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Louise Vignaud : « C’est toujours en liant le chant et ce qui se passe sur scène qu’on arrive à aller plus loin ! »

par Stéphane Lelièvre 11 décembre 2020
par Stéphane Lelièvre 11 décembre 2020
© Rémi Blasquez
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Baptême de l’opéra réussi pour Louise Vignaud, avec La Dame Blanche proposée par l’Opéra de Rennes et La co[opéra]tive : la metteure en scène a proposé, du chef-d’œuvre de Boieldieu, une vison fraîche, enjouée, dynamique, foncièrement originale. Nous l’avons rencontrée avant le tournage de cette production, qui sera diffusée sur les réseaux sociaux et reprise l’an prochain à Compiègne, Rennes, Tourcoing, Amiens, Dunkerque, Quimper et Besançon.

Louise Vignaud, vous signez, avec La Dame Blanche, votre première mise en scène d’opéra…
Oui, et c’est grâce à Matthieu Rietzler (NDR : le directeur de l’Opéra de Rennes) : il se trouve qu’il a assisté au Misanthrope que j’ai monté à Villeurbanne et qu’il a apprécié mon travail. Il m’a suggéré de déposer un projet pour La Dame Blanche que souhaitait monter « la co[opéra]tive ». Visiblement, le parti pris un peu radical que j’ai pris sur cet opéra a séduit, et voilà comment je me suis trouvée impliquée dans cette aventure. J’ai découvert l’opéra de Boieldieu à cette occasion, c’est une œuvre qui a complètement disparu de l’affiche alors qu’elle avait connu un succès absolument incroyable en son temps.

Quelle a été votre première réaction en découvrant l’œuvre ?
Je n’ai pas été immédiatement totalement séduite. En fait, il s’agit d’un répertoire vers lequel je ne serais pas allée moi-même spontanément. J’ai eu un peu de mal avec le livret de Scribe qui, dans l’œuvre originale, est énorme et je trouvais que les scènes parlées « cassaient » la musique. Je me suis également interrogée sur l’arrière plan historique, à savoir la Restauration : il devait évidemment séduire et parler aux spectateurs de 1825, mais comment en parler aujourd’hui ? Il me fallait trouver un moyen à la fois de prendre une forme de distance avec cet opéra tout en s’emparant de cette matière pour en faire quelque chose de moderne…

Parlez-nous de ce « parti pris radical » !
Mon point de départ a été l’Écosse, celle de Walter Scott, qui, pour la plupart des Français de l’époque, était un rêve, un fantasme, avec nécessairement un rapport de distanciation mais dans lequel chacun, malgré tout, pouvait se retrouver. Bref la question était : comment retrouver cette Écosse et tout ce qu’elle induit dans notre monde d’aujourd’hui ? Je me suis dit qu’on pourrait peut-être retrouver cette Écosse-là… chez les animaux ! Tout le monde connaît la fable animalière, ne serait-ce que par les Fables de La Fontaine ou les œuvres de Walt Disney. Mais dans le même temps, l’animalité maintient une certaine étrangeté… J’ai alors choisi de transposer dans le monde animal la matière de l’opéra et les enjeux qu’il met en scène : l’étranger, l’étrangeté, le mythe, le déguisement, la liberté,…

L’idée, c’était donc de trouver un moyen de susciter chez les spectateurs d’aujourd’hui les mêmes réactions, les mêmes sentiments que chez ceux de l’époque de la création…
Exactement, et de susciter notamment l’effusion qu’il y a en germe dans l’opéra : c’est une œuvre joyeuse, extrêmement vivante…

 

© Rémi Blasquez

Du coup votre regard sur l’œuvre a changé ?
Ah oui, je me la suis complètement appropriée ! J’ai aussi beaucoup travaillé avec Pauline Noblecourt, qui a réécrit les scènes dialoguées de Scribe, lequel était connu en son temps pour son utilisation d’un langage parfois populaire ou désinvolte. Là encore nous avons travaillé afin de retrouver l’esprit de Scribe, tout en condensant les informations car le livret intégral est vraiment très long… Nous avons constamment eu à cœur de préserver le lien entre la salle et le plateau, en introduisant par exemple des apartés, des adresses au public,…

