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Les festivals de l’été –
L’un des piliers du Festival des Arènes de Vérone : Aida dans la reconstitution « historique » de 1913

par Camillo Faverzani 31 août 2024
par Camillo Faverzani 31 août 2024

© Fondazione Ennevi

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Aida, Arènes de Vérone, 29 août 2024

Quelque chose de sacré se dégage des gradins de l’amphithéâtre romain

Un spectacle grandiose

Aida étant l’un des titres fétiches de l’Arena di Verona Opera Festival (repris pendant 63 saisons pour un total de 749 représentations, tous les ans depuis plus de quarante ans), il est proposé cette année dans deux productions différentes, celle de Stefano Poda, de l’an dernier, commandée pour le centième millésime de la manifestation, et celle « historique » de Gianfranco De Bosio, de 1982, visant à reconstituer la mise en scène inaugurale de 1913, se basant à son tour sur des annotations de Giuseppe Verdi et d’Auguste Mariette. C’est à cette deuxième version que nous avons assisté ce soir.

On perçoit donc l’émanation de quelque chose de sacré lorsqu’on pénètre dans le vaste vaisseau de l’amphithéâtre romain où se pressent des milliers de personnes. Des effluves d’encens se répandent du haut des socles supportant des urnes et enivrent le public, pendant que des guerriers s’alignent le long des gradins qui accueillent une partie des décors et servent d’arrière-plan à une autre Antiquité. Celle de Louxor, vaguement évoquée par la conception du réalisateur. Ou quand s’allument des flammèches annonçant le retour de l’armée, puis les torches se dressant au-devant du sépulcre des amants et en arrière-plan pour une scène finale très suggestive.

Cependant, l’Arena di Verona Opera Festival est aussi ce que l’on appelle un lieu de spectacle « populaire », à savoir quelque peu en dehors des codes des salles lyriques traditionnelles, avec les aléas du plein air, bien que les voix ne soient heureusement pas sonorisées, et avec son lot de commentaires de touristes, de béquilles qui tombent, de gens qui se lèvent au beau milieu du duo du Nil, d’autres qui s’évanouissent – il est vrai que cette fin de mois d’août est torride dans la Plaine du Pô –, d’autres qui prennent des photos ou filment la chorégraphie (Susanna Egri) de la danse des esclaves maures de l’acte II, puis celle de la scène triomphale, séduisante mais somme toute assez sommaire. Excès de voyeurisme qui du reste s’exprime de plus en plus même dans des salles plus conventionnelles. Ou encore avec des changements de décor interminables et assez pénibles, surtout pendant ce même acte II : il faut bien payer son tribut au grandiose d’un défilé se concluant par une remontée de quatre chevaux peu probable ailleurs. Le tout sans doute un peu kitsch de nos jours mais agréable aux yeux et un très bon document du bon vieux temps jadis.

Anna Pirozzi à son zénith

Radamès, on le sait, a le rôle ingrat de chanter son unique air dès le premier tableau.  Personnellement nous n’avons jamais cru à la reconversion de Gregory Kunde de l’immense interprète rossinien qu’il fut en ténor dramatique. Bien évidemment, en artiste expérimenté, il assure mais l’aigu est laborieux, la voix sonne trop claire, le declamato forcé. Le contraste a dû être frappant pour les spectateurs véronais qui ont pu entendre dans ce rôle Piotr Beczala, il y a un peu plus de deux semaines. Plus idiomatique dans la scène de l’investiture, c’est toujours à l’arraché qu’il parvient à monter vers le haut du registre. Le plein air ne sied guère à la projection de l’Amneris d’Ekaterina Semenchuk non plus, dont la voix sonne le plus souvent voilée – elle a pourtant chanté sur ce même plateau le rôle-titre de Turandot, ou est-ce peut-être à cause de cela… –, malgré un grave impressionnant dans le duo avec le héros. En revanche, dès qu’apparaît Aida et qu’émet ses premières notes Anna Pirozzi (« Ohimè! Di guerra fremere »), la scène s’enflamme et le drame prend enfin vie. Ce n’est pas qu’une question de volume, toujours frappant. La cantatrice italienne sait faire preuve de pianissimi prodigieux dans ce trio où s’éveille le soupçon, puis dans le tableau du défi (notamment dans l’aveu : « io l’amo d’immenso amore… ») et, même dans son grand air qui suit, à l’articulation exemplaire, elle sait doser à la perfection les transitions vers l’aigu, toujours franc, jamais crié. Le décalage est ainsi flagrant dans le duo du piège où il n’y a pas de véritable affrontement, même si la voix de la mezzo biélorusse s’ouvre quelque peu davantage.

