-aller dans une époque devenue compliquée pour les scènes régionales – puisque face à un livret indigent et à une caractérisation relativement limitée des personnages, le spectateur peut se focaliser sur la partition musicale et vocale. Disons-le donc d’emblée : la vision de l’ouvrage bien plus claironnante et risorgimentale que romantique et bucolique vers laquelle nous entraîne Roberto Rizzi Brignoli, de nouveau à la tête de l’orchestre et du chœur de l’Opéra après sa toute récente Elisabetta, Regina d’Inghilterra, ne nous a pas pleinement convaincue. N’en sont pas comptables, loin s’en faut, les très engagés et particulièrement attentifs musiciens de la phalange phocéenne qui répondent tous présents aux attentes d’une partition qui sans égaler, selon nous – et pour la même période – celle d’I due Foscari, recèle néanmoins d’évidentes beautés musicales parmi lesquelles on doit citer, dès l’ouverture, le dialogue plein d’une tendresse naïve des bois, l’introduction de l’air de Giovanna « O fatidica foresta » et le poétique dialogue du violoncelle et du cor anglais pour l’air du ténor « Quale più fido amico ». Le choix de tempi particulièrement rapides  par le chef ne nous a pas paru rendre toujours pleinement justice à une partition ayant plus qu’une autre besoin de délicatesse, de liant et de soyeux pour continuer à exister dans l’oreille du spectateur,  une fois le concert terminé.

Un plateau vocal exigeant

Si le travail du chœur – préparé avec sa rigueur habituelle par Emmanuel Trenque – est à saluer sans réserve, c’est davantage pour insister sur le fait que Verdi, ici, ne lui a pas vraiment octroyé le rôle de premier plan qui pouvait être le sien dans ses ouvrages patriotiques de la même époque mais où il en fait davantage une foule omnisciente, tour à tour enthousiaste, crédule ou encore furieuse.

Opéra sans véritables seconds rôles, à l’exception de quelques phrases bien projetées par Pierre-Emmanuel Roubet (Delil) et Sergey Artamonov (Talbot), c’est sur le trio soprano, ténor, baryton que s’édifie donc l’ouvrage.

Avec un authentique baryton Verdi du calibre de Juan Jesús Rodríguez, le rôle de Giacomo, père pourtant peu sympathique de Giovanna, prend soudain une ampleur insoupçonnée et donne à chacune des apparitions de l’artiste espagnol la garantie pour le public d’un beau moment : voix exceptionnellement étendue, aux graves à faire pâlir d’envie de nombreuses basses – ou prétendues telles –  et à l’aigu cinglant, c’est évidemment dans sa scène au début du troisième acte puis dans le magnifique duo avec sa fille « Amai, ma un solo istante » que l’on goutte sans réserve les qualités de phrasé, l’arrogance de l’accent et la projection impressionnante de cet interprète à l’engagement total – même dans une version concertante – aujourd’hui au zénith de sa carrière.

S’il est, lui, sur scène depuis quelque quarante ans, le ténor mexicain Ramón Vargas n’emporte pas notre enthousiasme mais force davantage notre admiration : doté d’un matériau vocal qui n’a jamais été doté d’une ampleur particulière ni du brillant tout de même apprécié dans l’aigu pour ce type d’emploi du « premier Verdi », il convient toutefois de reconnaître que la voix toujours souple et la technique hors-pair de Ramón Vargas met en confiance et permet d’être certain qu’on arrivera au bout de la soirée sans fatigue apparente. Poétique et inspirée, même si certaines nuances pourraient être plus audibles, la performance d’ensemble emporte au final l’adhésion.

Ce sont, du même coup, les qualificatifs de technicienne hors-pair dotée d’une voix souple qui viennent à l’esprit pour qualifier l’organe de Yolanda Auyanet. Voix centrale au métal tranchant dans lequel il ne faut guère aller chercher le soprano angelicato pourtant ici apprécié, la chanteuse, originaire de Las Palmas, se lance dans la bataille avec les moyens qui sont les siens et finit par convaincre de son adéquation avec un emploi dont il faut souligner les nombreuses embûches.

Au final, applaudissements nourris malgré une salle pas totalement pleine.

[1] https://www.premiereloge-opera.com/avant-concert/2022/11/20/se-preparer-a-giovanna-darco-verdi-opera-de-marseille-livret-partition-resume-analyse-cd-dvd-discographie/

Les artistes

Giovanna d’Arco : Yolanda Auyanet
Carlo VII : Ramón Vargas

Giacomo : Juan Jesús Rodríguez
Delil : Pierre-Emmanuel Roubet
Talbot : Sergey Artamonov

Chœur de l’Opéra de Marseille (chef de chœur : Emmanuel Trenque), orchestre de l’Opéra de Marseille, dir. Roberto Rizzi Brignoli.

Le programme

Giovanna d’Arco

Opéra en un prologue et trois actes de Giuseppe Verdi, livret de Temistocle Solera d’après la tragédie de Schiller, créé le 15 février 1845 au Teatro alla Scala, Milan.

Représentation du 23 novembre 2022, Opéra de Marseille.

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Yolanda AuyanetRamon VargasRoberto Rizzi-BrignoliJuan Jesus Rodriguez
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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