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La Fanciulla des grands espaces met dans le mille au San Carlo !

par Hervé Casini 3 mai 2025
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© Luciano Romano

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Naples, La fanciulla del West, 26 avril 2025

En choisissant pour cette Fanciulla del West la production créée in loco pour l’ouverture de la saison 2017-18, le Teatro San Carlo fait, à juste titre selon nous, le pari des grands espaces américains tels qu’Hollywood, sur le grand écran, les donna à voir pendant toute une période de son âge d’or. Il en résulte un spectacle propice au rêve et à l’évasion, à la distribution vocale de haute volée mais qui aurait sans doute pu davantage gagner en cohérence avec une direction d’orchestre au dynamisme plus soutenu.

Une production made in Hollywood

C’est avec une minute de silence en mémoire du Pape François, dont les obsèques s’étaient déroulées le matin, que débute cette soirée, lui conférant a priori un climat propice à l’attention d’un public venu particulièrement nombreux : tel ne sera malheureusement pas le cas et nous aurons eu à déplorer – comme c’est très souvent le cas désormais ! – les éternels téléphones portables consultés alors que la salle est plongée dans l’obscurité, les conversations qui perdurent en début d’acte alors que la musique a logiquement repris ses droits, sans parler de premiers rangs d’orchestre qui se lèvent immédiatement après la dernière note et sortent de la salle sans attendre les saluts !

Dès le lever de rideau, la présence d’affiches de films rappelant que The Girl of the Golden West fut, dès l’époque du muet, un sujet cher aux grands studios, nous plonge dans une scénographie faisant la part belle aux vidéos de grands espaces ainsi qu’aux crépuscules et levers du jour californiens, en fond de scène : signant à la fois mise en scène, scénographie et costumes, la reprise de ce spectacle d’Hugo de Ana, parfaitement réglé par Paolo Vettori, doit ainsi une part importante de son impact aux poétiques lumières de Vinicio Cheli et aux projections de Sergio Metalli. De même, on ne pourra pas reprocher aux artisans de ce spectacle de n’avoir pas su faire se mouvoir sur le plateau l’ensemble du chœur masculin : acteur à part entière, celui-ci est amené à démontrer, au premier acte, lors d’une bagarre de saloon mémorable, qu’il est gagné par la fièvre de l’or puis, à l’acte III, alors que l’on dresse la potence où Dick Johnson doit être pendu, qu’il est prêt à succomber à un effet de meute impressionnant.

Ici, les lieux sont bien ceux figurant dans le livret et, même si le saloon La Polka ou le chalet de Minnie, à l’acte II, n’ont pas les dimensions de ceux autrefois proposés par Gian Carlo del Monaco dans sa production de Fanciulla, toujours gravée dans les mémoires, ils permettent aux chanteurs de développer un projet artistique cohérent, ce qui n’est déjà pas si mal !

Enfin, s’inscrivant dans la lignée des tableaux de l’Ouest nord-américain d’un Charles Marion Russell, au milieu de costumes et de scènes de genre où pas un accessoire ne manque, avouons notre plaisir coupable à voir apparaître sur scène Anna Pirozzi, colts en main, coiffée d’un bonnet alla Caroline Ingalls de La Petite Maison dans la prairie ! Il est bon encore parfois qu’une production d’opéra nous ramène à des souvenirs d’enfance…

Un orchestre et un chœur masculin vigoureux, à l’unisson avec un plateau vocal de belle facture

La fanciulla del West est, avec Turandot, l’opéra de Puccini où le chœur – ici uniquement masculin – est doté d’une place de premier choix. Sans jamais se montrer bruyant, comme cela peut être parfois le cas dans cette partition, la formation parthénopéenne préparée par Fabrizio Cassi sait se distinguer par la beauté de sa couleur et la vigueur de son expression.

De même, on attend ici de l’orchestre, dès les premiers accords du prélude, qu’il puisse d’emblée prendre sa pleine dimension, dans un ouvrage où le compositeur lucquois expérimente des sonorités hardies pouvant aller jusqu’aux limites de la dissonance. Si la battue du chef anglais Jonathan Darlington sait dégager les nombreuses nuances d’une partition à la poésie musicale infinie – depuis le chant à bouche fermée du chœur venant commenter le départ de la mine du dépressif Larkens jusqu’aux derniers accords ponctuant l’adieu à la Californie des deux personnages principaux – elle a cependant tendance à perdre de vue les nombreuses variations rythmiques d’une musique qui puise souvent son inspiration parmi le folklore américain et les danses à la mode (ragtime, cake-walk…). Il en résulte souvent un manque de dynamique d’ensemble, même si la qualité intrinsèque de la phalange napolitaine donne parfaitement à entendre tout ce qui écrit dans la partition.

