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Production

RIGOLETTO à Liège – Et le public a toujours raison

par Romaric HUBERT 8 mars 2022
par Romaric HUBERT 8 mars 2022

© J Berger ORW-Liège

© J Berger ORW-Liège

© J Berger ORW-Liège

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Les photos du spectacle ont été prises lors de la générale, ce qui explique la présence de Jodie Devos sur certaines d’entre elles.

Dès sa création le 11 mars 1851 au théâtre de La Fenice à Venise, Rigoletto a immédiatement connu un immense succès public qui ne s’est jamais démenti depuis. Les critiques et autres musicologues auront pu décortiquer l’œuvre, l’analyser, la déconstruire, la comparer, y trouver moult choses à redire tant sur le livret de Francesco Maria Piave – d’après Le Roi s’amuse de Victor Hugo – que sur la musique de Giuseppe Verdi, rien n’y aura fait. Il en sera encore une fois de même cette fois-ci à l’Opéra de Liège et le pauvre chroniqueur pourra toujours essayer d’y mettre son grain de sel, le public a adoré, ovationné, célébré et il aura eu sûrement raison.

Il faut dire que pour ces 10 représentations – dont une à Charleroi – de Rigoletto, la maison liégeoise a réuni une équipe de choc qui ne manque pas de charmes. John Turturro reprend ici sa mise en scène créée en 2018 à l’Opéra de Palerme. Le célèbre acteur et réalisateur, inoubliable interprète de Barton Fink et à l’affiche du prochain Batman de Matt Reeves, a toujours vécu entouré de musique et celle Verdi l’inspire visiblement beaucoup. Visiblement, le mot est choisi à dessin, car cette mise en scène est une vraie réussite visuelle. Pas tant pour sa beauté intrinsèque – sauf à aimer l’imagerie gothique brumeuse et légèrement verdâtre – mais pour la pertinence de la direction d’acteurs, la justesse de lecture des sentiments humains au plus proche du livret et la touchante simplicité de son propos. John Turturro laisse ainsi toutes leur place à la beauté, à l’amour, aux attentes, aux ténèbres, à la lumière, au sacrifice ou à l’égoïsme. Pas question donc ici d’enfermer son Rigoletto dans une boite en carton comme nous l’avons vu lors d’une récente production parisienne.

John Turturro ©DR

La réussite d'un collectif

La seule transposition sera donc temporelle. Nous sommes maintenant à la fin du XVIIIe siècle, dans un palais Renaissance qui va se décontruire au rythme de la descente aux enfers des personnages. La maison de Rigoletto est, elle, réduite à sa plus simple expression. Un escalier, un lit, une porte créent un espace qui, aussi élémentaire soit-il, suffit amplement à l’expression des contrastes et contradictions de la nature humaine. L’auberge du spadassin Sparafucile et de sa sœur Maddalena subira le même traitement et ne fera paraître que plus cruel encore le triste sacrifice de Gilda, la fille de Rigoletto. Avec John Turturro, le drame ne s’habille pas de détails superflus et n’en devient que plus prégnant.

Cette réussite, c’est aussi et surtout un succès collectif. Le metteur en scène s’est entouré d’une équipe technique et artistique digne d’un plateau de cinéma. Marco Piemontese – qui a travaillé sur de nombreux films de Woody Allen – a développé de magnifiques costumes tout droit sortis d’une sombre histoire gothique. D’un camaïeu de bleus-verts sombres et de noir, seul émerge le rouge, le rouge de Gilda. Liserés rouges des costumes de ceux qui la conduiront à la mort,  rose rouge de son amour pour le Duc, robe rouge de sa virginité perdue, manteau rouge de son trépas final. Et, que dire des ces incroyables perruques ? 

Les décors de Francesco Frigeri – actif au cinéma comme au théâtre – réduisent la scène à son essence la plus simple, au plus proche de la vie intime des protagonistes et sont sublimés par les magnifiques lumières d’Alessandro Carletti. Ses éclairages crus et ses ambiances brumeuses sont d’une puissance évocatrice troublante et émouvante. Saluons également les chorégraphies inventives de Giuseppe Bonanno. Subtilement intégrée au récit, la danse, qui ne cesse de sourdre de l’écriture verdienne, devient ainsi bien plus qu’un contrepoint ornemental, un réel protagoniste du drame.

Daniel Oren ©DR

Valse des distributions et direction impérieuse

Le succès de cette production tient aussi dans la qualité de sa réalisation musicale. À la baguette, Daniel Oren fait preuve de son habituelle exigence avec une lecture de la partition au plus proche des indications du compositeur. Justesse des tempi, variétés des nuances et sens de la ligne s’allient à une vraie vision de la narration dramatique. L’orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège répond avec attention et précision au chef d’orchestre dont l’autorité n’hésite pas à se manifester aussi bien par la baguette que par la voix. Nous aurons même cru par moments qu’un souffleur s’était glissé dans la fosse d’orchestre… Le chœur maison se révèlera également à la hauteur de ses exigences avec une implication et un panorama de couleurs vocales impressionnants.

