À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

ProductionCompte renduVu pour vous

Un Béatrice et Bénédict controversé pour la reprise à l’Opéra de Gênes

par Marie Gaboriaud 1 novembre 2022
par Marie Gaboriaud 1 novembre 2022

© D.R. / Opéra Carlo Felice de Gênes

© D.R. / Opéra Carlo Felice de Gênes

© D.R. / Opéra Carlo Felice de Gênes

© D.R. / Opéra Carlo Felice de Gênes

© D.R. / Opéra Carlo Felice de Gênes

© D.R. / Opéra Carlo Felice de Gênes

0 commentaires 2FacebookTwitterPinterestEmail
2,2K

L’opéra de Gênes, pour sa première production de la nouvelle saison post-covid, présente un spectacle initialement projeté en décembre 2020 à l’Opéra de Lyon, qui avait dû être malheureusement annulé peu avant les représentations, et dont avait été faite seulement une captation vidéo.

L’opéra-comique de Berlioz, peu connu de ce côté des Alpes mais brillant, drôle et musicalement inventif, valait véritablement la peine de cette reprise et il faut en savoir gré à l’Opéra de Gênes, qui prend également le risque, pour la première production de la saison, d’une mise en scène peu conventionnelle. Malheureusement, la proposition de Damiano Michieletto, qui a d’ailleurs essuyé quelques huées lors de la première, pèche par beaucoup d’aspects, notamment la confusion des signes (le personnage de Somarone, interprété par Ivan Thirion, mal dessiné, s’agite par exemple sur la scène, dès l’Ouverture, sans qu’on comprenne bien quel est son rôle véritable) , et une certaine lourdeur symbolique (des papillons articulés qui vont et viennent des cages en verre pour signifier la liberté, Adam et Eve pour signifier l’amour hors des normes et de la religion…). Plus embêtant, certains choix de mise en scène posent en outre des problèmes scéniques et musicaux. Le choix de l’usage des micros de pied pour les récitatifs, au-delà du fait qu’ils créent du statisme et une certaine artificialité de ces moments d’échanges qui devraient, au contraire, être vifs et enlevés, ont le gros inconvénient de provoquer une baisse d’intensité entre les récitatifs et le chant (évidemment non sonorisé), qui renverse la dynamique naturelle de la pièce. Un autre détail, mais toujours irritant : la manie des metteurs en scène à vouloir déshabiller les chanteuses… Si le « striptease » de Hero à l’Acte I peut avoir une fonction scénique (elle ôte ses vêtements de ville pour endosser la robe de mariée), celui de Béatrice à l’Acte II, en proie à la passion, semble en revanche totalement gratuit. Il y a cependant de beaux moments dans le spectacle, notamment le jeu autour de l’accessoire du matelas au premier acte, d’abord vertical, qui chute ensuite à l’horizontale, et finalement coupé en deux, provoquant la scission de la scène en deux parties, pour symboliser la brûlante attraction-répulsion entre les deux protagonistes principaux. Le fameux duo nocturne de Héro et Ursule est également magnifiquement mis en valeur par un décor végétal, tropical et tout en clair-obscur, où aucun élément ne vient distraire de la déambulation onirique des deux chanteuses. Était-il cependant vraiment nécessaire de faire chuter et donc détruire toutes ces plantes, chaque soir, par la bascule spectaculaire de la scène se transformant en cage ? Les dernières scènes sont plus réussies, mettant en exergue l’ironie mordante du livret de Berlioz sur les clichés amoureux et opératiques.

Du point de vue musical, l’orchestre de l’Opéra Carlo Felice se montre à la hauteur de l’œuvre, malgré une direction (assurée par Donato Renzetti ) manquant un peu de dynamisme, et quelques soucis de coordination avec le plateau lors de la première, qui se résoudront probablement lors des soirées suivantes. Comme souvent dans la musique de Berlioz, les vents sont à l’honneur, occasion pour les pupitres de l’orchestre du Carlo Felice de démontrer leur grande virtuosité.

Du côté des chanteurs, beaucoup de talent, en particulier le trio féminin de tête. Cecilia Molinari est une superbe Béatrice, incandescente et légère à la fois, à la diction impeccable, avec de grands qualités scéniques, une voix colorée et égale sur toute la tessiture, et un phrasé toujours expressif et émouvant. Benedetta Torre, à la diction moins précise, gagne cependant en assurance et en puissance au fur et mesure du spectacle ; elle vient à bout très honorablement des périlleuses vocalises de Héro et livre une belle performance, très applaudie. Le mezzo chaud et puissant de Eve-Maud Hubeaux complète ce beau trio, triomphant dans un Nocturne suspendu, délicat et profond. Côté masculin, la partition sert surtout Bénédict, interprété par un Julien Behr au timbre lumineux et puissant, qui donne toute sa mesure dans le grand air « Me marier ? » de l’Acte I, parvenant à contrebalancer le statisme de la mise en scène par sa présence scénique.

Malgré ces défauts, le spectacle parvient malgré tout à émouvoir, en grande partie grâce aux musiciens (orchestre, chœur et plateau de chanteurs) et à la dimension technique (lumières, effets de plateau). Gageons que le choix de cette production, polémique mais de qualité, signe un renouveau dans la ligne artistique de l’Opéra Carlo Felice, et augure des spectacles novateurs pour la saison à venir.

Béatrice et Bénédict à l'Opéra de Lyon dans la mise en scène de Daminano Michieletto
Les artistes

Béatrice: Cecilia Molinari
Benedict : Julien Behr
Hero: Benedetta Torre
Claudio : Yoann Dubruque
Ursule : Eve-Maud Hubeaux
Somarone : Ivan Thirion

Orchestre et chœurs de l’Opéra Carlo Felice, dir. Donato Renzetti

Mise en scène : Damiano Michieletto
Décors : Paolo Fantin
Costumes : Agostino Cavalca
Chorégraphie :Chiara Vecchi
Lumières : Alessandro Carletti

Le programme

Béatrice et Bénédict

Opéra-comique en deux actes, livret du compositeur (d’après Shakespeare), créé le 9 août 1862 à Baden-Baden.

Représentation du 28 octobre 2022, Opéra Carlo Felice de Gênes.

image_printImprimer
remplacée par Cecilia MolinariJulien BehrEve-Maud HubeauxBenedetta TorreDamiano MichielettoDonato Renzetti
0 commentaires 2 FacebookTwitterPinterestEmail
Marie Gaboriaud

Marie Gaboriaud est enseignante-chercheuse en littérature française à l'Université de Gênes. Elle est spécialiste des liens entre musique et littérature, et des phénomènes de canonisation des figures de musiciens. Elle a notamment publié "Une vie de gloire et de souffrance. Le Mythe de Beethoven sous la Troisième République" (2017), qui a été finaliste du Prix France Musique des Muses en 2018.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
SUOR ANGELICA, Puccini (1918) – dossier
prochain post
Ramón VARGAS

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025