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Les festivals de l’été –  
Connaissez-vous Tůma ? Les surprises d’Andreas Scholl à Beaune  

par Nicolas Darbon 15 juillet 2024
par Nicolas Darbon 15 juillet 2024

© Ars Essentia

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Tuma – Motets pour la reine Christine – Andreas Scholl et Roman Valek au Festival de Beaune

Motets chambristes et cantates glorieuses du tchèque František Tůma à la basilique Notre-Dame de Beaune, le 12 juillet 2024.

Le principal intérêt de cette soirée est de découvrir le compositeur František Ignác Antonín Tůma dans un programme haut en couleur, servi par l’une des stars du chant baroque, Andreas Scholl. Les plus avertis auront pu, à l’avance, entendre les pièces musicales de ce même concert dans un disque compact du label Aparté enregistré l’an passé en République Tchèque. Et en effet, hormis le contreténor allemand, les solistes et le chœur sont tchèques (les solistes provenant du chœur).

Il en va de même de la phalange orchestrale. Sans surprise, le Czech Ensemble Baroque contient, outre les violons et l’alto, un copieux pupitre de cuivres : quatre clarinos (trompettes naturelles), deux saqueboutes (ancêtres du trombone), un cornet à bouquin (corne avec embouchure, d’où bocca : bouquin), et un basson ; plus des timbales (souvent furieuses). Le continuo est comme d’habitude composé – en alternance – de violoncelle (aux sonorités très suaves), contrebasse, clavecin, orgue positif, théorbe. Le tout est dirigé avec énergie par Roman Válek. Si Andreas Scholl vient régulièrement à Beaune depuis trente ans, le Czech ensemble, qui a déjà beaucoup produit et s’est fait connaître sur la scène internationale, se présente pour la première fois au Festival.

Ce Tůma (1704-1774) – prononcer Touma –, il faut apprendre à le connaître ! Une belle découverte ! Mozart et Haydn, dit-on, appréciaient sa musique ; ce n’est pas un hasard. Nous avons vu ressurgir et nous sommes maintenant familier de Jan Dismas Zelenka (1676-1745) ; or, avec Bohuslav Černohorský (1784-1842), certains considèrent Tůma – dont on ne parle guère en France – comme le plus important compositeur tchèque, entre ces deux compositeurs. Après des études à l’Université de Prague, Tůma chante comme ténor à l’église de Saint-Jacques des Minorites sous la direction de Černohorský. Gambiste et théorbiste de renom, il joue en compagnie de Zelenka avant de se fixer à Vienne en tant que maître de chapelle du comte Kinský. En 1741, Elizabeth-Christine, veuve de l’empereur Charles VI, fonde sa propre chapelle musicale et place à sa tête Tůma.

Le présent concert tourne autour de Tůma lorsqu’il était au service de l’impératrice Elizabeth-Christine entre 1743 et 1750. Après la mort de l’empereur, les castrats ne viennent plus au château de Hetzendorf ; les mélodies d’alto que nous entendons étaient donc confiées à de jeune garçons ou des falsettistes. Lorsque la reine décède en 1750, la chapelle musicale est dissoute et Tůma remercié ; il se sépare de son épouse et se retire dans un monastère en 1768 puis chez les Frères de la Charité. Tůma a écrit principalement des œuvres religieuses.

Le Te Deum (1745) est à la fois glorieux et assez sophistiqué, harmoniquement et structurellement. Une entrée tonitruante des timbales seules précède une variété de techniques musicales allant du contrepoint au chant solo accompagné. Ces airs sont confiés à Andreas Scholl qui se met en avant par son velouté et sa diction raffinée, ainsi qu’à la soprano, au ténor et à la basse (aux voix bien timbrées et franches) qui feront des allers-retours avec le chœur pendant le concert. Quelle qualité vocale, ce chœur ! Nous avons aussi droit à des solos de théorbe et des envolées éclatantes des vents  à la limite du son cuivré : « Te gloriosus Apostolorum chorus ! »

Andreas Scholl chante ensuite deux pièces conçues comme des cantates à deux arie. Le motet de tempore (1750) commence par un quasi-recitativo débouchant sur un air ternaire : dans « l’amour », le « cœur céleste palpite sans crainte », avec force vocalises comme il se doit, parfois sous un nuage de silence. Le récitatif modulant fait dialoguer le théorbe et le continuo, et l’air final met en valeur le vibrato et le détaché des vocalises sur « fax ». Scholl poursuit par le motet de saint Jean Baptiste (1743), dont les paroles assemblent l’Ancien Testament et un texte du VIIIe siècle. On goûte les vocalises de Scholl cette fois légato ; le chœur conclut par un alléluia polyphonique.

