À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Vu pour vous

FRANCO FAGIOLI – Veni, vidi, Vinci

par Nathanaël Eskenazy 27 mai 2020
par Nathanaël Eskenazy 27 mai 2020
0 commentaires 1FacebookTwitterPinterestEmail
1,6K
Les artistes

Franco Fagioli
Il Pomo D’Oro, dir. Zefira Valova

Le programme

Airs tirés d’opéras de Leonardo Vinci

Deutsche Grammophon, 08 mai 2020
Ce CD ne propose aucune présentation des oeuvres ni aucune traduction des airs en français.

Leonardo Vinci (1690-1730) compte parmi les figures emblématiques de l’école napolitaine de la première partie du XVIIIe siècle. Originaire de la Calabre, il fut formé dans la cité parthénopéenne, et, à l’instar des grands compositeurs ou chanteurs de cette ville, fut un musicien itinérant. Tour à tour joué à Naples, mais aussi à Parme, Venise ou encore Rome, il ne composa pas moins de 18 dramme per musica sur des livrets de Métastase (Didone abbandonata en 1726 ou encore Artaserse en 1730), ou de librettistes moins connus comme Frugoni ou Stampiglia. Vinci reste aussi au cours du siècle un modèle incontesté : Grimm fera l’éloge du grand air de Timante à la fin du premier acte de Artaserse, « Vo solcando un mar crudele » et trente ans après sa mort, Grétry, dans ses Mémoires, louera encore le style du compositeur en se fondant également sur ce même air. Ce musicien, célébré en son temps, eut néanmoins une fin tragique puisqu’il mourut empoisonné.

Vinci fut le représentant d’un nouveau style qui naquit dans le premier tiers du siècle et que l’on a qualifié de style « pré-galant », dans lequel la préséance revient d’abord à la ligne mélodique souvent ornementée, avec une préférence pour des rythmes harmoniques assez lents ou des accompagnements de l’orchestre, qui ont d’abord pour rôle de soutenir la voix. Le compositeur réussit à varier les effets musicaux, à créer des caractères différents et surtout, comme le soulignait déjà Grétry, à trouver une véritable osmose entre les paroles et la musique. L’album de Franco Fagioli se situe dans le sillage d’autres disques dont la mode fut lancée dès 1999 par Cecilia Bartoli et son recueil d’airs de Vivaldi. Depuis, nombre de chanteurs « baroques » se sont engouffrés dans cette brèche avec plus ou moins de bonheur et le chanteur argentin n’est pas en reste. Il avait déjà démontré ses nombreux talents dans deux opus consacrés au castrat Caffarelli (sous la houlette de Alessandro de Marchi) et au compositeur Nicolo Porpora en 2013 en collaboration avec Ricardo Minasi et l’ensemble Il Pomo d’Oro ; il avait également franchi le seuil du siècle suivant avec un album d’airs de Rossini.

Le titre, parodique, reprend, on le sait, le fameux apophtegme de César. Est-ce à dire que Fagioli a bravé et vaincu avec fulgurance toutes les difficultés techniques de ce répertoire ? S’agit-il d’un clin d’œil à lui-même, qui interpréta le rôle de Cesare dans le Catone in Utica toujours de Vinci et qui connut un triomphe éclatant dans l’Artaserse à l’opéra de Nancy en 2012 ? Ce qui est certain, c’est que ce nouvel album montre une fois encore les grandes qualités du chanteur qui réussit à se composer un programme sur-mesure. L’album ne déroge pas vraiment à la règle d’une alternance entre airs rapides et airs plus lents ou plus lyriques. Il nous montre d’abord que Vinci s’inscrit dans une certaine tradition de l’opéra italien qu’il maîtrise à la perfection. Tour à tour bucolique, comme c’est le cas dans l’air « Quell’usignolo ch’é innamorato » de l’opéra Gismondo re di Polonia, plus vaillant et martial (« Vil trofeo d’un alma imbelle » de l’opéra Alessandro nell’ Indie où la voix rivalise avec la trompette), Vinci sait aussi écrire une musique empreinte d’une grande délicatesse et d’un grand lyrisme, en témoigne l’air qui clôt l’album, « Sento due fiamme in petto » (Medo), où le hautbois solo mêle sa ligne chantournée à celle de la voix. On notera encore des airs empreints d’une grande force pathétique : « Barbara mi schernisci » dans lequel Fagioli revêt avec beaucoup de dignité et de désespoir le costume de l’amant trahi et dépité.

Franco Fagioli, Il Medo – « Sento due fiamme in petto »

Dans chacun de ces airs taillés pour de grands chanteurs (Farinelli, Faustina Bordoni, Carlo Scalzi, entre autres), Fagioli montre un incomparable talent qui a fait tout son succès : la voix est pleine, ronde, et les registres parfaitement homogènes. Il faut également souligner l’agilité de la voix. Il n’y a pas de recherche ostentatoire de virtuosité, et le chanteur argentin sait orner, diminuer à bon escient, sans surcharger la musique de trop de « variations arbitraires » pour reprendre l’expression de Quantz. Enfin, un coup de chapeau à l’orchestre sous la houlette de la violoniste Zefira Valova. L’ensemble instrumental Il Pomo d’Oro sait donner à chaque air son caractère, son ambiance et cela malgré la forme fixe du da capo. On saluera encore l’équilibre qui a été trouvé entre voix et instruments. On pourra simplement regretter que la prise de son soit un peu sèche et ne laisse que peu de place à une plus grande résonance. On aurait peut-être aimé un peu plus de couleur dans la voix, mais Fagioli montre encore qu’il sait rendre hommage aux grands chanteurs italiens de la première partie du XVIIIe siècle et qu’il a su, avec bonheur, s’emparer d’un répertoire exigeant. 

image_printImprimer
Leonardo VinciFranco Fagioli
0 commentaires 1 FacebookTwitterPinterestEmail
Nathanaël Eskenazy

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Mickaël GUEDJ
prochain post
MARINA REBEKA, Elle

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
  • HUBERT dans À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025