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Mignon à l’Opéra de Liège – Un rituel théâtral

par Romaric HUBERT 3 avril 2022
par Romaric HUBERT 3 avril 2022

©J Berger -ORW Liège

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Dans cette nouvelle production de Mignon d’Ambroise Thomas à l’Opéra de Liège, le metteur en scène Vincent Boussard fait renaitre la dimension initiatique originelle du roman de Gœthe largement aseptisée par les librettistes Barbier et Carré et nous ouvre en grand les portes d’un temple théâtral où brille la Philine solaire de Jodie Devos.

La partition d’Ambroise Thomas a peu en commun avec Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister publié par Goethe en 1795-1796. Pour assurer le réussite de ce nouvel opéra créé en 1866 à l’Opéra Comique et au fil des représentations, les librettistes Jules Barbier et Michel Carré prennent le parti de gommer la dimension métaphysique et initiatique du roman d’apprentissage et décident de mettre en avant la fidélité et l’honneur, valeurs morales bourgeoises à la mode de l’époque. Exit donc la recherche intérieure et la découverte d’un Soi taillé aux épreuves de la vie. De l’épisode originel de Mignon dont s’inspire l’opéra ne restera qu’une belle aventure énigmatique édulcorée jusqu’à lui offrir une heureuse conclusion. Mignon ne pouvait pas mourir…
Barbier et Carré auront sûrement eu raison.  Le succès est au rendez-vous et, le 13 mai 1894, Mignon sera la première œuvre jouée mille fois sur une même scène du vivant de son compositeur. 

Un parcours initiatique

Autre époque, autres mœurs, autre lecture. À l’Opéra de Liège, le metteur en Vincent Boussard et le chef d’orchestre Frédéric Chaslin ont fait le choix d’un retour aux sources littéraires et musicales et d’être fidèles à une version qui alterne épisodes chantés et scènes dialoguées, formule dans laquelle la pièce a été créée.  L’œuvre y gagne en respiration, la musique, libérée des récitatifs chantés, se pare de plus de légèreté  et Mignon va mourir. Mourir ? Et oui, Mignon va mourir, elle le doit. Mais pour mieux renaître. Et, n’oublions pas que nous sommes au théâtre…

Mignon, c’est l’histoire d’une rencontre initiatique. Wilhelm Meister, jeune bourgeois de Vienne en voyage, assiste au spectacle donné par un chanteur solitaire, une bande de gitans et quelques comédiens en errance. Le chef de la troupe, Jarno, exige de Mignon qu’elle exécute la fameuse danse des œufs, clou du spectacle. Mignon refuse provoquant la fureur de Jarno et Wilhelm n’a d’autres choix que de s’interposer et de mettre fin à la représentation théâtrale. Le Théâtre a pourtant commencé depuis longtemps. Mignon est une comédienne. Tous sont des acteurs et cette rencontre n’est que théâtre. Vincent Boussard reprend ici une idée très gœthienne du 18e siècle. C’est au contact du théâtre que l’Homme apprend la vie en faisant l’expérience de ses propres émotions, en se confrontant à soi-même et en découvrant son Moi profond. Wilhelm, tout Meister/Maître qu’il est, n’en reste pas moins un jeune apprenti au début de ce parcours initiatique théâtralisé. Mignon est un rite de passage et, comme dans tous rituels, la mise en scène n’est jamais loin. Wilhelm en deviendra le personnage principal sans le savoir.

Place au théâtre

Vincent Boussard replace le théâtre au centre de cette production. L’intrigue l’y aide aisément, la scénographie nous y plonge. Les décors de Vincent Lemaire participent de cette habile mise en abyme avec cet imposant cadre de scène inversé et, en toile de fond, la représentation obscurément stylisée d’une salle de spectacle à l’italienne. Le chœur en fond de scène, comme en miroir,  prend la place du public et c’est un théâtre qui apparaît. De la salle, la vraie, la nôtre, nous assistons au spectacle du spectacle, en découvrons les coulisses mais les quittons souvent pour revenir à la vraie comédie humaine. Les rencontres entre les êtres, tout comédiens qu’ils soient, ne se départissent jamais d’une émotion réelle où les passions échappent à la maîtrise.  Ce jeu subtil entre le personnage et son interprète d’un théâtre dans le théâtre où la réalité défie la fiction pourrait perdre le spectateur. Cela arrive parfois mais quel plaisir d’être emporté avec tant de fantaisie dans cet univers fictionnel entre deux mondes. Les vidéos et les lumières poétiques et chimériques de Nicolas Hurtevent et  Nicolas Gilli  participent de ce voyage initiatique spatial mais également temporel grâce aux étonnants costumes de Clara Peluffo Valentini. Perruques mozartiennes, costumes 19e, jeans et T-shirt de nos jours. Au jeu des illusions, l’équipe réunie autour de Vincent Boussard est assurément vainqueur.

