LE SECTEUR CULTUREL VENT DEBOUT CONTRE LA PROLONGATION DE LA FERMETURE DES SALLES DE SPECTACLE
Vent de révolte dans le secteur culturel. Après presque un an de souffrance, mais aussi de compréhension et d’efforts, l’annonce de la prolongation de la fermeture des salles de spectacles ne passe pas. Surtout lorsqu’on la compare à ce qui reste, par ailleurs, autorisé…
La colère gronde dans le milieu culturel. En Allemagne, où le baryton Christian Gerhaher envisage de porter plainte devant le tribunal administratif de Munich après l’annonce du maintien des lieux culturels fermés jusqu’en janvier 2021.
Mais aussi en France, où un mouvement de révolte se fait jour, porté notamment par l’acteur Charles Berling. L’acteur, déjà soutenu par plus de 300 professionnels du secteur de la culture, prépare en effet un recours en référé-liberté. Le secteur culturel a jusqu’ici été d’une grande docilité et a fait preuve d’une bonne volonté à toute épreuve. Le public, lui aussi victime de la fermeture des lieux de spectacle – comme le rappelle notre édito du mois de décembre signé Sabine Teulon-Lardic –, patiente également sagement depuis maintenant 10 longs mois.
Mais cette fois-ci la patience des uns et des autres semble être à bout. Comme toujours, ce qui suscite un sentiment d’incompréhension, voire de révolte, c’est le sentiment d’une grande incohérence, et partant, d’une profonde injustice dans les décisions prises : comment accepter de voir les salles de spectacles vides alors que les trains, bus, métros et RER sont bondés ? Qu’à l’approche de Noël, les rues sont noires de monde ? Que les files d’attente s’allongent devant les magasins ? Que les croyants gagnent sans aucune difficulté les lieux de culte ?
Prière de rue ayant eu lieu pendant le confinement en toute illégalité devant la cathédrale Saint Louis à Versailles le 8 novembre 2020, contre la limitation du nombre de fidèles pendant les cérémonies religieuses.
Ce dernier point, entre autres, est particulièrement mal vécu. La jauge limitée à 30 personnes dans les lieux de culte aura fait long feu : après quelques manifestations, prières de rue et un référé-liberté déposé au Conseil d’État par la Conférence des Évêques de France, cette jauge a immédiatement été supprimée.
Plusieurs études scientifiques ont démontré le (très) faible risque de contamination que présente le fait de donner des concerts ou des représentations d’opéras publiques. C’était déjà la conclusion à laquelle étaient parvenus, fin août, plusieurs scientifiques allemands (voir l’article de nos confrères de Radio Classique). Une récente étude menée par la Philharmonie de Paris en collaboration avec Dassault Systèmes a également fait grand bruit : elle conclut que la Grande salle Pierre Boulez présente strictement la même circulation de l’air qu’à l’extérieur, avec donc un risque de contamination quasi nul.
Pourtant, les théâtres, cinémas, musées, opéras restent désespérément fermés, et le secteur culturel a le très désagréable sentiment
- d’être l’un des seuls (avec celui de la restauration) à devoir continuer à payer un tribut déjà extrêmement lourd à la pandémie.
- Pire encore : d’être tenu pour responsable, ou à tout le moins d’être considéré comme potentiellement vecteur de la maladie – quand, dans la plupart de salles de spectacle, les protocoles sanitaires sont respectés avec une extrême rigueur…
- D’être considéré comme non essentiel. Moins essentiel en tout cas que le fait de ne pas froisser les croyances des uns et des autres, la consommation effrénée liée aux fêtes de fin d’année ou de ne pas nuire au rendement économique.
Une hiérarchisation des priorités qui en dit long, hélas, sur ce qui importe pour nos dirigeants, et plus encore, hélas,… sur notre civilisation.
1 commentaire
Ce qui est parfaitement insupportable et incompréhensible, c’est le deux poids deux mesures : soit il n’y a plus de danger et on ouvre tout, les églises, les cinés, les magasins, les opéras, les métros, etc. Soit il y a danger et on ferme tout !!! Mais nous autoriser à acheter de la bouffe ou des décos de Noêl tout en nous interdisant d’acheter du rêve, c’est vraiment lamentable.