À la une
Il aurait 100 ans aujourd’hui : JAMES KING
Ça s’est passé il y a 100 ANS : création de...
La Cité des compositrices fait chanter La Terre (et les...
Fidelio à l’Opéra de Bordeaux, une production inclusive et émancipatrice
Ni opéra, ni concert : le Stabat Mater de Pergolèse...
CD – Ernelinde, princesse de Norvège de Philidor – Éloge...
BENJAMIN APPL en concert à Genève : un récital à l’émotion...
Teatro regio de Turin – HAMLET ténor… et quel ténor...
Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par Il Caravaggio...
Un Paradis de Schumann onirique à la Seine musicale
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

Superbe concert Strauss, Brahms Sibelius à la Philharmonie

par Jean-François Lavigne 26 avril 2025
par Jean-François Lavigne 26 avril 2025

© Félix Broede

© Simon Fowler

0 commentaires 3FacebookTwitterPinterestEmail
879

Très beau concert hier soir au programme éclectique, à la Philharmonie de Paris, avec un Orchestre de Paris en forme olympique !

Belle découverte pour moi avec l’Ouverture Tragique en ré mineur op.81 de Johannes Brahms. J’avoue que je ne connaissais cette œuvre qu’au disque et l’avais toujours écoutée distraitement… Pour la première fois, hier, j’ai pris conscience des réelles beautés réunies par Brahms dans cette composition. Il pensa l’utiliser comme introduction à une exécution du Faust de Goethe au Burgtheater, mais finalement, elle fut créée en 1881 en même temps que la joyeuse Ouverture pour une fête académique. Evoquant ses deux Ouvertures dissemblables, Brahms déclarait : « L’une pleure et l’autre rit. »

C’est une pièce de musique pure, dans la lignée des ouvertures Egmont et Coriolan de Beethoven. On est séduit par la noble grandeur des thèmes, farouches, rudes ou fougueux, avec des moments où le temps semble se figer et s’intérioriser… C’est une œuvre particulière, à l’instrumentation sombre. La disposition de la forme est classique, avec, dans la partie développement, un thème au rythme de marche atténuée, voire énigmatique. L’Orchestre de Paris prend visiblement plaisir à s’investir dans cette ouverture, finalement assez peu jouée chez nous.

Le deuxième ouvrage revêt l’aspect lyrique du concert : les Quatre Derniers Lieder de Richard Strauss, sur des poèmes de Hermann Hesse (Printemps, Septembre, L’Heure du sommeil) et Joseph von Eichendorff (Au soleil couchant), pour lesquels l’orchestre se transforme en écrin attentif, liant expressivité et poésie, autour de la soprano Elsa Dreisig.

Strauss valorisa tous les styles de soprano : dramatique (Elektra, Hélène d’Egypte), légère (Sophie du Chevalier à la Rose), colorature (Zerbinette d’Ariane à Naxos) ou lyrique, comme dans ces derniers Lieder.

Adolf Hitler, qui opposait la musique de Richard Strauss à la musique « décadente » d’Arnold Schoenberg et son école, en avait fait le musicien national de son régime. Innocenté à l’issue des procédures en « dénazification » après la guerre, Strauss sortit de son procès lavé de tout soupçon, même si ses relations avec le régime nazi sont loin d’être limpides et restent un sujet de débat : voyez notamment cet article sur le site Music and the holocaust. Épuisé, Strauss consacrera ses derniers sursauts d’inspiration à sa voix favorite, lui offrant ces quatre très émouvants lieder, qui constituent un noble couronnement de son inspiration romantique.

En 2000, Natalie Dessay déclarait : « La musique de Strauss pose des problèmes de respiration, pas de phrasé. Il y a généralement une telle adéquation entre le texte et la musique que le phrasé coule de source ». Hier soir, Elsa Dreisig, ne présentait aucun signe de faiblesse quant à sa respiration, mais surtout, témoigna d’un investissement et d’une émotivité palpitant sur chaque note, qui fascinèrent l’assistance, témoins les rappels plus que fournis. Le public, toujours gourmand (trop ?), déplora juste de ne pas obtenir un bis de la chanteuse qui nous quitta bien tôt…

Selon Hermann Hesse, « La musique repose sur l’harmonie entre le Ciel et la Terre, sur la coïncidence du trouble et du clair ». Remarquable réflexion incluse dans le programme papier, qui permit à Jukka-Pekka Saraste de poursuivre le concert avec la 5e Symphonie de Jean Sibelius. Fort belle manière pour lui de rendre hommage à son compatriote.

