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Les festivals de l’été – Orange : Cecilia Bartoli aux Chorégies

par Nicolas Darbon 19 juillet 2021
par Nicolas Darbon 19 juillet 2021
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Crédit photos : © Philippe Gromelle

« Arrêtez la sono !!! » : le public entre éblouissement et désespoir

Cecilia Bartoli en récital au Théâtre antique d’Orange dans le cadre des Chorégies, c’est un moment délicieux tant pour la voix, puisqu’on ne fait pas mieux, que pour la magie d’un lieu estival à l’histoire millénaire, ouvert sur les étoiles. Tous ces ingrédients sont réunis ce 16 juillet 2021. Mais hélas la technologie va gâcher la soirée…

Inutile de nous étendre sur la technique vocale, les couleurs chaudes et l’aisance naturelle, sans parler de la présence incomparable sur scène de la diva romaine : tout a été dit et tout rayonne de mille feux en ce soir d’été. Le programme alterne de grands airs baroques et des chansons populaires.

Le désastre de l’amplification

Un problème majeur surgit dès le départ : l’amplification sonore. À quoi bon venir écouter la voix de la divine Cecilia Bartoli, que l’on entend partout à travers les filtres de la modernité, si c’est pour recevoir dans les oreilles le son que crachent des haut-parleurs ? De même, le vent impétueux s’invite et s’engouffre dans les micros et nous avons droit, en réalité, à un immense et douloureux Double concerto pour voix et vent. Le vent s’installe dans de nombreux passages en raison de la prise de son ; les amateurs de musique concrète peuvent y puiser des idées.

On rappelle qu’un orchestre « naturel » et un orchestre « amplifié » n’ont rien à voir : le fait de mettre des micros sur les solistes et les pupitres grossit les imperfections et donne un « ensemble de solistes » et non une pâte instrumentale, celle-là même qui fait tout le génie des musiciens d’orchestre, sans parler de la transformation du timbre. Le plus désolant est le synthétiseur / piano électronique qui fournit les sons de clavecin ou de piano à queue…

Tout cela pour être entendu d’un public de sourds ? Jamais un orchestre ou une chanteuse n’ont pu se produire sans amplification aux Chorégies ? Il y a en effet le vent, le vent mauvais… Le vent a bon dos. Est-ce le vent qui a justifié l’amplification ? Cela ne tient pas la route et le public hurle : « Arrêtez la sono !!! » à plusieurs reprises. Mais autant en emporte le vent…

Un voyage italien

Le viaggio italiano qui est proposé est constitué d’airs virtuoses de Haendel. Habillée en costume d’homme, la mezzo-soprano colorature entonne des air de castrats : celui de la magicienne Melissa de l’opéra Amadigi (1715) ; ou l’air « Lascia la spina, cogli la rosa » de l’oratorio Il Trionfo del Tempo e del Disinganno (1707)… Arrivent ensuite des musiques de Rossini. La diva porte alors une robe blanche vaporeuse avec de fins motifs bleus pour l’air de Cendrillon. Vient alors l’air de Desdémone « Assisa a’ pie d’un salice » d’Otello (1816). Elle exploite toute une palette de gammes et d’arpèges ultra rapides, trilles et détachés, aigus purs et puissants, dans les drapés de velours et de soie de sa voix jamais forcée.

La diva porte une robe de princesse Disney rose à paillettes puis une robe en camaïeu de rose et mauve mi-longue plus moderne pour la musique plus légère. Parfaite diction et expressivité intense jusque dans des chansons telles que « La danza » du même Rossini, tirée des Soirées musicales (1835), sur un rythme de tarentelle, où la nature extravertie de la chanteuse peut s’exprimer. Ou encore dans une chanson napolitaine de Bixio, « Mamma, son tanto felice » (1840), qui est aussi une musique de film. La cantatrice la dédie à toutes les mamans, à commencer par sa mère présente dans le théâtre. Autres chansons napolitaines : « Munasterio ‘e Santa Chiara » (1945) ; le tube des tubes, « O sole mio » (1898). Dernier moment d’émotion : « La Vie est belle » de Piovani, musique du film, avant bien entendu une série de trois bis qui fait se lever l’assemblée méditerranéenne.

Thibaud Robinne élève le niveau instrumental

L’orchestre intercale entre chaque air un morceau instrumental de Gluck, Rossini, Donizetti, De Curtis, Morricone (Cinema paradiso) dont la mélodie est chantée par la cantatrice, qui à l’évidence adore le répertoire populaire.

