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Concert

Salon italien à l’Amphithéâtre de la Bastille avec Verdi, Puccini et Berio

par Cartouche 6 avril 2022
par Cartouche 6 avril 2022
Il salotto di Clara Maffei - Elleboro Editore
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Superbe concert de musique de chambre par les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris.

Pour un peu on se serait cru dans un salon milanais ce vendredi 1er avril, celui de Clara Maffei, protectrice de Verdi d’auguste mémoire, où, en l’absence de gramophone et autres tourne-disques, des artistes étaient venus présenter des extraits d’opéra ou des mélodies de compositeurs du moment, seul moyen alors d’entendre et de propager largement leur musique. À l’exemple des transcriptions, variations et paraphrases sur des airs d’opéra que tout pianiste virtuose se devait d’inclure à un concert (rappelez-vous des Variations sur la Molinara de Beethoven dans les Classiques Favoris du Piano !), deux œuvres de ce type, la Fantaisie de concert sur les thèmes de Rigoletto de Luigi Bassi (1833-1871) et la Suite d’après la Luisa Miller de Verdi de son ami, l’indispensable Emanuele Muzio (1821-1890), encadraient deux pièces originales, les Crisantemi de Giacomo Puccini et les Quattro canzoni populari de Luciano Berio, qu’on ne présente plus.

Luigi Bassi, longtemps clarinettiste solo à la Scala de Milan, a baigné dans le répertoire de Bellini, Donizetti et Verdi auxquels il rend hommage en transcrivant leurs grand airs pour clarinette et piano, d’où cette fantaisie sur Rigoletto. Elle inclut notamment la Malédiction, le Quatuor de l’acte III, le Caro nome de Gilda et les musiques de fête des courtisans et fait entendre, à la manière des ouvertures de concert ou des poèmes symphoniques, les personnages principaux de l’opéra et son essence même, sans renoncer pour autant à la virtuosité dans la partie de clarinette, parfois soliste, parfois accompagnatrice du piano. Philippe Cuper a brillamment défendu cette partition qui condense toutes les difficultés d’une pièce de concours, traits rapides, gammes en fusée, intervalles périlleux et legato velouté et ceci malgré des problèmes de condensation dans son instrument qui l’ont obligé à procéder de petits nettoyages pendant que Felix Ramos au piano jouait seul, ajoutant du suspense à leurs parties, toujours parfaitement maîtrisées.

Venaient ensuite les Crisantemi de Giacomo Puccini dans leur version originale pour quatuor à cordes (1890). Tout connaisseur de sa Manon Lescaut (1893) aura déjà entendu la pièce puisque le compositeur réutilise cette partition, à l’origine dédiée au défunt Duc de Savoie; pour le duo des amants dans la prison et pour la mort de Manon aux actes III et IV de l’opéra, dont le madrigal offert à Manon à l’acte II recycle l’Agnus Dei de sa Messa di Gloria. Rien ne se perd et tout se transforme. On découvre avec plaisir un Puccini chambriste et maître de l’écriture pour le quatuor qui, pour ce qui n’est qu’une pièce de circonstance, coule un lamento étrangement poignant dans le moule de l’aria da capo, d’où son recyclage dans l’opéra. Karine Ato, Cécile Tête, violons, Grégoire Vecchioni, alto et Cyrille Lacrouts, violoncelle ont su donner à cette pièce sa noblesse sans en exagérer le pathos.

Retour à la voix pour les Quattro canzoni popolari de Luciano Berio, composées entre 1946, année de l’entrée du compositeur au Conservatoire de Milan, et 1952, et créées par son épouse, l’extraordinaire Cathy Berberian. Ces quatre chansons n’ont de populaire que le titre ou les textes car Berio, amoureux des voix, marie ici une ligne vocale peu virtuose mais toujours expressive à une partie de piano parfois quasi orchestrale dont Felix Ramos, pianiste et chef de chant en résidence à l’Académie de l’Opéra national de Paris a su souligner la richesse. Encouragé par la voix fraiche et ductile de la soprano Ilanah Lobel Torres, elle aussi membre de l’Académie de l’Opéra national de Paris, je me suis surpris à penser aux Tonadillas de Granados et aux Siete Canciones Populares Españolas de Manuel De Falla, recréations savantes et théâtralisées d’une musique d’essence populaire. Sans effets, avec naturel et simplicité, Ilanah Lobel Torres a su rendre ce mélange de candeur et de richesse pour le plaisir de tous.

 

Felix Ramos et Ilanah Lobel Tores (© J'adore ce que vous faites)

Le concert se terminait par des extraits de Luisa Miller que Muzio, fidèle compagnon de Verdi, transcrit pour quatuor à cordes. Cécile Tête expliqua le choix qui avait été fait dans cette partition-fleuve qui reprend, outre l’ouverture, certains des moments forts de l’opéra. Mais, malgré le plaisir de retrouver des airs connus dans une présentation nouvelle, « an old friend in a new dress » disent les Anglo-saxons, malgré la maîtrise de l’écriture et la volonté de Muzio de tirer le meilleur parti des ressources du quatuor, malgré l’engagement des solistes et leur désir d’évoquer chant et orchestre, j’avoue avoir ressenti une légère lassitude en fin de parcours. J’aurais avec plaisir troqué cette partition contre l’unique Quatuor à cordes en mi mineur de Verdi (1873), où passent des échos d’Aida et de sa passion pour Teresa Stolz. N’importe, ce fut un superbe concert et les artistes furent longuement et généreusement applaudis.

Les artistes

Violons : Karine Ato et Cécile Tête
Alto : Grégoire Vecchioni
Violoncelle : Cyrille Lacrouts
Clarinette : Philippe Cuper
Soprano : Ilanah Lobel Torres
Piano : Felix Ramos

Le programme

Luigi Bassi (1833-1871) Fantaisie de concert sur les thèmes de Rigoletto de Verdi

Giacomo Puccini (1858-1924) Crisantemi

 Luciano Berio (1925-2003) Quattro canzoni popolari

 Emanuele Muzio (1821-1890), Luisa Miller, extraits de l’opéra de Verdi arrangés pour quatuor à cordes

Amphithéâtre Olivier Messiaen Opéra de Paris – Bastille 
Concert du vendredi 1er avril, 20h00

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Cartouche

Premier baryton de la troupe Eratori, dédiée à la défense de l’œuvre lyrique de Claude Terrasse, Cartouche est agrégé d’anglais et l’auteur d’une thèse sur les opéras de Benjamin Britten, de nombreux articles sur son oeuvre et celle de Ralph Vaughan Williams et du rapport texte et musique, XIXe-XXe. Il a échappé de peu au supplice de la roue et coule une retraite active après avoir officié à l’université de Caen.

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