Deuxième marqueur : l’Amonasro de Ludovic Tézier

Par la suite, la scène de la reconnaissance, au finale II, sert de deuxième marqueur lorsque l’Amonasro de Ludovic Tézier doit bien avouer être le père de la captive (« Suo padre »). L’élocution est alors magistrale dans la supplique, très nuancée, se mariant déjà aux notes filées sublimées par sa fille retrouvée. Comme déjà l’an dernier, l’entente entre le baryton et la soprano n’est pas que l’expression d’une histoire de clan. Après le legato exceptionnel déployé dans la réminiscence de sa patrie, le contrôle savant de la ligne, la maîtrise fabuleuse du souffle, un crescendo de haut vol, le drame s’éclot enfin lors des retrouvailles familiales où Anna Pirozzi décoche des notes dardées perçantes, auxquelles répond le timbre chaud et imposant de son acolyte. Dès lors, le duo de la fuite s’embrase à son tour, grâce aussi à un Gregory Kunde plus à l’aise dans cette partie plus belcantiste de son rôle. Relevons encore la prouesse de la note tenue par l’héroïne sur « insiem fuggiamo ». Sublime dans la mort, elle cisèle avec le ténor américain un bouleversant duo des adieux à la terre, tandis que prend corps le déchirement dramatiquement plutôt bien incarné par la rivale éconduite, malgré un anathème encore peu saisissant.

Comprimari dignes dans l’ensemble, dont ressort le beau timbre du Re de Riccardo Fassi qui cependant peine parfois à se faire entendre, au finale II notamment, le Ramfis d’Alexander Vinogradov, à la justesse par moments problématique (début de l’acte III), et le Messaggero un peu en retrait de Riccardo Rados.

Dirigeant Aida depuis 1985, si mes comptes sont bons, Daniel Oren assure cette année sa 22e édition. Il dirige avec compétence un Orchestra Fondazione Arena di Verona quelque peu écrasé par les réverbérations du plein air. Chœur maison très efficace dans les grands tableaux. Public aux anges. Il est venu pour cela !!!

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Retrouvez Ludovic Tézier en interview ici !

Les artistes

Il Re : Riccardo Fassi
Amneris : Ekaterina Semenchuk
Aida : Anna Pirozzi
Radamès : Gregory Kunde
Ramfis : Alexander Vinogradov
Amonasro : Ludovic Tézier 
Un Messaggero : Riccardo Rados
Sacerdotessa : Francesca Maionchi

Orchestra e Coro Fondazione Arena di Verona, dir. Daniel Oren
Chef des choeurs : Roberto Gabbiani
Mise en scène : Gianfranco De Bosio
Décors, Costumes : production historique de 1913
Lumières : Paolo Mazzon
Chorégraphie : Susanna Egri

Le programme

Aida

Opéra en quatre actes de Giuseppe Verdi, livret d’Antonio Ghislanzoni, créée à l’Opéra khévidal du Caire le 24 décembre 1871.
Vérone, Arena, représentation du jeudi 29 août 2024.

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Ludovic TézierGregory KundeDaniel OrenAnna PirozziEkaterina SemenchukGianfranco De Bosio
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Camillo Faverzani

Professeur de littérature italienne à l’Université Paris 8, il anime le séminaire de recherche « L’Opéra narrateur » et dirige la collection « Sediziose voci. Studi sul melodramma » aux éditions LIM-Libreria musicale italiana de Lucques (Italie). Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’histoire de l’opéra. Il collabore également avec des revues et des maisons d’opéra (« L’Avant-scène Opéra », Opéra National de Paris).

1 commentaire

Ivonne Begotti 1 septembre 2024 - 7 h 27 min

Ringrazio vivamente per questa accurata e raffinata recensione.

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