Une interprétation magnifique et une Palme d’or

Que serait le théâtre sans une direction d’acteurs au cordeau ? Dans ce domaine, le grand architecte Vincent Boussard fait encore une fois merveille et c’est le chant qui en sort grandi. La talent de Jodie Devos n’est plus une révélation et, pourtant, l’artiste « explose » dans le rôle de la piquante et intrigante Philine. Tout dans son interprétation subjugue. Le personnage se pare d’une profondeur inattendue que rehausse un brillant vocal jamais pris un défaut et c’est une réussite artistique totale.
Stéphanie d’Oustrac est également un Mignon magnifique. La variété des situations émotionnelles qu’elle rencontre permet à l’interprète de montrer la vaste étendue de sa palette vocale. Masculine, féminine, actrice, triste, amoureuse ou jalouse, son personnage naît, meurt et revit sous nos yeux et nous touche en plein cœur. En Lothario, personnage lunaire et solaire à la fois, Jean Teitgen fait encore une fois la preuve de la maîtrise savante de son instrument vocal  où puissance et douceur se disputent à la perfection de la diction. Geoffrey Degives et Jérémy Duffau sont des Frédéric et Laërte impayables, drôles,  émouvants, très bien chantant et comédiens épatants . Roger Joakim est quant à lui un impressionnant Jarno.
Philippe Talbot campe un Wilhelm Meister crédule, parfois benêt, souvent perdu mais surtout simple homme faillible et ouvert aux expériences rencontrées sur ce chemin initiatique théâtral étonnant et questionnant. Il pare le rôle d’une poésie vocale poignante et d’une douceur expressive presque enfantine qui rendent ce personnage en quête de vérité très attachant.

À la direction musicale, Frédéric Chaslin montre ses profondes affinités avec le répertoire romantique français qu’il sait faire sonner avec transparence et sobriété . Mélodies et légèreté trouvent ainsi toutes leur place dans ce grand ensemble théâtral initiatique et participent pleinement à l’égrégore et au succès final de ce Mignon liégeois.

Les artistes

Mignon  Stéphanie d’Oustrac
Philine  Jodie Devos
Wilhelm Meister  Philippe Talbot
Lothario  Jean Teitgen
Frédéric (Frederick)  Geoffrey Degives
Laërte  Jérémy Duffau
Jarno  Roger Joakim

Orchestre du Conservatoire Royal de Liège / Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège
Chœur de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège

Direction de chœur  Denis Segond
Direction musicale  Frédéric Chaslin

 Mise en scène  Vincent Boussard
Lumières  Nicolas Gilli
Costumes  Clara Peluffo Valentini
Décors  Vincent Lemaire
Video  Nicolas Hurtevent

Le programme

Mignon
Opéra en 3 actes Musique d’Ambroise Thomas (1811-1896)
Livret de Jules Barbier et Michel Carré
D’après le roman Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe
Première représentation donnée à Paris le 17 novembre 1866

Opéra Royal de Wallonie – Liège
Représentation du vendredi 1er avril – 20h

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Philippe TalbotJérémy DuffauJodie DevosJean TeitgenFrédéric ChaslinStéphanie d’OustracVincent BoussardGeoffrey DegivesRoger Joakim
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Romaric HUBERT

Licencié en musicologie, Romaric Hubert a suivi des études d’orgue, de piano, de saxophone et de chant. Il a chanté dans plusieurs chœurs réputés, ou encore en tant que soliste. Il est titulaire d’une certification qualifiante professionnelle d’animateur radio délivrée par l’Institut National de l’Audiovisuel, et a fait ses premiers pas au micro sur France Musique. Il a fondé la compagnie Les Papillons Electriques avec sa complice Jeanne-Sarah Deledicq et est co-créateur du site Première loge.

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