À la une
OPERAFEST 2025 – LISBONNE & OEIRAS : Amours interdites !
Les festivals de l’été –Alessandro Scarlatti investit la chapelle de...
Les festivals de l’été –Le double et l’inceste : relire...
Les festivals de l’été –Le Corum de Montpellier en élévation...
Les festivals de l’été –Beaune : de la Résurrection du Christ...
Les festivals de l’été – Aix-en-Provence : Calisto sous naphtaline
Barcelone – Concert Asmik Grigorian/Matthias Goerne : sous le signe...
Il aurait 100 ans aujourd’hui : Albert lance
Les brèves de juillet –
Les festivals de l’été –Louise prostrée au festival international d’Aix-en-Provence
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduRécitalVu pour vous

Benjamin Bernheim au Théâtre des Champs-Élysées, parlez-moi d’amour…

par Romaric HUBERT 5 octobre 2021
par Romaric HUBERT 5 octobre 2021
Benjamin Bernheim ©Manon Leprevost
0 commentaires 3FacebookTwitterPinterestEmail
1,5K

Les Grandes Voix ont décidé de débuter cet automne, au Théâtres des Champs-Élysées, en nous parlant d’amour par la voi(x)e du ténor Benjamin Bernheim et du pianiste Mathieu Pordoy. Un magnifique récital, intense et émouvant, et un triste constat cependant : il n’y aurait pas d’amour heureux.

« Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux »…
Il n’y a pas d’amour heureux (Extrait)
Louis Aragon

La Diane Française (1944)

On ne sait si Benjamin Bernheim et Mathieu Pordoy ont les amours heureuses mais le voyage musical de ce soir nous mène vers des rivages de sentiments au romantisme sombre et triste et où le drame sourd à chaque instant. Un programme dans lequel Chausson, Duparc, Brahms, Britten et Bridge se donnent la main pour nous raconter des histoires de vie comme autant de mises à nu émotionnelles où l’ombre de Werther n’est jamais loin.

Il fallait bien l’immense talent de nos deux artistes du soir pour réussir à créer un moment intime et complice dans cette grande salle du Théâtre des Champs-Élysées où l’on ne nous a pas épargné un programme de salle mincissime, donc sans les textes chantés, et où la technologie du sur-titrage ne semble pas avoir été adoptée pour le récital… Par contre, si besoin est, et pour information, le réseau téléphonique passe très bien. Cette délicate sonnerie retentissant juste après l’entrée en scène de Benjamin Bernheim et Mathieu Pordoy aura au moins été l’occasion de constater qu’ils ne manquent pas d’humour.

Plus sérieusement, on ne sait ce qu’il faut admirer le plus chez notre ténor. Enfin si, on le sait très bien : la qualité de la prononciation, avec ces [–e] muets intelligemment prononcés, ces [r] grasseyés avec finesse en français, le naturel de la diction de manière générale ainsi que la longueur de souffle impressionnante utilisée au service de l’expression et qui nous vaudra un Temps des Lilas d’Ernest Chausson d’une émouvante poésie. On aime aussi ces ressources de puissance, de legato, de nuances et de demi-teintes (The Salley Gardens, Benjamin Britten). On admire la voix en elle-même, puissante, projetée (même si les notes les plus graves de la soirée semblent moins confortables) et capable vous procurer un shoot d’harmoniques à vous tirer les larmes des yeux. Du chant comme on l’aime, viril, maîtrisé et sensible. Chapeau bas !!!

Le programme de ce récital nous parle d’amour et nos artistes ne sont pas avares de répertoire à ce sujet. Un « Poème de l’amour et de la mer » de Chausson d’une rare poésie comme nous l’avons dit mais également trois mélodies de Henri Duparc dont une Phidylé troublante et sensuelle, quatre lieder de Johannes Brahms aux tristes échos de Requiem allemand et deux mélodies de Benjamin Britten au doux parfum folklorique et printanier. Ce récital se termine avec un Love went a-riding de Frank Bridge à l’aigu final vaillant et longuement tenu, le chanteur d’opéra n’étant jamais loin.

Nous aurons d’ailleurs droit à deux bis, un clin d’œil à la ville lumière avec « Voyage à Paris «  de Francis Poulenc et un extrait d’opéra, « Pourquoi me réveiller » extrait du Werther de Jules Massenet, air en forme de quintessence de la vision de l’amour de Benjamin Bernheim ce soir, un amour valeureux, intense, dramatique et nuancé.

