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Les festivals de l’été –
Centenaire Puccini : une pléiade de stars pour TOSCA aux Arènes de Vérone

par Camillo Faverzani 31 août 2024
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Arènes de Vérone, Tosca, 30 août 2024

Représentation unique de Jonas Kaufmann en Mario Cavaradossi

Un clin d’œil aux arts figuratifs

Dans le cadre des manifestations célébrant le centenaire puccinien, l’Arena di Verona Opera Festival programme trois titres du compositeur parmi les plus populaires : Turandot, La Bohème et Tosca. Pour ce dernier, il joue la carte du vedettariat : trois représentations autour du couple ô combien médiatique Netrebko-Eyavazov, entouré du Scarpia de Luca Salsi, et une seule soirée affichant le Cavaradossi de Jonas Kaufmann, avec la Tosca d’Elena Stikhina et le baron de Ludovic Tézier. Il s’agit de la reprise de la mise en scène de Hugo De Ana, datant de 2006 et régulièrement reproposée depuis, qui signe aussi les décors, les beaux costumes d’époque et les lumières. Un clin d’œil aux arts figuratifs vient animer les espaces : des toiles défilent au premier dont le Noli me tangere du Corrège, improbable toile peinte par le héros, à moins que ce soir il ne soit que restaurateur ; la tête de l’archange Michel, empruntée au sommet du Château Saint-Ange de Rome, à partir du deuxième, ainsi que des morceaux de ses bras, arborant épée et fourreau.

Une Floria Tosca à marquer d’une pierre blanche

Que peut-on reprocher au Mario de Jonas Kaufmann ? Rien sur le plan strictement vocal, sinon que son peintre a bien du mal à émerger ce soir. Quelque peu engorgé dans le récitatif avec le sacristain, il est amené à grossir les sons pendant son premier air qui arrive trop tôt pour lui permettre de se chauffer la voix. Son personnage ne décolle pas non plus pendant le duo qui suit avec sa bien-aimée : il avance assez péniblement.

L’amitié qui lie le chanteur allemand à Ludovic Tézier n’est un secret pour personne, les deux interprètes ayant exprimé leur sympathie réciproque à plusieurs reprises dans les médias. Lorsqu’ils se retrouvent à la scène – ou dans une salle d’enregistrement – ils sont capables d’atteindre les plus hautes sphères, notamment dans des scènes d’antagonisme, comme dans La forza del destino. Ce n’est pas tout à fait le cas dans Tosca, les quelques moments où leurs deux personnages se côtoient vraiment étant trop marqués par leurs rôles respectifs de victime et de bourreau. Le ténor jette néanmoins à la figure du baryton un cri de victoire savamment négocié, tenant la note bien longuement pour le plus grand bonheur du public qui en redemande, sans toutefois interrompre la représentation par des applaudissements déplacés et c’est tant mieux : une coupure de moins dans la progression de l’action.

Mais c’est à l’acte III que nous retrouvons le Jonas Kaufmann des beaux soirs, grâce à un récitatif très nuancé, à une articulation sans faille et à un air d’une intensité poignante, malgré quelques plafonnements. Pour sa fausse/vraie exécution, on l’accroche à un poteau en forme de croix. Le supplice est consumé…

Dès son apparition, Elena Stikhina dessine une Floria Tosca impérieuse, voire menaçante de jalousie, aussitôt caractérisée par une maîtrise de la ligne magistrale. Sa prière de l’acte II est d’abord abordée piano, dans un murmure, avec la complicité d’un Daniel Oren inépuisable, enchaînant les directions d’une soirée sur l’autre. « Nell’ora del dolor » n’est pas un vain mot ce soir car de l’apitoiement de l’héroïne se dégage une profonde émotion, soutenue par un legato d’exception et une tenue du souffle époustouflante. À tel point que même le Scarpia de Ludovic Tézier semble se laisser prendre au jeu, l’espace de quelques secondes.