Nous n’aurons pas eu le bonheur d’entendre Jodie Devos, annoncée souffrante, ni Maria Mudryak qui devait alterner avec la soprano belge dans le rôle de Gilda. Enkela Kamani et Lucie Kaňková auront donc été appelées à la rescousse. D’essence légère, leurs sopranos se glissent avec facilité dans les costumes d’un rôle que ne sont pas sans rappeler ceux d’Edita Gruberova dans le film de Jean-Pierre Ponnelle consacré à ce même Rigoletto. Même blondeur, même robe vaporeuse, mais également en commun avec la soprano slovaque, quelques tics vocaux et ces aigus pianos légèrement miaulés pas particulièrement du plus bel effet. Leurs incarnations ne manquent cependant pas d’émotion et les passages les plus acrobatiques de la partition sont crânement assumés, Lucie Kaňková nous gratifiant de quelques interpolations dans le suraigu que ne nous aura pas offertes sa consœur Enkela Kamani.

Ivàn Ayón Rivas et Giuseppe Gipali alternent également en Duc de Mantoue. Si le premier offre à ce rôle un métal plus sombre que le second, à l’émission plus haute, les deux ténors survolent avec aisance les difficultés d’un rôle qui n’en manquent pas et campent avec talent un libertin séduisant et exécrable à la fois. Ivàn Ayón Rivas propose une vision plus « chien fou » que celle de Giuseppe Gipali qui tire le personnage vers le vieux beau, deux versions différentes qui ont pour mérite de proposer ainsi plusieurs lectures de ce rôle trop souvent limité à sa seule soif hédoniste.

Le rôle-titre aura eu également les honneurs d’une double distribution aux couleurs bien différentes. Amartuvshin Enkhbat est un incroyable Rigoletto. Aigus inépuisables, puissance, longueur de souffle, sens de la ligne verdienne, variétés des intonations, tout est admirable dans son portait vocal du bouffon et le personnage est campé avec une véracité étonnante. Sebastian Catana – que nous avons interviewé récemment – est un Rigoletto plus claire de timbre à l’incarnation également plus viscérale. L’acteur supplante bien souvent le chanteur et à travers sa voix, c’est le théâtre qui parle. Deux Rigoletto bien différents mais la même impression d’assister à deux réalisations artistiques exceptionnelles.

Ruben Amoretti est un Sparafucile d’une belle noirceur et Sarah Laulan campe sa sœur Maddalena avec un aplomb scénique et vocal constant. On notera plus particulièrement l’autorité et la prestance du Conte de Monterone de Patrick Bolleire, un artiste souvent remarquable dans ses incarnations et que nous retrouvons toujours avec un plaisir certain. Ivan Thirion, Caroline de Mahieu, Alexander Marev, Margaux de Valensart et Benoît Delvaux n’appellent quant à eux aucune réserve dans des personnages qui n’ont rien de secondaire et qui confirment encore une fois la qualité des distributions de l’Opéra de Liège, des premiers rôles jusqu’à ceux de moindre ampleur.

Aux saluts finals, le triomphe est là. Le public enthousiaste enchaine rappel sur rappel et n’hésite pas à se lever pour acclamer la réussite indéniable de ce Rigoletto auquel le critique n’aura, effectivement, pas trouvé grand chose à redire.

Les artistes
Rigoletto : Sebastian Catana / Amartuvshin Enkhbat
l Duca di Mantova : Giuseppe Gipali / Iván Ayón Rivas
Sparafucile : Rubén Amoretti
Il Conte di Monterone : Patrick Bolleire
Marullo : Patrick Delcour
Matteo Borsa : Alexander Marev
Il Conte di Ceprano : Benoît Delvaux
Gilda : Enkeleda Kamani / Lucie Kaňková 
Maddalena : Sarah Laulan
Giovanna : Caroline De Mahieu
La Contessa di Ceprano : Margaux de Valensart
 
Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, Chœur de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, Chœur du Conservatoire Royal de Liège, dir. Daniel Oren
Mise en scène : John Turturro
 
Décors : Francesco Frigeri
Costumes : Marco Piemontese
Lumières : Alessandro Carletti
Chorégraphie : Giuseppe Bonanno
Le programme

Rigoletto

Opéra en trois actes  de Giuseppe Verdi, livret de Francesco Maria Piave d’après Le Roi s’amuse de Victor Hugo, créé le 11 mars 1851 à Venise (La Fenice). 

Opéra Royal de Wallonie-Liège, représentations des samedi 5 et dimanche 6 mars 2022

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Jodie DevosRigolettoAmartüvshin EnkhbatSebastian Catana
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Romaric HUBERT

Licencié en musicologie, Romaric Hubert a suivi des études d’orgue, de piano, de saxophone et de chant. Il a chanté dans plusieurs chœurs réputés, ou encore en tant que soliste. Il est titulaire d’une certification qualifiante professionnelle d’animateur radio délivrée par l’Institut National de l’Audiovisuel, et a fait ses premiers pas au micro sur France Musique. Il a fondé la compagnie Les Papillons Electriques avec sa complice Jeanne-Sarah Deledicq et est co-créateur du site Première loge.

2 commentaires

Nicolas 9 mars 2022 - 8 h 52 min

Que vous n’aimiez pas la Gilda d’Edita Gruberová, c’est regrettable. Que vous la qualifiiez de « tchèque », c’est contestable : même si elle est effectivement née dans un pays qui, à l’époque, s’appelait la Tchécoslovaquie, il est d’usage de dire qu’elle est slovaque.

Répondre
Romaric HUBERT 9 mars 2022 - 8 h 59 min

Et vous avez tout à fait raison. Merci de votre vigilance.

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