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Les festivals de l’été –
Le Trouvère aux Chorégies d’Orange : entre prestige et retenue

par Aurélie Mazenq 10 juillet 2025
par Aurélie Mazenq 10 juillet 2025

© Gromelle

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Sous les étoiles de la nuit provençale, les Chorégies poursuivent leur tradition d’excellence avec une nouvelle édition du Trouvère de Verdi, donné ce 6 juillet en version concertante mise en espace. Sur le papier, la soirée avait tout pour être mémorable : un plateau vocal de tout premier plan, un orchestre expérimenté, une scénographie discrète mais suggestive, et l’écrin prestigieux du festival. Pourtant, au-delà des indéniables réussites, une impression d’équilibre fragile s’est peu à peu installée, comme si les intentions musicales peinaient à trouver leur pleine harmonie.

La soirée s’ouvre avec Ferrando, capitaine de la garde, qui installe le récit à travers unn prologue narratif. La basse russe Grigory Shkarupa se distingue dans le rôle par une émission solide, une diction soignée, et une vraie présence dramatique. Son récit est incarné, soutenu par un orchestre clair, et s’inscrit dans une volonté manifeste de faire vivre les spectres du passé. Une entrée en matière engageante, dont le souffle théâtral annonce les enjeux du drame à venir !

Véritable star de la soirée, Anna Netrebko incarne Leonora avec l’aura qu’on lui connaît. Majestueuse dans une robe verte, elle choisit de faire de son personnage une héroïne romantique : amoureuse éperdue toute en intériorité, presque figée dans sa passion. Le tempo très lent de ses airs, notamment dans « Tacea la notte placida », laisse la place à une grande introspection, mais peine à convaincre totalement. L’émotion paraît comme retenue et l’expression peine à transcender la beauté du timbre. Le souffle est là, la ligne est assurée, mais cette vision contemplative, si elle surprend par sa douceur, reste à distance. Mais la magie opère pleinement dans « D’amor sull’ali rosee », l’air emblématique de l’acte III : ici, la lenteur devient respiration, la ligne se tend avec finesse, et Netrebko y met tout son engagement. La voix y gagne en lumière, la tension dramatique s’installe sans rupture, et le phrasé, soudain plus habité, donne à ce moment suspendu une dimension poignante. C’est là, sans doute, qu’elle touche au cœur du personnage… Un des sommets de la soirée !

Face à elle, Yusif Eyvazov en Manrico brille par son panache vocal. Son « Di quella pira » est lancé comme un cri de ralliement, impressionnant de puissance, avec des aigus vaillants et tenus. Son chant séduit par sa générosité, son engagement, et l’intention très marquée donnée à chaque phrase. Mais certaines inflexions ou variations marquent une tendance à s’éloigner du style verdien et donnent à sa prestation une couleur presque étrangère à l’univers de l’œuvre. Un choix assumé, sans doute, mais qui peut troubler l’homogénéité du propos autant que susciter l’admiration.

Marie-Nicole Lemieux, habituée du festival, aborde Azucena avec son sens habituel du théâtre et une grande générosité vocale. Comme à son habitude, elle met l’accent sur l’intention et le texte, apportant une vraie intensité dramatique et théâtrale au rôle. Cependant, la prestation reste en retrait par moments : la ligne vocale manque parfois de fluidité, et plusieurs aigus, fragiles ou imprécis, viennent en rompre la continuité.

Le baryton Aleksei Isaev offre un Luna à la voix sombre, bien timbrée, mais dont l’interprétation manque de souplesse et de nuances. L’émission, trop uniforme, et un vibrato parfois excessif rendent son incarnation un peu rigide. Si la voix est bien projetée, l’élégance de la ligne de chant et la subtilité du phrasé font parfois défaut.

Du côté des seconds rôles, la distribution se montre homogène et soignée. Claire de Monteil, jeune soprano française à l’avenir prometteur, campe une Ines lumineuse et solide, déjà remarquée sur la scène internationale (elle campait rien moins que le rôle-titre de Médée à la Scala en janvier 2024 !). Vincenzo Di Nocera, pour sa part, prête au messager et à Ruiz un timbre clair et bien projeté, salué pour sa musicalité. Tous apportent à cette production une cohérence d’ensemble bienvenue.

À la tête de l’Orchestre Philharmonique de Marseille, le chef italien Jader Bignamini livre une direction techniquement propre, mais dont les partis pris interrogent. Très à l’aise dans le répertoire verdien, l’orchestre brille par sa cohérence et la qualité de ses pupitres. Mais les choix de certains tempi (souvent ralentis au détriment de l’équilibre dramatique) pèsent sur la structure de l’œuvre. La tension se dilue, la ligne de chant se brise parfois, et la clarté du discours musical en souffre. Est-ce un choix assumé, une volonté de souligner le caractère méditatif du drame, ou une entente avec les solistes ? L’effet reste discutable mais semble avoir convaincu le public visiblement enthousiaste.

Réunis sous la direction de Stefano Visconti, les chœurs des Chorégies et de l’Opéra Grand Avignon se montrent d’une remarquable précision et révèle toutes les couleurs souhaités par Verdi. Le chœur traverse les différentes atmosphères avec toujours une grande homogénéité. Le célèbre chœur des gitans, dense et rythmé, est électrisé par une section de percussions particulièrement bien menée : les enclumes résonnent avec fracas, tandis que le triangle tinte avec une délicatesse cristalline. Mention spéciale également à l’intervention des femmes depuis les coulisses dans le chœur des religieuses de l’acte III : malgré les contraintes acoustiques notoires d’Orange (dues notamment aux distances), l’effet d’éloignement est ici parfaitement maîtrisé. Cette séquence, douce et éthérée, contraste avec la violence de l’intrigue et offre un véritable moment suspendu.

Enfin, la mise en espace, sobre mais élégante, s’appuie sur un jeu de projections parfaitement intégré à l’architecture du théâtre. Chaque tableau est accompagné d’une image unique, évocatrice, qui transforme le mur antique en forteresse, en cloître selon les scènes… Un dispositif discret mais intelligent, qui épouse les lignes du lieu tout en renforçant la dramaturgie. Une solution économique et poétique, qui donne envie, espérons-le, de retrouver bientôt une mise en scène complète dans ce lieu unique.

Les artistes

Leonora : Anna Netrebko
Azucena : Marie-Nicole Lemieux
Inez : Claire de Monteil
Manrico : Yusif Eyvazov
Il conte Luna : Aleksei Isaev
Ferrando : Grigory Shkarupa
Ruiz / un messager : Vincenzo Di Nocera
Un vieux gitan : Stefano Arnaudo

Orchestre Philharmonique de Marseille, dir. Jader Bignamini
Chœurs des Chorégies et de l’Opéra Grand Avignon

Le programme

Il Trovatore (version de concert)

Opéra en 4 actes de Guiseppe Verdi, livret de Salvatore Cammarano, d’après Antonio García Gutiérrez, créé le 19 janvier 1853 au Teatro Apollo de Rome.
Théâtre antique d’Orange, concert du dimanche 6 juillet 2025.

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Yusif EyvazovAleksei IsaevJader BignaminiMarie-Nicole LemieuxAnna Netrebko
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Aurélie Mazenq

Tombée depuis seulement quelques années dans la potion magique de l'art lyrique, Aurélie n'a, depuis lors, de cesse de rattraper le temps perdu en sillonnant les plaques-tournantes de l'Europe opératique... à la recherche des grandes voix de demain tout en se consolant par une collection impressionnante de vinyles de ne pas avoir pu entendre celles d'hier voire d'avant-hier...

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