À la une
4e édition du OPERA CROWN, Tbilisi International Voice Competition :...
Découvrez la saison 2026 du Teatro del Maggio Musicale Fiorentino
TEATRO DEL MAGGIO MUSICALE FIORENTINO: la programmazione del 2026
Le phœnix Avant-Scène Opéra renaît !
Bizet & friends renouvellent les fastes du Second Empire à...
Elle aurait 100 ans aujourd’hui : CATHY BERBERIAN
CD – LIKE FLESH (Sivan Eldar)
GOLDA SCHULTZ : « J’aimerais tellement pouvoir remercier Mozart pour la...
Au festival « Le Temps suspendu », Camille Merckx fait revivre JULIE...
Les brèves de juillet –
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduRécital

New York – Metropolitan Opera : At-home Gala – #TheVoiceMustBeHeard

par Stéphane Lelièvre 25 avril 2020
par Stéphane Lelièvre 25 avril 2020
0 commentaires 0FacebookTwitterPinterestEmail
1,4K

Avec Ildar Abdrazakov, Roberto Alagna, Aleksandra Kurzak, Marco Armiliato, Jamie Barton, Piotr Beczała, Angel Blue, Lawrence Brownlee, Joseph Calleja, Javier Camarena, Nicole Car, Etienne Dupuis, David Chan, Anthony Roth, Stephen Costello and Yoon Kwon Costello, Diana Damrau and Nicolas Testé, Michael Fabiano, Renée Fleming, Elīna Garanča, Gunther Groissböck, Jonas Kaufmann, Quinn Kelsey, Isabel Leonard, Ambrogio Maestri, Peter Mattei, Archipelago, Erin Morley, Anna Netrebko, Yusif Eyvazov, Lisette Oropesa, René Pape, Ailyn Pérez, Soloman Howard, Matthew Polenzani , Anita Rachvelishvili, Golda Schultz, Nadine Sierra, Bryn Terfel, Hannah Stone, Elza van den Heever, Michael Volle, Sonya Yoncheva.

L’organisation d’un gala prestigieux réunissant les plus grands noms de l’art lyrique n’est pas en soi exceptionnelle de la part du Metropolitan Opera. Ce qui l’est beaucoup plus, c’est la forme qu’a prise le concert proposé hier soir (samedi 25 avril 2020), quatre heures durant (de 19h à 23h, heure française) : confinement oblige, c’est de leur résidence que les artistes ont  interprété les plus grands airs du répertoire, au cours d’un événement à la fois étrange, frustrant, émouvant, excitant, et dont on espère bien sûr qu’il restera unique dans l’histoire du Metropolitan. Le concert a été présenté en direct à la fois par le directeur général  Peter Gelb et par le directeur musical Yannick Nézet-Séguin, lequel a déclaré à plusieurs reprises et non sans émotion à quel point les musiciens de l’orchestre et les choristes du Met lui manquaient…

Soulignons tout d’abord la prouesse technique que constitue l’événement. Bien sûr, la qualité sonore fut parfois aléatoire, en fonction des moyens techniques dont disposaient les chanteurs ; mais les retransmissions, provenant des pays les plus divers (les États-Unis, la Suède, Malte, la France, l’Allemagne, la Géorgie, la Russie,…) se sont effectuées sans heurts et les échanges entre participants se sont déroulés dans d’excellentes conditions, sans les décalages qu’un tel événement pouvait laisser craindre. Ponctué de retours réguliers à New York, QG des opérations, le concert a consisté en une succession de passages de relais d’un chanteur à l’autre, d’un pays à l’autre, donnant à l’événement un côté « Eurovision » sympathique et bon enfant. À plusieurs reprises – pour l’Intermezzo de Cavalleria rusticana, ou encore le prélude du troisième acte de Lohengrin, c’est l’orchestre au complet, voire l’orchestre et les chœurs du Metropolitan – pour un « Va, pensiero » particulièrement émouvant – qui ont été réunis (séances pré-enregistrées),  chaque musicien, muni d’un casque ou d’écouteurs, jouant sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, dirigeant lui-même de son appartement montréalais.

