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Rencontres musicales de Vézelay – Carnet de bord J2 – De Domenico Scarlatti aux chœurs romantiques

par Sabine Teulon Lardic 30 août 2022
par Sabine Teulon Lardic 30 août 2022
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Si “Vézelay, Vézelay, Vézelay, Vézelay" est le plus bel alexandrin de la langue française selon Louis Aragon, les Rencontres musicales de Vézelay ne seraient-elles pas le plus original des festivals de musique sur le territoire national ? Tandis que la basilique romane de Vézelay, les églises et jardins de l’Avallonnais (Yonne) résonnent en musiques, les passerelles entre mémoire et exploration irriguent les Rencontres, du 25 au 28 aout. De la haute-contre Jéliote à l’hommage à Joséphine Baker, auditrices et auditeurs font l’expérience d’un élargissement culturel, incluant tant les musiques tsiganes, bulgares que jazzy.

Itinéraire religieux de Domenico Scarlatti

© Vincent Arbelet

Dans l’église Saint Germain de Vault-de-Lugny, le public des Rencontres musicales découvre les compositions religieuses de Domenico Scarlatti (1685-1757), beaucoup moins connues que celles d’Alessandro Scarlatti (son père). Si l’ensemble Le Caravansérail, fondé et dirigé par Bertrand Cuiller depuis 2015, en est ici le maître d’œuvre, son chef, claveciniste et continuiste renommé, sélectionne trois œuvres religieuses, depuis le clavier de son orgue. Celles-ci sont entrecoupées d’une pièce à l’orgue qui déploie les entrées en fugato de la Sonate pour clavier K 30.

© Vincent Arbelet

Comment maîtriser le stile antico (style ancien) et le style du second baroque lorsqu’on est contemporain de Haendel et de J.-S. Bach ? C’est ce que démontre l’aisance compositionnelle de D. Scarlatti, dont la carrière européenne se partage entre la péninsule italienne (Cappella Giulia de Rome),  la chapelle royale de Lisbonne puis la cour royale de Madrid. Grâce à sa formation exceptionnelle et à ses postes successifs, Domenico assume tant la sévérité du contrepoint « à la Palestrina » dans la Missa brevis quatuor vocum que l’apothéose du nouveau style dans le Stabat mater à dix voix. L’interprétation déliée du chœur et du continuo dote ce cycle latin, consacré à la Vierge, mère des douleurs, d’une aura sublime. D’autant que les fresques peintes des voutes de l’église Saint Germain séquencent le chemin de croix du Christ. On apprécie les qualités vocales des dix solistes (soprani et ténors en particulier), la lisibilité de leurs entrées au sein d’un tissu polyphonique très dense. Après les soli virtuoses et les madrigalismes du mouvement Inflammatus (Faites que je sois enflammé), la luxuriance de l’Amen conclusif atteint des sommets que seule la Messe en si de Bach a tutoyés.

Fresque « Descente de croix », église de Vault-de-Lugny (Photo Sabine Teulon-Lardic)

Des chanteuses bulgares au chœurs romantiques

L’esprit des Rencontres musicales de Vézelay, Cité de la voix, réside dans le frottement de traditions vocales issues de toute origine. Sur la scène dressée au chevet de la basilique, à l’ombre d’une terrasse qui surplombe les collines cultivées de l’Avallonnais, les bulgares du quatuor Balkanes enchantent l’aprés-midi du 27 août.

© Vincent Arbelet

Dans leur vêtement chamarré, casquées de turbans ou de chevelures opulentes, les quatre jeunes femmes apostrophent les spectateurs avec humour entre deux chansons. Leurs répliques offrent quelques clés sur les situations familières qui animent leur corpus traditionnel : amours, duperie, querelles, ivrognes, etc. L’auditeur est frappé de la configuration des voix au sein de leur quatuor : 2 voix graves se rapprochent de la teneur du motet médiéval tandis que les voix aiguës font virevolter des mélodies dansantes, souvent modales. Les onomatopées et les jeux de technique vocale instaurent une convivialité enjouée, toute féminine, que corrobore  le commentaire conclusif de la chanteuse mezzo : « c’est grâce aux chants des femmes que les Bulgares ont traversé la domination turque et le communisme ! ».