Mathieu Pordoy

Nous n’oserons pas dire que l’amour, c’est mieux à deux mais il serait dommage d’oublier celui sans qui cette soirée romantique ne saurait être une complète réussite. Au piano, Mathieu Pordoy est bien plus qu’un simple accompagnateur. Véritable partenaire de musique de chambre, son jeu est admirable de précision et de musicalité. Totalement investi, les textes chantés à fleur de bouche, on aurait même cru l’entendre parler à son piano. Écoute, respirations, nuances, ambiances, la connivence artistique des deux artistes est parfaite. Plaisir suprême, leur complicité non feinte, entre humour et clins d’œil partagés, fait plaisir à voir aussi bien qu’à entendre.

Une soirée magnifique et généreuse. Ah ! Qu’on aime entendre parler d’amour de telle manière…

Retrouvez Benjamin Bernheim en interview… ici !

Les artistes

Benjamin Bernheim, ténor
Mathieu Pordoy, piano

PRODUCTION Les Grandes Voix

Le programme

Chausson Poème de l’amour et de la mer op. 19 – Cycle de mélodies d’après des poèmes de Maurice Bouchor
Duparc « Invitation au voyage », op. 114
« La Vie antérieure »
« Phidylé » op. 13 n° 2
Brahms « Die Mainacht » op. 43 n° 2
« Dein blaues Auge » op. 59 n°8
« Immer leiser wird mein Schlummer » op. 105 n°2
« Auf dem Kirchlofe » op. 105 n°4
Britten « The Salley Gardens »
« The Last Rose of Summer »
Franck Bridge « Love went a-riding »

En bis:
Francis Poulenc « Voyage à Paris » extrait de Banalités FP 107 n°4
Jules Massenet «Pourquoi me réveiller » extrait de Werther 

Récital du jeudi 30 septembre 2021, 20h, Théâtre des Champs-Élysées

image_printImprimer
Benjamin BernheimBrahmsBrittenMassenetWertherMathieu PordoyChaussonDuparcBridge
0 commentaires 3 FacebookTwitterPinterestEmail
Romaric HUBERT

Licencié en musicologie, Romaric Hubert a suivi des études d’orgue, de piano, de saxophone et de chant. Il a chanté dans plusieurs chœurs réputés, ou encore en tant que soliste. Il est titulaire d’une certification qualifiante professionnelle d’animateur radio délivrée par l’Institut National de l’Audiovisuel, et a fait ses premiers pas au micro sur France Musique. Il a fondé la compagnie Les Papillons Electriques avec sa complice Jeanne-Sarah Deledicq et est co-créateur du site Première loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Centre de Musique Baroque de Versailles : une saison sous le signe de Molière… entre autres !
prochain post
Instant Lyrique, Michael Spyres ou la fraicheur des Nuits d’été à la salle Gaveau

Vous allez aussi aimer...

Les festivals de l’été –Alessandro Scarlatti investit la...

15 juillet 2025

Les festivals de l’été –Le double et l’inceste...

14 juillet 2025

Les festivals de l’été –Le Corum de Montpellier...

14 juillet 2025

Les festivals de l’été –Beaune : de la Résurrection...

14 juillet 2025

Les festivals de l’été – Aix-en-Provence : Calisto sous...

13 juillet 2025

Barcelone – Concert Asmik Grigorian/Matthias Goerne : sous...

12 juillet 2025

Les festivals de l’été –Louise prostrée au festival...

11 juillet 2025

Saison d’été du Maggio Musicale Fiorentino : un...

11 juillet 2025

Stagione estiva del Maggio Musicale Fiorentino: un fresco...

11 juillet 2025

Les festivals de l’été –La Biche aux neuf...

11 juillet 2025

Annonces

OPERAFEST LISBOA & OEIRAS 2025

En bref

  • Les brèves de juillet –

    12 juillet 2025
  • Brèves de juin –

    13 juin 2025

Humeurs

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

Édito

  • Édito de mars –
    Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Lecaillon Gérard dans Denise SCHARLEY
  • Tchétérian dans Les festivals de l’été –
    Le double et l’inceste : relire le Don Giovanni à Aix, deuxième point de vue
  • Peter Nikolič dans Les festivals de l’été –
    À Aix-en-Provence , un DON GIOVANNI sans séduction
  • Stéphane Lelièvre dans CD – Nicola Alaimo – DONIZETTI : Grand Seigneur (Airs pour baryton)
  • Peter dans CD – Nicola Alaimo – DONIZETTI : Grand Seigneur (Airs pour baryton)

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Les festivals de l’été –Alessandro Scarlatti...

15 juillet 2025

Les festivals de l’été –Le double...

14 juillet 2025

Les festivals de l’été –Le Corum...

14 juillet 2025