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Siegfried : Deuxième journée du Ring de David McVicar à la Scala

par Renato Verga 22 juin 2025
par Renato Verga 22 juin 2025

© Brescia Amisano

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Le 13 juin à Bologne, à l’Auditorium Manzoni, était donné Siegfried de Wagner en version de concert sous la direction d’Oksana Lyniv, directrice musicale du Teatro Comunale ; mais une semaine plus tôt à Milan, les représentations de la deuxième journée du Ring au Teatro alla Scala avaient commencé. Et si l’on franchit les Alpes, ce mois-ci, on a le choix entre les productions du Theater Basel (chef d’orchestre Nott et metteur en scène von Peter), de la  Wiener Staatsoper (Jordan/Bechtolf) et de Dresde, au Kulturpalast (Nagano, en concert). Il semblerait que ce mois de juin soit celui de Siegfried…

La brillante direction d’Alexander Soddy

Les représentations milanaises sont quant à elles mises en scène par Sir David McVicar et dirigées par les baguettes de Simone Young (les trois premières) et Alexander Soddy (les deux dernières). Celle du 16 juin voit monter sur le podium l’ancien assistant de Young, qui s’est désormais forgé une brillante réputation et est accueilli par de chaleureux applaudissements avant même qu’une note ne soit jouée par l’orchestre. Ils se transformeront en standing ovation à la fin de la représentation de la part d’un public séduit par sa belle direction qui met en valeur les merveilles orchestrales d’un opéra qu’au mépris des théories de l’œuvre d’art totale, on préfère presque apprécier en concert : La musique de Wagner, surtout ici, dit tout ce qu’il y a à dire. Les dizaines de motifs conducteurs que nous avons découverts dans les deux premières parties sont ici encore plus nombreux, et Raffaele Mellace a bien fait de les indiquer sur le livret imprimé sur le programme, comme Ricordi l’a fait dans les livrets italiens de la fin du XIXe siècle :  il s’agit d’un ensemble de lignes de différentes couleurs, liées aux différentes constellations de motifs (la nature, l’or, les Nibelungen, les dieux, les héros, la passion, le pouvoir) avec lesquelles il est plus facile de démêler ces « vecteurs des flux passionnels qui traversent l’histoire très complexe et les personnages qui s’y manifestent » (Richard Wagner). Soddy à la fusion des motifs qu’à leur mise en lumière : dans l’interlude du troisième acte, par exemple, il n’y a pas moins de douze motifs conducteurs tantôt à peine esquissés, tantôt plus développés par l’orchestre en quelques de mesures. La continuité narrative est le plus grand mérite de la lecture du chef qui, tout en ne manquant pas de souligner les moments dramatiques, vise à la transparence et à la clarté du flux musical – lequel, dans Siegfried, est particulièrement varié, passant de la scène éblouissante de l’épée aux sons caverneux de la rencontre avec le dragon jusqu’aux tonalités amoureuses de l’idylle entre les deux jeunes protagonistes, l’un qui, par amour, connaît enfin la peur, l’autre s’éveillant en tant que mortelle amoureuse. Une petite imperfection n’a pas entamé la belle performance du premier cor, véritable protagoniste instrumental de la soirée, tandis que l’acoustique du théâtre a rehaussé les couleurs et l’éclat de tout l’orchestre.

