À la une
Une pléiade de stars pour le Concert des Ambassadeurs Rolex...
Brèves de mai –
Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza
Nouvelle distribution d’exception pour le Rigoletto de l’Opéra Bastille
Lyon, Peter Grimes : Chronique de l’homophobie ordinaire
CD- Rebelle : hommage à Célestine Galli-Marié
Le retour de Riccardo Muti à Turin pour la saison...
Faust version 1859 à Lille : plus intense, plus dramatique...
Ça s’est passé il y a 200 ANS : mort d’ANTONIO...
Milan : IL NOME DELLA ROSA – Le Moyen Âge d’Umberto...
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Julie de Boesmans, huis clos à Nancy

par Gilles Charlassier 28 mars 2022
par Gilles Charlassier 28 mars 2022

©Jean-Louis-Fernandez

©Jean-Louis-Fernandez

©Jean-Louis-Fernandez

©Jean-Louis-Fernandez

©Jean-Louis-Fernandez

0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
952

Rares sont les créations contemporaines à s’être durablement inscrites au répertoire. Julie, le quatrième opéra de Philippe Boesmans, créé en 2005 au Théâtre de la Monnaie sur un livret de Luc Bondy et Marie-Louise Bischofberger, adaptant la pièce de Strindberg, Mademoiselle Julie, peut compter parmi celles-ci. Au format de chambre, avec un effectif orchestral condensé et un plateau vocal réduit à trois solistes, l’opus a l’allure d’un huis clos explorant les dérèglements de l’intime.

Pour traduire les sourdes tensions qui, sur fond de l’ivresse de la Nuit de la Saint-Jean, de la consommation adultérine entre Julie et son valet va conduire au départ de la fiancée et au suicide de l’héritière, le compositeur belge a façonné une fascinante partition tapie de sonorités graves et feutrées, s’appuyant entre autres sur des parties développées à la grosse caisse et au contrebasson. Ces couleurs singulières, dans un tissu décanté, et les ostinati ponctuant le discours, contribuent à distiller une atmosphère fantomatique, où la violence des rêves entre en collusion trouble avec celle du réel, et que la direction ciselée d’Emilio Pomarico révèle admirablement – on saluera d’ailleurs l’investissement de l’Orchestre de l’Opéra national de Lorraine pour défendre les équilibres d’une économie musicale aussi délicate qu’inventive, portant l’empreinte inimitable de son auteur.

La scénographie réglée par Silvia Costa affirme une décantation au diapason d’une épure dramaturgique aux confins du psychologique. Les tonalités sombres, nocturnes, sinon noires, des décors, et que ne démentiront guère les costumes intemporels de Laura Dondoli, contrastent avec les variations de blanc dans les lumières de Marco Giusti, d’une évidente beauté expressive, calibrée subtilement au gré des évolutions affectives. L’espace domestique où se noue l’intrigue est condensé en son abstract oppressant, modulé par des panneaux mobiles, à la fois murs et fenêtres. Comme à son habitude, la metteur en scène s’appuie sur quelques accessoires – chaise, table, vaisselle suspendue – pour esquisser le minimum de réalisme requis, sans céder à la tentation de l’imitation naturaliste. La noire pluie de confettis accentue la plongée dans la nuit des désirs et des fantasmes, tandis qu’une averse de sable ensevelit tout espoir à la fin, quand le sacrifice de Julie est suggéré par la solitude d’un balai déserté par la jeune femme.

Dans ce climat ouaté qui finit par captiver, surtout si l’on n’y succombe pas prématurément, où la scansion entre le noir et le blanc porte une forte charge sémiologique, Irene Roberts incarne, avec un timbre riche et charnu, les tourments de Julie, enveloppés dans une chaleur vocale certaine. Dean Murphy impose un Jean à l’intonation percutante, d’une vigueur, voire d’une brutalité croissant à mesure de celle de son personnage. Quant aux accents stratosphériques de Lisa Mostin, encouragés avec une gourmandise sensuelle par l’écriture de Boesmans, ils exsudent le sommeil et la jalousie de Kristin. Si le spectacle fait, parfois, appel à une doublure dansée du rôle-titre, confiée à Marie Tassin, et à quelques acrobaties dévolues à Gianni Illiaquer, il sert d’abord l’inspiration originale et personnelle d’un opéra qui dément éloquemment la réputation de stérile aridité de la création lyrique contemporaine. On ne peut que remercier l’Opéra national de Lorraine de s’en faire ici le juste porte-parole.

Opéra national de Lorraine

Les artistes

Julie  Irene Roberts
Jean  Dean Murphy
Kristin  Lisa Mostin
Julie qui danse  Marie Tassin
Acrobate  Gianni Illiaquer

Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
Direction musicale  Emilio Pomarico

Mise en scène et décors  Silvia Costa
Collaboration aux décors  Michele Taborelli
Costumes  Laura Dondoli
Lumières  Marco Giusti
Dramaturgie  Simon Hatab
Assistanat à la mise en scène  Rosabel Huguet

Nouvelle production Opéra national de Lorraine
Coproduction Opéra de Dijon

Le programme

Julie
Opéra en un acte
Créé à La Monnaie/De Munt à Bruxelles, le 8 mars 2005

Livret de Luc Bondy et Marie-Louise Bischofberger d’après Mademoiselle Julie d’August Strindberg
Musique de Philippe Boesmans

Opéra National de Lorraine, Nancy
Représentation du dimanche 27 mars 2022, 15h

image_printImprimer
Silvia CostaEmilio PomaricoIrene RobertsDean Murphy
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Gilles Charlassier

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
CENDRILLON à l’Opéra Bastille – Éclats et merveilles d’une machine à princesses
prochain post
Idomeneo à l’essentiel à Avignon

Vous allez aussi aimer...

Une pléiade de stars pour le Concert des...

12 mai 2025

Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza

12 mai 2025

Nouvelle distribution d’exception pour le Rigoletto de l’Opéra Bastille

11 mai 2025

Lyon, Peter Grimes : Chronique de l’homophobie ordinaire

11 mai 2025

Faust version 1859 à Lille : plus intense,...

7 mai 2025

Milan : IL NOME DELLA ROSA – Le Moyen...

5 mai 2025

Florence, 87e Festival del Maggio Musicale Fiorentino :...

5 mai 2025

Firenze, 87° Festival del Maggio Musicale Fiorentino: un...

5 mai 2025

Le Freischütz en version de concert au TCE :...

5 mai 2025

Naples : Attila de chair et de feu !

3 mai 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    12 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman
  • Stéphane Lelièvre dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Bernet Yannick dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Une pléiade de stars pour le...

12 mai 2025

Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son...

12 mai 2025

Nouvelle distribution d’exception pour le Rigoletto de...

11 mai 2025