Côté vocal, l’ouvrage est construit comme une mosaïque de rôles de composition : si le chant du baryton Gabriele Ribis (Jack Wallace), auquel reviennent les nostalgiques phrases évoquant le souvenir des parents éloignés, ne nous a pas pleinement convaincu, le Larkens sonore de la basse Lorenzo Mazzucchelli emporte l’adhésion tout comme le Nick du ténor Alberto Robert, le Ashby de Mariano Buccino et le Sonora de Leon Kim. Outre les interprètes des rôles de Sin, Trin, Bello, Harry et Happy, tous parfaitement tenus, il convient de particulièrement saluer les élèves de l’Académie du Teatro San Carlo qui, le plus souvent avec excellence, incarnent ici les rôles de Joe (Sun Tianxuefei), José Castro (Yunho Kim), Billy Jackrabbit (Sebastià Serra) et de l’indienne Wowkle (Antonia Salzano).

En Jack Rance, le baryton italien Gabriele Viviani séduit d’emblée par la vis dramatica qu’il sait déployer dans un rôle à l’ambitus sans doute un peu trop grave pour son type de voix, mais où sa facilité de projection est particulièrement louable. Dans son monologue « Minnie, dalla mia casa son partito » tout comme dans l’exceptionnel moment dramatique de la partie de poker, à la fin du deuxième acte, la voix n’est jamais rocailleuse et l’interprète sait éviter les pièges du « méchant » de mélodrame.

Nous avions particulièrement apprécié Martin Muehle venu sauver les représentations monégasques d’Andrea Chenier, en 2022, après le forfait de Jonas Kaufmann. En Dick Johnson, plus encore, la voix du ténor germano-brésilien apparait dès les premiers accents comme celle du rôle : celui d’un authentique ténor dramatique, voix pas si fréquente dans le panorama lyrique actuel pour que l’on fasse la fine bouche face à une telle colonne sonore, impressionnante sur tout l’ambitus. Certes, on aimerait parfois davantage de variantes dans la palette des couleurs mais ce chant sait aussi se faire nuancé dans un « Ch’ella mi creda » de grande noblesse et dans des duos avec Minnie absolument électrisants où l’aigu de bronze de Muehle est particulièrement glorieux ! Triomphe mérité à l’applaudimètre lors de la représentation à laquelle nous avons assisté.

Pour ces débuts italiens dans un rôle déjà abordé à Hambourg, Anna Pirozzi donne dans le rôle titre une représentation des grands soirs ! Après une entrée aux décibels capables d’hérisser le poil sur l’échine, la soprano napolitaine délivre une leçon de chant puccinien où la retenue indispensable aux infinies nuances dont est truffée la partition – en particulier dans la scène de la lecture des extraits de la Bible aux mineurs puis dans son adieu à la terre californienne – le dispute aux moments de pur héroïsme musical – la fin du deuxième acte évidemment ! – sans que l’on ne soit jamais inquiet pour un matériau vocal absolument exceptionnel !

Une performance à marquer d’une pierre blanche et, de nouveau, s’il en était besoin, la conviction que La Fanciulla del West est l’une des partitions les plus exceptionnelles du répertoire opératique.

Les artistes

Minnie : Anna Pirozzi
Jack Rance : Gabriele Viviani
Dick Johnson : Martin Muehle
Nick : Alberto Robert
Ashby : Mariano Buccino
Sonora : Leon Kim
Sid : Lodovico Filippo Ravizza
Trin : Antonio Garés
Bello : Clemente Antonio Daliotti
Harry : Gregory Bonfatti
Joe : Sun Tianxuefei
Happy : Pietro Di Bianco
Larkens : Lorenzo Mazzucchelli
Billy Jackrabbit : Sebastià Serra 
Wowkle : Antonia Salzano 
Jack Wallace : Gabriele Ribis
José Castro : Yunho Kim 
Un postillon : Michele Maddaloni 

Orchestre du Teatro San Carlo, dir. Jonathan Darlington
Chœur du Teatro San Carlo, dir. Fabrizio Cassi
Mise en scène, décors et costumes : Hugo De Ana ; reprise par Paolo Vettori
Lumières : Vinicio Cheli
Projection vidéo : Sergio Metalli

Le programme

La fanciulla del West

Opéra en 3 actes de Giacomo Puccini, livret de Guelfo Civinini et Carlo Zangarini d’après le drame The Girl of the Golden West de David Belasco, créé au Metropolitan Opera de New York le 10 décembre 1910.
Naples, Teatro san Carlo, représentation du samedi 26 avril 2025.

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Anna PirozziGabriele VivianiMartin MuehleJonathan Darlington
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Hervé Casini

Hervé Casini est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, docteur en littérature française à Aix-Marseille Université et Secrétaire Général du Museon Arlaten (Musée d’ethnographie provençale). Collaborateur de diverses revues (Revue Marseille, Opérette-Théâtre Musical, Résonances Lyriques…), il anime un séminaire consacré au « Voyage lyrique à travers l’Europe (XIXe-XXe siècle) à l’Université d’Aix-Marseille et est régulièrement amené à collaborer avec des théâtres et associations lyriques dans le cadre de conférences et colloques.

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