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Instantanés de l’OperaFest Lisboa : O POLEGARZHINO et TORMENTO

par Pierre Brévignon 20 septembre 2024
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© Susana Paiva

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Deux œuvres brèves pour deux publics radicalement différents

Alors que vient de s’achever la cinquième édition d’OperFest Lisboa, un coup de projecteur sur des compléments de programmation qui illustrent bien la diversité et l’ambition du projet de sa fondatrice Catarina Molder.

À côté des opéras « tête d’affiche » (Cavalleria Rusticana, Pagliacci, Don Giovanni), une place était en effet accordée, comme chaque année, à deux publics très différents : les enfants (« public de l’avenir », comme dit joliment la brochure) et un public plus averti amateur de spectacles expérimentaux. Dans les deux cas, la même exigence artistique, mais une approche diamétralement opposée.

Avec O Polegarzhino (Le Petit Poucet), c’est la seconde fois que la compositrice française Isabelle Aboulker est à l’affiche du festival lisboète (après la création en 2022 de Jérémy Fisher). Cette adaptation du conte de Perrault, donnée dans sa version portugaise non surtitrée, condense l’action en une quarantaine de minutes de musique, ici dans sa réduction pour piano solo. Dans le cadre des jardins du Palais du Marquis de Pombal, à Oeiras, l’histoire du Petit Poucet et de ses six frères abandonnés par leur parents puis traqués par l’Ogre revêtait, à la tombée du soir, une dimension fantastico-poétique remarquablement traduite par les éclairages de Sérgio Moreira et les costumes de Patricia Costa. En guise de décors, de simples accessoires métonymiques sur une toile de fond naturelle d’arbres et de buissons : un fauteuil fatigué pour la récitante, un lit à barreau pour les enfants, quelques lanternes et guirlandes pour habiller le piano… et la magie opère ! La metteuse en scène Sandra Faleiro a abordé l’œuvre comme une mise en abyme : « Une famille se réunit dans la chambre des enfants pour raconter l’histoire d’un garçon très courageux, le Petit Poucet. À partir de là, tout peut arriver : la chambre et, en son centre, le lit deviennent un portail vers un royaume magique où tout est possible, explorer la dualité entre imaginaire et réalité, lumière et obscurité, bien et mal. Les personnages se transforment sans cesse, soulignant la fluidité de leur identité et confirmant que les apparences peuvent être trompeuses. L’action se déroule comme si on feuilletait un livre d’images, parfois effrayantes et d’autres fois charmantes. » On gardera de ce livre d’images oscillant entre Tim Burton et Sa Majesté des mouches la scène réellement effrayante de l’apparition de l’Ogre, silhouette géante surgie d’un bosquet baigné d’une vive lumière bleue…

Dominé par un Petit Poucet incarné avec une belle assurance par le jeune Francisco Peirera (11 ans !), le plateau vocal de cette fantaisie féérique séduit par son engagement et son homogénéité. Dans le rôle des parents et du couple ogresque, Beatriz Volante et Ricardo Rebelo Silva jouent d’un humour qui fait mouche. Les interprètes des enfants, recrutés auprès de différentes formations chorales, impressionnent par leur justesse – on songe plus d’une fois aux chœurs chez Britten, à qui la partition d’Aboulker fait penser. On y croise aussi l’inspiration d’un Nino Rota, et le pianiste Francisco Sassetti restitue cette parenté à travers un jeu tout en staccato, comme une boîte à musique. Le jeune public lui réserve, ainsi qu’aux interprètes vocaux, un triomphe.