Une mise en scène osant une lecture quasi littérale

« Pour résoudre les problèmes posés par Wagner, une approche littérale n’est certainement pas le meilleur choix : si l’on s’en tient aux indications scéniques telles qu’elles sont écrites, on perd le cœur symbolique de tout ce qui se passe ». En lisant ces phrases sur le programme, on serait bien en peine de reconnaître Sir David McVicar comme leur auteur, car le metteur en scène écossais propose justement une lecture littérale, didactique et surtout rassurante, qui passe visuellement de tons réalistes (Acte I) à la fantaisie (Acte II) et à un vague symbolisme (Acte III). C’est le choix très légitime de renoncer à toute lecture idéologique et de se limiter aux éléments féeriques de l’histoire – oiseaux parlants, dragons, belle au bois dormant réveillée par le baiser du prince charmant… – sans poser de problèmes et surtout sans avoir honte de les représenter pour ce qu’ils sont. Voici donc le logis de Mime, dans une caverne où cuisine et forge sont placées côte à côte, de sorte que pendant que Siegfried martèle sur l’enclume, le nain vide la soupe empoisonnée dans une gourde avec sa louche après que le héros lui a donné un énorme ours, apporté par deux figurants. Huit serviront à manœuvrer le dragon Fafner, un squelette rampant qui, au moment de sa mort, redevient le géant que nous avions vu dans le Prologue, mais sans échasses, tandis que le cheval de Brünnhilde du premier jour réapparaît également, se réveillant en même temps que sa maîtresse et représenté ici par un jeune homme torse nu sur des prothèses élastiques. La représentation de l’oiseau parlant est magnifiquement résolue : il s’agit un autre jeune homme torse nu, avec une longue perche au bout de laquelle volette un oiseau, tandis qu’un chanteur avec une crête de punk fait bouger un oiseau sautillant sur le sol. Il faut saluer l’habileté de McVicar qui n’hésite pas à obtenir une solution avec des moyens très artisanaux mais expressément théâtraux. La technologie est laissée aux projections vidéo de Katy Tucker, simples et fonctionnelles, qui représentent des ciels orageux, des flammes, des planètes en conjonction, l’œil enflammé du dragon entouré d’un anneau projeté sur le rideau noir qui descend entre les actes. Les décors d’Hannah Postlethwaite et de McVicar lui-même distinguent les différents environnements : celui, trop réaliste, de la grotte, mais fonctionnel pour les gags de l’interprète de Mime ; celui, romantico-horrifique, de l’entrée de la grotte de Fafner avec les trois silhouettes humaines décharnées ; le lieu sauvage de la première partie de l’acte III, un espace vide avec une sphère derrière laquelle Erda dort, réveillée par Wotan/Wanderer ; le rocher au profil féminin (vu dans Die Walküre) et la main sur laquelle repose Brünnhilde endormie (tirée de Das Rheingold) de la longue scène finale. Les costumes d’Emma Kingsbury sont élaborés et évocateurs à juste titre, jouant sur des couleurs sombres et neutres, à l’exception des vêtements féminins de Mime (le manteau de fourrure imprimé léopard…) qui souligne l’ambiguïté du personnage de l’uniforme de cirque rouge et or d’Alberich, le souverain déchu avec la couronne en carton, et de la tunique bleue de Brünnhilde.

Belle distribution vocale

Comme la mise en scène, la distribution vocale est également « rassurante », non seulement parce que nous retrouvons les interprètes déjà entendus dans le Prologue et le Premier Jour. Ici se confirment les exceptionnelles qualités de jeu et de voix de Mime, l’imposant Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, et de son frère Alberich, Ólafur Sigurdarson ; la recherche psychologique et les jeux sur les mots de Michael Volle, Wanderer/Wotan ; la rudesse du Fafner d’Ain Anger, dont la voix est amplifiée par le micro alors qu’on ne le voit pas sur scène ; la Brünnhilde de Camilla Nylund, un peu mal à l’aise au début avec des aigus tendus et trop de vibrato, meilleure par la suite (mais elle dispose de moins d’une demi-heure pour trouver ses repères…).  Pour le personnage-titre, on a opté pour le rassurant mais quelque peu ennuyeux Klaus Florian Vogt, qui, loin de l’emploi de Heldentenor, affiche sa voix brillante mais mince, avec un registre aigu robuste mais un phrasé trop peu varié. Le chanteur réussit néanmoins à se parvenir indemne à la fin de l’un des rôles les plus éprouvants du théâtre en musique. Vogt cependant ne nous a rien appris de plus que ce que nous savions de Siegfried, qui reste le personnage unidimensionnel et antipathique que nous connaissions. La seule chanteuse italophone de la distribution est Francesca Aspromonte, la voix agile du petit oiseau.

Grand succès auprès d’un public ayant bravé stoïquement les cinq heures de représentation. En février, Götterdämmerung conclura la saga….

Per leggere questo articolo nella sua versione originale in italiano, cliccare sulla bandiera!

Les artistes

Siegfried : Klaus Florian Vogt
Mime : Wolfgang Ablinger-Sperrhacke
Der Wanderer / Wotan : Michael Volle
Alberich : Ólafur Sigurdarson
Fafner : Ain Anger
Erda : Anna Kissjudit
Brünnhilde : Camilla Nylund
Stimme des Waldvogels : Francesca Aspromonte

Orchestre de la Scala, dir. Alexander Soddy
Mise en scène : David McVicar
Décors : David McVicar et Hannah Postlethwaite
Costumes : Emma Kingsbury
Lumières : David Finn
Vidéos et projections : Katy Tucker
Chorégraphie : Gareth Mole
Maître des arts martiaux et de la performance de cirque : David Greeves

Le programme

Siegfried

Drame lyrique de Richard Wagner, créé à Bayreuth le 16 août 1876.
Milan, Teatro alla Scala, représentation du lundi 16 juin 2025.

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David McVicarFrancesca AspromonteWolfgang Ablinger-SperrhackeMichael VolleAlexander SoddyKlaus Florian VogtÓlafur SigurdarsonAin AngerCamilla NylundAnna Kissjudit
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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