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FESTIVAL VERDI DE PARME – 3/3
Un FALSTAFF immenso dans un piccolo teatro !

par Stéphane Lelièvre 3 octobre 2023
par Stéphane Lelièvre 3 octobre 2023

© Roberto Ricci

Vassalo - © Roberto Ricci

© Roberto Ricci

Pellegrini, Borghini, Bar, Quilico, Di Paola, Marini, Covatta, Bonfatti, Vassallo - © Roberto Ricci

Vassallo, Quilico - © Roberto Ricci

Di Paola, Quilico, Marini, Bar - © Roberto Ricci

Vassallo, Borghini - © Roberto Ricci

Solodkyy, Marini - © Roberto Ricci

Di Paola, Marini, Quilico, Bar - © Roberto Ricci

© Roberto Ricci

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2,2K

Falstaff, samedi 30 septembre 2023, Teatro Verdi de Busseto

Une mise en scène simple, astucieuse, de bon goût ; une interprétation musicale pleine de fraîcheur et d’entrain : Falstaff triomphe au Teatro Verdi de Busseto. 

Voir un spectacle dans le tout petit Teatro Verdi de Busseto constitue toujours une expérience passionnante, tant les dimensions de la salle, la proximité des spectateurs avec le plateau nous obligent à repenser notre rapport à la scène, au jeu d’acteur, aux voix. Quel plaisir de pouvoir profiter de la moindre mimique des acteurs, de la moindre nuance pianissimo, du moindre soupir susurré par les chanteurs : autant de détails qui échappent en grande partie – et parfois même complètement – à notre attention dans les (trop) grands vaisseaux auxquels nous sommes dorénavant habitués.

© Première Loge

Ce samedi 30 septembre, le plaisir a été d’autant plus vif que le spectacle proposé (Falstaff) s’est révélé remarquable, tant scéniquement que musicalement. Sans chercher à actualiser le propos, ni à l’enrichir (?) de réflexions portant sur des problématiques actuelles, sans surtout l’alourdir en accentuant de façon caricaturale l’aspect un peu misandre du livret (à l’exception de Fenton, les hommes y sont tous plutôt détestables) ou le côté « les femmes prennent leur revanche », Manuel Renga laisse librement se déployer les mots de Boito et la musique de Verdi, et dénonce les défauts, les travers, les vices de chacun sans jamais oublier que cette œuvre, estampillée opera buffa par ses auteurs, est avant tout destinée à faire rire. La satire est féroce mais toujours amusante et l’on sent constamment poindre une forme de tendresse pour tous les personnages, y compris pour Sir John qui apparaît plus ici comme un balourd ridicule (et parfois touchant) que comme un prédateur inquiétant – ce qui selon nous correspond parfaitement à ce que disent la musique et le livret. Certains gags font mouche (Falstaff draguant Alice, le front couvert d’une grotesque mèche blonde rappelant celle… d’un récent président des USA !), d’autres sont peut-être plus dispensables (les pas de danse de Bardolfo et Pistola grimés en danseuses des années 30… encore que le numéro soit assez irrésistible de drôlerie !), mais globalement le spectacle se déroule avec fluidité et élégance, et témoigne d’un excellent sens du rythme. Le metteur en scène est par ailleurs secondé par Aurelio Colombo qui propose une scénographie sobre (espace scénique réduit oblige – ce qui n’exclut pas quelques bonnes idées, telle la forêt de Windsor qui, au dernier acte, devient la salle possiblement hantée d’une vieille demeure) et des costumes qui sont un ravissement constant pour l’œil.

Musicalement, la soirée est une très belle réussite. L’orchestration a été revue pour que l’ensemble des musiciens puisse tenir dans l’étroite fosse d’orchestre. Ce travail de réécriture, effectué par Alessandro Palumbo  (également présent à la baguette) est élégant et respectueux de la partition,  et il n’y a guère que dans quelques tutti (après les couplets de Falstaff sur l’honneur ou le « È sogno? O realtà? » de Ford, par exemple) que l’on se prend à regretter la puissance que pourrait faire entendre l’orchestre verdien au grand complet. La direction du jeune chef est par ailleurs raffinée, précise, et met en valeur les couleurs chambristes que prend parfois la partition dans cet réécriture « allégée » (le dialogue des cordes entre elles dans le duo Fenton/Nannetta au premier acte).