Dans un registre radicalement différent, le festival présentait une « cantate-performance » conçue par l’interprète Gustavo Sumpta sur une musique électronique de Nuno da Rocha. Tormento est, là encore, une œuvre brève (une quarantaine de minutes), fruit d’une commande d’OperaFest pour célébrer les 500 ans de la naissance de Luís de Camões, « l’Homère portugais ». Elle reprend un épisode tiré du Chant 5 son opus magnum, Les Lusiades (1566), vaste poème épique narrant la naissance du Portugal en le mêlant à la mythologie grecque. Il y est question de la rencontre d’un vaisseau de l’Armada de Vasco de Gama en route vers les Indes avec Adamastor, géant des Tempêtes condamné à errer au large du Cap de Bonne-Espérance par l’Océanide Doris pour être tombé amoureux de la nymphe Thétys. C’est ce que l’on comprend… en faisant ses propres recherches car le texte portugais n’est pas surtitré, ni même résumé dans le programme (seule la note d’intention passablement cryptique du metteur en scène y figure). La mise en musique et en images de cet épisode ne favorise guère la compréhension : douze chanteuses tout de noir vêtues accueillent le public dans la cour du Palacio Sinel de Cordes, au pied d’un arbre à l’impressionnant tronc noueux (un arbre de Judée ?) qui sera l’unique élément de décor de la pièce. Après une attente bercée par le bourdon entêtant d’un drone, le chant émerge de la nuit en une série de psalmodies tantôt homophoniques, tantôt polyphoniques. On a le sentiment d’assister à un étrange rituel, rythmé par les lents déplacements des chanteuses qu’anime un répertoire limité de gestes (se masquer le visage d’une main, tendre un bras comme pour brandir une lanterne, agiter une clochette, souffler dans une flûte). Parfois, l’une d’elle brandit une radio de laquelle s’échappe la voix grésillante de Vasco de Gama. Le tapis sonore électronique brodé par Nuno da Rocha accueille quelques rehauts de cordes (viole de gambe ?), mais la matière musicale étonne par sa ténuité pour dépeindre un personnage aussi titanesque… Et puis, alors qu’une douce hypnose nous prend : réveil brutal en voyant surgir du sol – littéralement enterré – un homme âgé, entièrement nu, la tête enveloppée dans une sorte de cellophane, s’éloignant dans une lumière violette. Est-ce Adamastor ? Ou tout autre chose ? La cinquième édition d’OperaFest Lisboa s’achève pour nous sur cette vision énigmatique… Au moment des saluts, les chanteuses elles-mêmes semblent émerger d’une transe. Étrange soirée, envoûtante autant que frustrante, dont on aurait aimé pouvoir percer (un peu) le mystère.

Les artistes

O POLEGARZHINO (LE PETIT POUCET) 

Petit Poucet : Francisco Peirera
Mère/Épouse de l’Ogre : Beatriz Volante
Père/Ogre : Ricardo Rebelo Silva
Les enfants : Afonso Lebre, Duarte Nunes, Francisco Pereira, Inês Fofana, Joana Almeida, Júlia Sundquist, Miguel Mondril
Récitante : Joana Campelo

Direction musicale et piano : Francisco Sassetti

Mise en scène  :  Sandra Faleiro
Décors et costumes  :  Patrícia Costa
Lumières  :  Sérgio Moreira

 

TORMENTO 

Création et interprétation : Gustavo Sumpta
Musique et direction : Nuno da Rocha
Ensemble vocal Nova Era
Direction : João Barros



Le programme

O POLEGARZHINO (LE PETIT POUCET) (1998)
Conte musical d’Isabelle Aboulker, livret de la compositrice d’après le conte de Charles Perrault (1697), créé en 1998.  Version portugaise de Luis Rodrigues. Création portugaise.

TORMENTO (2024)
Cantate-performance de Nuno da Rocha, d’après le Chant 5 des Lusiades de Luis de Camões (1572). Création. 

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Pierre Brévignon

Pierre Brévignon jongle avec les mots et les notes, tour à tour dans les programmes de l'Opéra de Paris, de la Cité de la Musique, du Théâtre du Châtelet, dans les livrets de CD, dans les salles de conférence de la Philharmonie, au sein de l'Association Capricorn (www.samuelbarber.fr) ou dans les livres qu'il consacre à sa passion : la première biographie française de Samuel Barber ("Samuel Barber, un nostalgique entre deux mondes", éditions Hermann, 2012), le "Dictionnaire superflu de la musique classique" (avec Olivier Philipponnat, Castor Astral, 2015) et "Le Groupe des Six, une histoire des années folles" (Actes Sud, 2020).

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