© Vincent Arbelet

Le soir, le public renoue avec la spiritualité qu’insuffle la basilique Sainte-Marie-Madeleine. Une sorte de transfert s’accomplit depuis le monastère autrichien de Saint-Florian (Autriche). Enfin effet, les motets latins d’Anton Brückner, puis la Liturgie de Saint-Jean-Chrysostome op. 41 de P. I. Tchaïkovsky sont magnifiés par le Latvian Radio Chor (Chœur de la Radio Lettone). Sous la sobre direction de Sigvards Klava, les six motets latins du pieux compositeur autrichien, professeur de contrepoint à l’université de Vienne, atteignent les hauteurs de la voute de la basilique … et le cœur des auditeurs. On est frappé de la richesse d’écriture du Christus factus est, qui fait valoir l’onctueuse pureté et l’homogénéité de cette phalange d’une rigueur d’interprétation assez unique. La vigueur du pupitre des soprani dynamise les triples exclamations de l’Ave Maria.

De la liturgie catholique romaine jusqu’à celle orthodoxe sous l’Empire russe, le pas est aisément franchi (d’ailleurs sans entracte par les artistes). Dans le cycle russe de Tchaïkovsky, les soli du diacre alternent avec le chœur des fidèles. Tour à tour recueillies, attendries, engagées (Credo), louangeuses, de supplique, de douceur mariale (Izradno o presvatey), les dix pièces constituent un sommet de l’art romantique religieux. L’Alleluia de l’Hymne de communion répand ses mélismes d’une jubilation extrême, avant que le fugato de la dernière pièce éclaire la basilique de mille reflets. Acclamé par un auditoire enthousiaste, le célèbre chœur letton offre un chant ukrainien en bis, signé de Valentin Sylvestrov (1937- ). Il ne s’agit pas conclure en langue russe …

© Vincent Arbelet
Les artistes
  • Pour Apolonia : Quatuor Balkanes avec Martine Sarazin,  Milena Jeliazkova (sopranos), Diana Barzeva (mezzo),  Milena Roudeva (contre-alto).
  • Pour le concert D. Scarlatti : Maïlys de Villoutreys, Aleksandra Lewandowska, Hasnaa Bennani, Grace Durham : sopranos 
    Léandro Marziotte, Paul Figuier : contre-ténors 
    Thomas Hobbs, Valério Contaldo : ténors
    Benoît Arnould, Nicolas Certenais : basses ;
    Le Caravansérail, Bertrand Cuiller, orgue et direction
  • pour A Mercy of Peace : Chœur de la Radio Lettone, Sigvards Klava, direction.
Le programme
  • Missa brevis quatuor vocum ; Sonate pour clavier K30 en sol mineur ; Te Deum à double chœur, Stabat mater de Domenico Scarlatti
  • Apolonia, chants bulgares avec le Quatuor Balkanes
  • A Mercy of Peace :
    Liturgie de Saint-Jean-Chrysostome op. 41 de Piotr Ilitch Tchaïkovsky ; motets latins Locus iste, Virga Jesse, Christus factus est, Salvum fac populum tuum, Ave Maria, O Justi d’Anton Bruckner

Rencontres musicales de Vézelay, 26 août 2022

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Sabine Teulon Lardic

Sabine Teulon Lardic est chercheure à l'université de Montpellier 3. Spécialiste de l'opéra-comique du XIXe siècle et des spectacles lyriques dans les Théâtres de plein air (XIXe-XXIe siècles), elle a collaboré aux volumes collectifs de Carmen Abroad (Cambridge Press), The Oxford Handbook of the Operatic Canon (Oxford Press), Histoire de l'opéra français, t.3 (Fayard, 2022). Elle signe également des articles pour les programmes de salle (Opéra-Comique, Opéra de Montpellier) ou la collection CD du Palazzetto Bru Zane.

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