Cavalleria rusticana (Intermezzo)

Lohengrin (Prélude acte III)

Nabucco

L’atmosphère du concert fut, heureusement, très contrastée, évitant aussi bien un pathos trop lourd qu’une légèreté permanente, laquelle aurait semblé déplacée en ces circonstances. Au chapitre des pitreries, retenons celles de Roberto Alagna qui, pendant le duo avec 

Adina/Aleksandra Kurzak (L’Elixir d’amour), court de gauche à droite, d’avant en arrière, s’adresse à la caméra, grimpe sur une échelle, touche le plafond de son salon, se saisit d’une guitare et entonne O sole mio…

Le contraste est saisissant avec Elza van den Heever, chantant a capella, de Montpellier où elle réside, le nostalgique Heimwee de Stephanus Le Roux Marais, ou encore avec l’interprétation (a capella également) recueillie et poignante du « Somewhere » de West Side Story par Isabel Leonard, qui se fait beaucoup trop rare en Europe et particulièrement en France (elle fut une superbe Elvire de Don Giovanni au festival d’Aix en 2017). Le comble de l’émotion sera atteint avec l’hommage rendu à Vincent Lionti, altiste au Metropolitan depuis une trentaine d’années, et récemment décédé en raisons de complications dues au coronavirus. En hommage à ce musicien, Joyce DiDonato interprète un « Ombra mai fu » d’un recueillement et d’une sobriété poignants.

 

Isabel leonard (« Somewhere« )

Joyce DiDonato (« Ombra mai fu« )

Il est amusant de voir dans quelle mesure les artistes ont joué ou non le jeu du « concert à mon domicile » : certains « reçoivent les spectateurs » en jeans et tee shirt, d’autres se sont vêtus comme s’ils se produisaient sur scène (Sonya Yoncheva) ; Diana Damrau, Nicolas Testé et leurs enfants nous reçoivent dans leur cuisine, Javier Camarena dans son appartement de Zürich (il remercie au passage ses « adorables voisins » qui l’ont laissé interpréter le splendide et redoutable air du Pirate à une heure si avancée !), Anna Netrebko dans un auditorium à Vienne (séance non live mais pré-enregistrée).

Javier Camarena (Le Pirate)

Concernant l’accompagnement, certains (rares) s’en passent et chantent a capella, d’autres bénéficient de la complicité d’un pianiste, d’une harpiste (Bryn Terfel, pour If I can help somebody d’Alma Bazel Androzzo), d’une violoniste (Stephen Costello, qui sera Faust à Bastille l’an prochain, chante « Salut, demeure chaste et pure » accompagné par le violon 

hautement expressif de sa femme Yoon Kwon Costello) ou… d’un accordéoniste – Peter Mattei, pour la sérénade de Don Giovanni !) ; d’autres s’accompagnent eux-mêmes au piano (Erin Morley) ; d’autres enfin utilisent une bande pré-enregistrée, ou sont accompagnés « à distance » par des musiciens d’orchestre.

Nous serons prudent sur la qualité des interprétations, en raison d’un son parfois un  peu fantomatique… Signalons malgré tout, outre les interventions déjà citées,  le courage de Lawrence Brownlee qui ose l’air d’entrée d’Arturo (Les Puritains), le « En vain j’espère » (Robert le Diable) éblouissant de Lisette Oropesa, le doux et mélancolique Londonderry Air délivré par un Matthew Polenzani très touchant, s’accompagnant lui-même au piano, l’émouvant « Rachel, quand du Seigneur » d’un Jonas Kaufmann en très bonne forme vocale, l’ « Ave Maria » d’Otello par une Renée Fleming au timbre étonnamment préservé, ou encore l’interprétation ébouriffante de La Fille du Régiment par Erin Morley, au français très clair et dont le timbre présente une rondeur et un moelleux assez rares chez ce type de voix (sur)aiguës. Très présente aux États-Unis et particulièrement à New York (ainsi que, dans une moindre mesure, en Allemagne ou en Autriche), voilà une artiste que l’on aimerait vraiment entendre plus souvent en France !