La distribution réunie est d’un excellent niveau, les chanteurs apparaissant tous parfaitement préparés tant vocalement que scéniquement. Gregory Bonfatti (Cajus) et Roberto Covatta (Bardolfo) sont d’excellents ténors de caractère, avec une voix particulièrement claire et bien projetée pour le second. On aimerait entendre Andrea Pellegrini dans un rôle plus gratifiant que celui de Pistola, où le chanteur fait néanmoins valoir un beau timbre de basse. Quant à l’acteur, il est irrésistible de drôlerie, Andrea Pellegrini possédant de toute évidence un don réel pour la comédie ! Adriana di Paola s’amuse tellement en Quickly et lance ses « Reverenza » avec tant d’humour et d’autorité qu’on lui pardonne une ligne de chant encore un peu fluctuante. Vasyl Solodkyy et Veronica Marini forment un charmant couple d’amoureux et égrènent les vers de Dante (« Bocca baciata… ») avec ferveur et poésie. Certes, le vibrato de la seconde est peut-être parfois un peu large et gagnerait à être mieux contrôlé ici ou là. Sa Nannetta n’en demeure pas moins très fraîche, avec en particulier un « Sul fil d’un soffio » de haute tenue, parfaitement maîtrisé techniquement. Quant à Vasyl Solodkyy, sa scène qui ouvre le dernier tableau constitue un des plus beaux moments de chant de la soirée, avec une voix riche en couleurs et un phrasé particulièrement poétique. Le Ford d’Andrea Borghini manque peut-être encore un peu de puissance vocale ; mais le chant est très probe et le portrait du mari jaloux dessiné par le baryton italien est parfaitement convaincant. À la Meg pleine d’espièglerie de Shaked Bar répond l’Alice volontaire d’Ilaria Alida Quilico, aux moyens superbes, particulièrement puissants – qui auraient d’ailleurs pu être quelque peu allégés au regard des dimensions de la salle.
Reste Franco Vassallo dans le rôle-titre : plus expérimenté que la plupart de ses collègues, souvent fort jeunes, il ne tire jamais la couverture à lui et s’intègre parfaitement à l’équipe, composant un Sir John tantôt irritant, tantôt ridicule, tantôt émouvant mais toujours drôle, et ne privilégiant jamais le théâtre au détriment de la musique. Une interprétation très séduisante, parfaitement équilibrée, qui remporte un grand succès.

Un succès par ailleurs partagé avec tous les artistes, la soirée s’achevant sous les bravos nourris d’un public visiblement ravi ! Le spectacle se donne jusqu’au 14 octobre : si vous êtes dans la région de Parme, ne le manquez pas…

Les artistes

Sir John Falstaff : Franco Vassallo
Ford, mari d’Alice : Andrea Borghini
Fenton : Vasyl Solodkyy
Dott. Cajus : Gregory Bonfatti
Bardolfo : Roberto Covatta
Pistola : Andrea Pellegrini
Mrs. Alice Ford : Ilaria Alida Quilico
Nanetta, fille d’Alice et de Ford : Veronica Marini
Mrs. Quickly : Adriana di Paola
Mrs. Meg Page : Shaked Bar

Quintetto d’archi Kyiv virtuosi et ensemble di fiati La Toscanini, dir. Alessandro Palumbo
Mise en scène : Manuel Renga
Décors et costumes : Aurelio Colombo
Lumières : Giorgio Morelli
Chorégraphie : Giorgio Azzone

Le programme

Falstaff

Opéra-bouffe en 3 actes de Guiseppe Verdi, livret d’Arrigo Boito, tiré des Joyeuses Commères de Windsor et Henry IV parties I et II de Shakespeare, créé à la Scala de Milan le 0 février 1893.
Festival Verdi de Parme, Teatro Giuseppe Verdi di Busseto, représentation du samedi 30 septembre 2023.

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Franco VassalloAndrea BorghiniIlaria Alida QuilicoVeronica MariniAlessandro PalumboManuel Renga
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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