Créée en 1915 à Helsinki, pour les 50 ans du compositeur, mais révisée de 1916 à 1919, cette symphonie se trouva contemporaine de la révolution russe et de la guerre d’indépendance finlandaise. Son énergie galvanisante et sa grandeur l’ont faite souvent qualifier de « cosmique ».

Rien ne subsiste de la version intermédiaire de 1916, ce que l’on regrette aujourd’hui, car ce qui en est connu révèle des audaces d’écriture telles que l’harmonie bitonale ou une fugue pour cordes dont le thème évolue chromatiquement. Quoi qu’il en soit, dans cette version définitive, l’art si personnel de Sibelius, où se conjuguent des sentiments de confiance existentielle et d’angoissantes interrogations spirituelles, trouve là l’une de ses expressions les plus achevées. L’ouvrage s’épanouit dans un lyrisme confiant, voire héroïque et conquérant (dernier mouvement).

Soulignons que pour la troisième fois dans l’œuvre de Sibelius, un oiseau symbolique imprime sa marque sur cette symphonie, le cygne. Dans son Journal, Sibelius notait : « Aujourd’hui à onze heures, j’ai vu seize cygnes. L’une des plus grandes expériences de ma vie ! (…) Leurs cris étaient du même type d’instruments à vent que les grues, mais sans trémolo. Le cri du cygne plus proche de la trompette (…) Mysticisme de la nature et angoisse de la vie ! Le thème du Finale de la Cinquième symphonie : « legato » aux trompettes ! » Pour rappel, évoquons le Cygne de Tuonela, extrait des 4 Légendes du Kalevala (Lemminkäinen), de 1900 ; et Le Cygne blanc, musique de scène pour la pièce d’August Strindberg de 1908, puis suite symphonique op.54.

Avec Jukka-Pekka Saraste, l’Orchestre de Paris déploie un superbe hymne à la nature, où une puissance épique impressionnante côtoie des moments d’une fluidité infinie. Ce fut une lecture très expressive, presque lyrique, d’une partition difficile à structurer, mais pour laquelle le chef maintint une progression vigoureuse, l’intense graduation se concluant en une apothéose triomphale.

Ce concert a été enregistré pour Radio Classique et sera diffusé le dimanche 31 mai 2025 à 20h00 : ne manquez pas sa retransmission !

Les artistes

Elsa Dreisig, soprano

Orchestre de Paris, dir. Jukka-Pekka Saraste

Le programme

Johannes Brahms
Ouverture tragique

Richard Strauss
Quatre Derniers Lieder

Jean Sibelius
Symphonie n° 5

image_printImprimer
Elsa DreisigJukka-Pekka Saraste
0 commentaires 3 FacebookTwitterPinterestEmail
Jean-François Lavigne

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Saison 25-26 de la MONNAIE DE BRUXELLES
prochain post
Sonnambula au Liceu – Rêve en ruines et extase belcantiste

Vous allez aussi aimer...

La Cité des compositrices fait chanter La Terre...

21 mai 2025

Fidelio à l’Opéra de Bordeaux, une production inclusive...

19 mai 2025

Ni opéra, ni concert : le Stabat Mater...

19 mai 2025

BENJAMIN APPL en concert à Genève : un récital...

18 mai 2025

Teatro regio de Turin – HAMLET ténor… et...

17 mai 2025

Festival de Saint-Denis : « Nos esprits libres » par...

17 mai 2025

Un Paradis de Schumann onirique à la Seine...

16 mai 2025

Ni veuve, ni franchement joyeuse : Strasbourg redécouvre la...

15 mai 2025

Une pléiade de stars pour le Concert des...

12 mai 2025

Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza

12 mai 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    15 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Nanou dans Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza
  • Kan Jean-Paul dans Samson et Dalila à Saint-Étienne, la bande-son de Gaza
  • Norbert RIVIERE dans GIOVANNI PACINI : un musicien dont l’œuvre reste encore à redécouvrir…
  • Hervé Casini dans Asmik Grigorian, Carlo Rizzi, Christof Loy : triple triomphe pour le TRITTICO de l’Opéra Bastille
  • Hervé Casini dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

La Cité des compositrices fait chanter...

21 mai 2025

Fidelio à l’Opéra de Bordeaux, une...

19 mai 2025

Ni opéra, ni concert : le...

19 mai 2025