Après l’entracte, une Sinfonia à quatre en Sol rassemble les cordes, le continuo dont le basson ; elle exploite marches harmoniques et autres techniques ; la structure est celle de la sinfonia d’opéra napolitain, même si ses trois mouvements préfigurent la forme classique. Contraste assuré avec la sublime cantate de Jean-Sébastien Bach, Cantate Widerstehe doch der Sünde « Résiste donc au péché » BWV 54 (1714), qui remet l’église au centre du village : même si Tůma est captivant, le génie de Bach transpire dans toutes les facettes de cette pièce… Scholl fait encore montre d’une diction parfaite, avec des figuralismes légers lorsque l’âme est « transpercée », ou une voix poitrinée dans le « tombeau ».

Pour finir, le Dixit dominus (1743) avec la phalange au complet fait entendre cette fois les saqueboutes sur des rythmes entraînants. C’est là encore une sorte de cantate faisant alterner chœurs et solos, jusqu’à un accord parfait fortissimo des cuivres. La jouissance dans la puissance des musiciens tchèques n’a rien de dissimulé…

En bis, le public a droit au début du Te Deum.

Qu’il s’agisse des pianissimi du contre-ténor ou des fortissimi des trompettes, la Basilique offre une acoustique tout à fait adaptée, et le vent ou le froid voire la pluie dijonnaise n’y sont pas à craindre, comme à l’Hôtel-Dieu. Ce concert donne l’occasion de signaler qu’il s’agit de la dernière année sous la supervision d’Anne Blanchard, cofondatrice du festival. Sans atteindre le nombre de 7.000 bénévoles qui animent le festival des Vieilles charrues… les très nombreux passionnés qui font vivre le festival de Beaune impressionnent chaque fois que l’on s’y rend par la beauté des sourires et l’amabilité des gestes. Le public fidèle ne s’y trompe pas, d’autant que Beaune est le lieu rêvé pour conjuguer dans la même soirée les plaisirs du palais et les délices de l’oreille. La Basilique comme les Hospices sont au cœur de la capitale mondiale du vin. Le maire, Alain Suguenot, qui assiste souvent aux concerts, n’a pas tort d’affirmer que Beaune est devenue un phare culturel illuminant le riche héritage du baroque.

Les artistes

 Andreas Scholl, contre-ténor

Czech Ensemble Baroque, dir. Roman Valek 

Le programme

Motets pour la Reine Christine

Opéra en x actes de xxxxx, livret de xxxx d’après xxx, créé à xxx en xxx.

Basilique Notre-Dame de Beaune, , Festival de Beaune, concert du vendredi 12 juillet 2024. 

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Andreas SchollRoman Valek
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Nicolas Darbon

Nicolas Darbon est maître de conférences (HDR) à Aix-Marseille Université. Avant sa carrière universitaire, il a été , il a été pendant plus de vingt ans professeur de musique en collèges-lycées. Spécialiste de la musique des XXe-XXIe siècles, il a organisé de nombreux colloques. Il coordonne le Groupe de recherche sur la musique (GRiiiM), encadre le Journal du GRiiiM et les journées d'études organisées aux Antilles. Parmi ses derniers livres Musique et Littérature en Guyane : explorer la transdiction, publié en 2018 chez Garnier Classiques ; ainsi que Les Musiques du chaos ; Dutilleux... du cristal à la nuée, Messiaen... les sons impalpables du rêve, Musica y Complejidad. Il contribue à l'Histoire de l'opéra français publié chez Fayard, à L'Avant-scène opéra, et rédige de nombreux articles sur l'opéra. Il est compositeur et président de Millénaire III éditions.

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