Lawrence Brownlee, Les Puritains

Lisette Oropesa, Robert le Diable

Jonas Kaufmann, La Juive

Erin Morley, La Fille du Régiment

La soirée a été ponctuée d’appels aux dons (qu’il est possible d’effectuer en ligne, sur le site du Metropolitan). Le Metropolitan Opera se trouve en effet dans une situation financière très compliquée. L’annulation de la fin de la saison entraîne une perte de quelque 60 millions de dollars. L’institution a annoncé qu’elle ne paierait pas le cachet des solistes qui étaient engagés et qu’elle suspendait les salaires des musiciens de l’orchestre, des membres du chœur et des techniciens (1). L’American Guild of Musical Artists (2) s’alarme d’ « une situation psychologique et financière dévastatrice pour nos artistes », tout en reconnaissant « qu’il s’agit d’une période jamais vue » et en sachant gré à l’institution de « conserver la mutuelle santé pour ses salariés permanents. Nous sommes déçus, nous sommes en colère mais nous comprenons ». Peter Gelb, directeur général du Metropolitan Opera, renonce quant à lui à son salaire tant que durera la crise liée au coronavirus.

———————————–

(1) Source : https://www.francemusique.fr/opera/coronavirus-le-metropolitan-opera-de-new-york-suspend-les-salaires-de-tous-ses-salaries-82458

(2) Syndicat national des chanteurs lyriques aux USA

image_printImprimer
Metropolitan OperaCoronvirus
0 commentaires 0 FacebookTwitterPinterestEmail
Stéphane Lelièvre

Stéphane Lelièvre est maître de conférences en littérature comparée, responsable de l’équipe « Littérature et Musique » du Centre de Recherche en Littérature Comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université. Il a publié plusieurs ouvrages et articles dans des revues comparatistes ou musicologiques et collabore fréquemment avec divers opéras pour la rédaction de programmes de salle (Opéra national de Paris, Opéra-Comique, Opéra national du Rhin,...) Il est co-fondateur et rédacteur en chef de Première Loge.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
Laurent PELLY
prochain post
SOIR PAÏEN

Vous allez aussi aimer...

Bizet & friends renouvellent les fastes du Second...

4 juillet 2025

NORMA revient à la Scala après une absence...

2 juillet 2025

La spectaculaire TURANDOT d’Andrei Serban inaugure le Festival...

30 juin 2025

MOZART aux Chorégies d’Orange : une soirée d’ouverture...

30 juin 2025

L’ERCOLE AMANTE de Cavalli : une brillante réussite pour...

29 juin 2025

« Arnaud, as-tu du cœur ? » Au festival de Froville,...

29 juin 2025

SCHUBERT, HAYDN, MOZART, TCHAÏKOVSKI au Théâtre des Champs-Élysées,...

29 juin 2025

À Turin, un ANDRÉ CHÉNIER façon Julian Assange

28 juin 2025

Hervé Niquet et le Concert Spirituel plongent le...

26 juin 2025

Carnaval baroque à Versailles

26 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • Stéphane Lelièvre dans SCALA DE MILAN : découvrez la richissime saison 2025-2026 !
  • GUILLEMIN Katia dans SCALA DE MILAN : découvrez la richissime saison 2025-2026 !
  • Stéphane Lelièvre dans Royal House Opera : la saison 25-26 de Covent Garden
  • Stéphane Lelièvre dans Julien Chauvin propose une nouvelle turquerie au Théâtre des Champs-Élysées : L’italiana in Algeri
  • Gabriella Minarini dans Julien Chauvin propose une nouvelle turquerie au Théâtre des Champs-Élysées : L’italiana in Algeri

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Bizet & friends renouvellent les fastes...

4 juillet 2025

NORMA revient à la Scala après...

2 juillet 2025

La spectaculaire TURANDOT d’Andrei Serban inaugure...

30 juin 2025