La phalange que la diva a réunie autour d’elle, les Musiciens du Prince-Monaco, sous la direction de Steven Mercurio, sont présentés comme « les meilleurs musiciens internationaux sur instruments anciens », salués « par une presse unanime » (programme des Chorégies). Qu’on nous permette de tousser et de ne pas hocher du bonnet, tant le résultat sonore n’est pas à la hauteur de la cantatrice. L’orchestre arrive sur le plateau avec des sourires triomphants et décontractés, sûr de sa force. Mais il en faut davantage pour être toujours parfaitement justes, ensemble et surtout, inspirés.

L’un des moments difficiles (compte tenu du niveau attendu, bien sûr), est l’Intermezzo de Cavalleria rusticana de Mascagni, que tout le monde connaît par cœur et qu’il peut donc juger. Le morceau est envoyé comme un plat de pâtes italiennes, et au suivant ! Les premiers violons sont parfois faux, et pour la poésie, le frémissement, les contrastes, ce sera après le vent. Il est certain que l’amplification aussi joue son rôle dans ce contexte.

Heureusement, certains solistes sont valeureux, en particulier le trompettiste Thibaud Robinne, qui joue sur des trompettes baroques à trous (sans pistons), une autre à clefs, toutes deux délicieusement « non tempérées », mais esthétiquement décalées par rapport à l’orchestre somme toute classique ; une autre paraît être en Ré ou en Sol. Cet artiste, qui tente de se hisser sur les hauteurs de Bartoli, élève largement le niveau et fait diverses interventions dont un duo désopilant avec la cantatrice.

Dans l’animation théâtrale, saluons le chef d’orchestre qui est très complice avec la pétillante chanteuse, et réalise avec elle de nombreuses facéties. Le public repart avec ces éléments contrastés dans les yeux et les oreilles. Pour les fans, malgré des conditions d’écoute compliquées, l’image magnifique de la diva reste intacte.

Les artistes

Les Musiciens du Prince – Monaco, dir.  Steven Mercurio
Cecilia Bartoli   mezzo-soprano

Le programme

VIAGGIO ITALIANO
CHRISTOPH WILLIBALD GLUCK
Orfeo ed Euridice Danse des Furies – orchestre
GEORG FRIEDRICH HAENDEL
Amadigi récitatif et aria de Melissa « Mi deride… Desterò dall’empia Dite »
Il Trionfo del Tempo e del Disinganno aria de Piacere « Lascia la spina »
GIOACHINO ROSSINI
La Cenerentola ouverture
Otello air de Desdemona « Assisa a’ pie d’un salice »
La Cenerentola l’Orage acte II – orchestre
rondo final d’Agelina « Nacqui all’affanno… Non più mesta… »
GAETANO DONIZETTI
Don Pasquale introduction acte II – orchestre ERNESTO DE CURTIS
« Cara, ti voglio tanto bene »
GIOACHINO ROSSINI
La danza
PIETRO MASCAGNI
Cavalleria rusticana intermezzo – orchestre E.A. MARIO (GIOVANNI GAETA)
« Santa Lucia luntana »
CESARE ANDREA BIXIO
« Mamma, son tanto felice »
ALBERTO BARBERIS
« Munasterio ‘e Santa Chiara »
ENNIO MORRICONE
Cinema Paradiso – orchestre
« Se tu fossi nei miei occhi »
NICOLA PIOVANI
«La vita è bella»
EDUARDO DI CAPUA
«O sole mio»

Chorégies d’Orange, 16 juillet 2021

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Cecilia Barloli
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Nicolas Darbon

Nicolas Darbon est maître de conférences (HDR) à Aix-Marseille Université. Avant sa carrière universitaire, il a été , il a été pendant plus de vingt ans professeur de musique en collèges-lycées. Spécialiste de la musique des XXe-XXIe siècles, il a organisé de nombreux colloques. Il coordonne le Groupe de recherche sur la musique (GRiiiM), encadre le Journal du GRiiiM et les journées d'études organisées aux Antilles. Parmi ses derniers livres Musique et Littérature en Guyane : explorer la transdiction, publié en 2018 chez Garnier Classiques ; ainsi que Les Musiques du chaos ; Dutilleux... du cristal à la nuée, Messiaen... les sons impalpables du rêve, Musica y Complejidad. Il contribue à l'Histoire de l'opéra français publié chez Fayard, à L'Avant-scène opéra, et rédige de nombreux articles sur l'opéra. Il est compositeur et président de Millénaire III éditions.

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