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La Revolución se fait au pinceau dans La Fille du régiment cubaine de Luis Ernesto Doñas !

par Renato Verga 23 novembre 2021
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© Gianfranco Rota

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Une Fille du régiment version cubaine : troisième opéra présenté par le Festival Donizetti de Bergame pour une édition 2021 décidément très réussie !

Les Cubains débarquent à Bergame et, dans un crescendo imparable, le troisième et dernier opéra du Festival Donizetti 2021 brille de mille feux, paré des couleurs et des sons de la fête !

La Fille du régiment dans une version (au moins doublement) originale !

Les Cubains débarquent à Bergame et, dans un crescendo imparable, le troisième et dernier opéra du Festival Donizetti 2021 brille de mille feux, paré des couleurs et des sons de la fête !

Si la curiosité pour la lecture d’un metteur en scène cubain s’essayant pour la première fois à l’opéra, une distribution exceptionnelle et un direction prometteuse ne suffisaient pas, la propostion (enfin !) de la version complète d’une œuvre traditionnellement massacrée par les coupures et les interpolations susciterait à elle seule l’intêrêt : c’est à une véritable opération de restauration que s’est livré Claudio Toscani, visant à rétablir la version voulue par le compositeur, nettoyée des mauvaises habitudes prises avec le temps – comme pour la restauration d’un tableau dont les impuretés, incrustées dans la toile, empêcheraient de l’apprécier tel que le peintre l’aurait pensé. Tout ceci a rendu le spectacle tout simplement inoubliable. Il reste encore deux représentations pour ceux qui souhaiteraient passer une soirée exaltante ;  et si vous ne pouvez vraiment pas vous déplacer, à partir du 26 novembre, une transmission vidéo est prévue sur Donizetti Opera Tube.

La fille du régiment, en français, parce qu’il s’agit de l’édition originale écrite par Donizetti pour l’Opéra-Comique de Paris, est la contribution la plus réussie d’un compositeur étranger à ce genre mêlant le chant et la parole. Les sept cents représentations qui suivent sa création (le 11 février 1840) le prouvent : ce chiffre ne sera surpassé par aucun autre titre d’un compositeur italien pour une scène française. N’étant plus un opera buffa italien, La fille ouvre la voie à l’opérette : ces marches et hymnes ont un ton caricatural qui n’ont peut-être pas échappé à Offenbach : la Grande-Duchesse de Gérolstein n’est-elle pas la nièce nonchalante de la Marquise de Berkenfield, et l’armée pitoyable du général Boum celle du « beau XXIe » ?

La Fille du régiment ou La hija del regimiento ?

La figlia del reggimento, traduite et réécrite par Callisto Bassi pour le Teatro alla Scala, a été fréquemment jouée dans les théâtres italiens, mais l’est moins maintenant. Dans les théâtres français, elle était parfois jouée à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet, avec de grands drapeaux flottants sur la scène. Aujourd’hui, le patriotisme naïf et l’exaltation de la gloire militaire du livret sont désespérément datés et politiquement incorrects, et doivent être adaptés à notre époque. C’est ce que fait avec bonheur le Cubain Luis Ernesto Doñas, qui présente à Bergame cette pièce coproduite avec le Teatro Lírico Nacional de la Habana.

L’histoire est transposée sur l’île des Caraïbes à l’époque de la révolution castriste, mais sans surjouer l’aspect politique. Ici dominent les couleurs de l’univers pictural de Raúl Martínez, dont les peintures murales pop forment le décor conçu par Angelo Sala. « Contre la grisaille du monde du passé, la véritable révolution est artistique. Les seules explosions que nous aimons sont celles des couleurs », déclare le réalisateur, qui, au lieu de fusils, fait porter à ses miliciens des combinaisons de peintre jaunes avec des pinceaux. Les couleurs vives du monde de Marie contrastent avec le noir et blanc du manoir des Berkenfiled, dont l’emblème est un drapeau étoilé reproduisant un code-barres : le monde des Berkenfiled est dominé par le désir d’argent. Le symbole du dollar orne d’ailleurs le costume de la duchesse de Krakenthorp, dont le sac à main porte toujours son prix ! La costumière Maykel Martínez s’est inspirée de Cecil Beaton de My Fair Lady pour créer les robes très élégantes noires et blanches des aristocrates.

Une superbe exécution musicale

Le très talentueux Michele Spotti, qui vient de triompher à Marseille dans Guillaume Tell, recrée magistralement la tonalité de la partition à la tête de l’Orchestre de l’Opéra Donizetti, avec notamment un grand raffinement harmonique et une utilisation colorée des percussions. La couleur locale est également apportée par le percussionniste Ernesto López Maturell, qui participe à certains dialogues et, avant sa tante, donne à Marie une leçon de musique sur les bongos ! Dans la direction de Spotti, les moments vifs sont animés d’une verve et d’une légèreté absolument « françaises », tandis que les moments tristes distillent le pathétique du meilleur Donizetti. La récupération des pages expurgées ou « corrigées » conduit à une édition complète telle qu’on n’en a pratiquement jamais entendu : c’est une Fille du régiment absolument différente de celles qu’on entend habituellement qui nous est ainsi proposée.