Finalement, quelles conclusions tirez-vous de cette première expérience ? Aura-t-on le plaisir de vous revoir à l’opéra ?
J’espère ! J’ai toujours rêvé de mettre en scène des opéras : au lycée, je rêvais déjà de monter Bastien et Bastienne… C’est un art par certains côtés très proche du théâtre et en même temps tellement différent…

C’est-à-dire ?
C’est la musique qui donne le rythme ! Au théâtre, il faut trouver, inventer le rythme soi-même… Et pourtant, paradoxalement, la musique apporte un surplus de liberté ! Elle nous emmène dans un monde autre, différent de celui des mots, et ouvre tout un champ de possibles, c’est vraiment fascinant…

Comment avez-vous travaillé avec les chanteurs de cette production, qui sont tous très jeunes en fait ?
J’ai eu je crois une vraie exigence théâtrale avec eux. Même s’il passe par le chant, l’objectif est le même que celui d’un acteur : raconter une histoire. Et cela passe, comme au théâtre, par des intentions, un rapport à l’autre fait de surprises, de réactions prévisibles ou non. Finalement le travail n’est pas très différent de celui que je fais au théâtre, si ce n’est, comme je l’ai déjà dit, que c’est la musique qui rythme tout. Il faut la suivre, se l’approprier, jouer avec, mais ne pas créer de scission entre elle et ce qu’il se passe sur le plateau : s’il y a une variation de rythme, c’est qu’il se passe quelque chose et cela va nécessairement se traduire sur scène d’une façon ou d’une autre. Dès qu’on s’appuie sur la musique, il se passe quelque chose au  niveau du corps, des gestes, et on se met alors à raconter les choses de façon naturelle. Mon travail a consisté à leur donner les clés pour ne pas faire trop de différences entre le chant et ce qu’il se passe sur scène : c’est toujours en liant les deux qu’on arrive à aller plus loin.

Quelle est la scène de La Dame Blanche qui a été le plus problématique pour vous ? Celle des enchères peut-être ?
Oh non, celle-là, elle est passionnante ! C’est une vraie scène de théâtre ! Elle est « facile » en fait : il y a une vraie situation, on se laisse porter par les actions et les paroles des uns et des autres. Les moments les plus complexes sont sans doute ceux où l’action semble s’arrêter. Comme l’air d’Anna au 3e acte, par exemple : il s’agit alors de rendre compte non d’actions mais de sentiments, d’émotions…

Il y a, dans le répertoire d’opéra, des titres d’œuvres que vous aimeriez mettre en scène ?
Bien sûr, mais j’aime aussi me laisser surprendre par les propositions qu’on peut me faire. Encore une fois, je ne me serais peut-être jamais moi-même dirigée vers La Dame Blanche de Boieldieu. Me confronter à un répertoire, découvrir une musique que je ne connaissais pas a été passionnant ! Surtout lorsqu’il s’agit de travailler avec Nicolas Simon, qui révèle véritablement cette musique. En raison de la pandémie, l’orchestre a été réduit, et Nicolas Simon a dû faire un travail finalement un peu similaire au nôtre : repenser l’œuvre en la « condensant » sans la dénaturer. Il obtient selon moi quelque chose de remarquable, à la fois de très léger, de sensible, de très enlevé…

Malheureusement, cette année, il sera impossible de mesurer concrètement l’impact de l’œuvre et de la lecture que vous en proposez sur le public…
Certes, mais l’aventure ne s’arrêtera pas à la diffusion du spectacle sur les réseaux sociaux : nous avons décidé de reprendre l’œuvre l’an prochain, en commençant par Compiègne (c’est au Théâtre Impérial que la première aurait dû avoir lieu), puis en tournant dans toutes les villes où l’œuvre était programmée cette année !

Interview réalisée le jeudi 10 décembre 2020

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La Dame Blanche
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Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

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