Malgré de rares épanchements vers un vérisme trop appuyé (la réaction « Assassino » pendant la scène de torture, « Ecco un artista! » passablement crié), la Tosca de la soprano russe est à marquer d’une pierre blanche et trouve dans le dernier duo avec son amant matière à rayonner d’un éclat incontestable, d’abord dans l’évocation de la mort de Scarpia, ensuite dans le projet de fuite.

Elle trouve en Ludovic Tézier un partenaire incomparable, pour un acte II tout feu tout flamme. Leur rencontre à Sant’Andrea della Valle annonce déjà l’affrontement à venir, la ruse de l’un défiant la jalousie et le désespoir de l’autre. Immense chanteur réussissant l’exploit d’enchaîner Amonasro et Scarpia en l’espace de vingt-quatre heures, il est aussi le grand acteur qu’on lui a souvent reproché de sacrifier et possède tellement son personnage de tortionnaire que même le moindre trébuchement s’intègre à la mise en scène.

Un spectacle qui se passe aussi sur les gradins et sur les côtés, comme toujours aux Arènes, tel cet émouvant défilé de femmes en noir se rendant au Te Deum, se baissant à chaque coup de canon et ponctuant ainsi la prestation du baryton français, au souffle sans fin, cependant que des prélats apparaissent en hauteur.

Pour qui sonne le glas

Chez les comprimari, Gabriele Sagona est un Angelotti quelque peu hésitant, mais c’est sans doute le lot du personnage, Giulio Mastrototaro un Sagrestano de bonne école, Nicolò Ceriani un Sciarrone au beau timbre, Carlo Bosi un Spoletta un peu léger mais dans la meilleure tradition. Ajoutons le joli berger de Mattia Lucatti Veronesi qui ne semble nullement craindre les milliers de spectateurs de l’amphithéâtre, malgré son jeune âge. L’Orchestra Fondazione Arena di Verona est bien moins contraint que dans Aida, la veille. Une mention pour le son de cloche réitéré pendant l’Angelus, plus vrai que nature, et pour la subtilité des vents au finale II, après la mort du tyran. Bonne prestation du chœur maison et des voci bianche Accademia Lirica Verona.

Mais les Arènes de Vérone, c’est aussi le coup de canon annonçant la fuite d’Angelotti, impossible dans ces proportions dans une salle traditionnelle. C’est aussi la montée de l’héroïne en haut d’un praticable qui se confond avec le pourtour supérieur de l’amphithéâtre, laissant croire qu’elle se jette du sommet du monument dans une image saisissante. Le public est comblé !!!

Les artistes

Floria Tosca : Elena Stikhina
Mario Cavaradossi : Jonas Kaufmann
Il Barone Scarpia : Ludovic Tézier
Cesare Angelotti : Gabriele Sagona
Il Sagrestano : Giulio Mastrototaro
Spoletta : Carlo Bosi
Sciarrone : Nicolò Ceriani
Un carceriere : Carlo Striuli
Un pastore : Mattia Lucatti Veronesi

Orchestra e Coro Fondazione Arena di Verona, Coro di voci bianche Accademia Lirica Verona, dir. Daniel Oren, Roberto Gabbiani et Paolo Facincani
Mise en scène, décors, costumes, lumières : Hugo De Ana

Le programme

Tosca

Melodramma en trois actes de Giacomo Puccini, livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, d’après Victorien Sardou, créé au Teatro Costanzi de Rome le 14 janvier 1900.
Vérone, Arena, représentation du vendredi 30 août 2024.

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Ludovic TézierJonas KaufmannDaniel OrenHugo de AnaElena Stikhina
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

1 commentaire

Ivonne Begotti 1 septembre 2024 - 7 h 45 min

Assistere personalmente ad un’opera all’Arena è un’esperienza unica. Leggendo questa recensione, se ne coglie l’atmosfera e si gioisce per interposta persona. Che meraviglia!

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