La distribution vocale est d’un niveau exceptionnel, avec des surprises et des confirmations. Dans la première catégorie, il faut citer Sara Blanch, une soprano catalane dont la voix se projette avec assurance et fait preuve d’une agilité certaine. Musetta à Rome et Lucia à Palerme l’été dernier, Elvira dans l’Italiana à Turin il y a deux ans, sa Marie rappelle aujourd’hui celle, inoubliable, de Natalie Dessay pour la vivacité scénique et le timbre. Ses aigus dans « Salut à la France ! », de même que l’enthousiasme du public, menacent la solidité des fondations du théâtre ! Mais il ne s’agit pas de simples prouesses vocales : le personnage est dessiné dans toutes ses nuances et « Il faut partir » est abordé avec d’admirables mezza voce  et des sons filés délivrant une émotion intense.

Autre surprise : la Marquise de Berkenfield d’Adriana Bignani Lesca, qui, outre ses qualités vocales sûres, affirme une grande personnalité scénique et un humour fin, sans jamais tomber dans la caricature. Elle est une femme humainement déchirée entre le respect des règles sociales et l’amour qu’elle porte à sa fille, qui a le courage de la laisser faire ce qu’elle-même  n’a pas pu faire par le passé. La marquise se voit accorder un moment de gloire avant la leçon de chant de Marie : impeccablement accompagnée sur scène par Alessandro Zilioli au piano, elle interprète une habanera langoureuse, hommage au Cuba du réalisateur. Mais pas n’importe quelle habanera : il s’agit de El arreglito de Sebastián Yradier, le compositeur de la célèbre Paloma, une habanera que Bizet a réutilisée dans sa Carmen, pensant qu’il s’agissait d’un thème patrimonial populaire.

Pas de surprise concernant John Osborn. Si le timbre du ténor était plus séduisant, son Tonio serait inégalé ; mais même tel quel, le personnage est parfaitement dessiné et les prouesses vocales attendues sont pleinement respectées. Les contre ut de « Pour mon âme » sont précédés d une appoggiature, mais pas lors du bis exigé par le public par la foule. Qui sait ce que le ténor aurait fait dans un éventuel troisième rappel ! Comme Marie, Tonio a aussi son moment d’émotion et dans cette version, le « Pour me rapprocher de Marie » devient un quatuor délicieux et poignant.

Le Sulpice de Paolo Bordogna ne constitue pas non plus une surprise : il est interprété avec élégance et fait preuve d’un parfait équilibre vocal. L’Hortensius de Haris Adrianos, le Caporal du prometteur Adolfo Corrado et le Paysan d’Andrea Civetta complètent la distribution. Dans son rôle uniquement parlé, Cristina Bugatty incarne une Duchesse de Krakenthorp sans intempérance ni exagération.

La réécriture des dialogues parlés par Stefano Simone Pintor a apporté une belle fluidité à la représentation tandis que, grâce à la collaboration du Centre de musique romantique français Palazzetto Bru Zane, la diction française de tous les interprètes s’est révélée cette fois-ci tout à fait estimable, tout comme celle du chœur, qui aurait sans doute fait encore mieux s’il n’avait pas été bâillonné par ces maudits masques…

Pour lire la version italienne de cet article, c’est ici !

Les artistes

Marie : Sara Blanch
La Marquise de Berkenfield : Adriana Bignagni Lesca
La Duchesse de Krakenthorp :Cristina Bugatty
Tonio : John Osborn
Sulpice : Paolo Bordogna
Hortensius : Haris Andrianos
Un caporal : Adolfo Corrado
Un paysan : Andrea Civetta

Percussion : Ernesto López Maturell

Orchestra Donizetti Opera, Coro dell’Accademia Teatro alla Scala (Salvo Sgrò), dir. Michele Spotti.


Mise en scène : Luis Ernesto Doñas
Décors : Angelo Sala
Costumes : Maykel Martinez
Chorégraphie :  Laura Domingo

 

Le programme

La Fille du Régiment

 Opéra-comique en deux actes de Donizetti, livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et Jean-François Bayard, créé à l’Opéra-Comique le 11 février 1840.

Festival Donizetti de Bergame, Teatro Donizetti, 21 novembre 2021.

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Palazzetto Bru ZaneJohn Osbornfestival Donizetti de BergameSara Blanch
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Renato Verga

Diplômé en Physique de l'Université de Turin, Renato Verga a toujours eu une passion immodérée pour la musique et le théâtre. En 2014, il lance un blog (operaincasa.com) pour recueillir ses critiques de DVD d'opéra, de spectacles vus partout dans le monde, de concerts, de livres sur la musique. Renato partage l'idée que la mise en scène est une partie constitutive de l'opéra lui-même et doit donc comporter de nécessaires transformations pour s'adapter à notre contemporanéité.

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