À la une
Diva ma non troppo : le public du festival de Froville...
Dans le labyrinthe des opéras de RIMSKI-KORSAKOV
À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires
Job, le procès de Dieu : création d’un opéra engagé et...
Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »
La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de vous !
Brèves de juin –
Découvrez la saison 25-26 de l’Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie
Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille dans la...
Dernière saison d’Alain Surrans à ANGERS-NANTES OPERA
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs
Première Loge

Pour ne rien manquer de l'actualité lyrique, restons en contact !

Compte renduVu pour vousConcert

Roma exulte à Versailles

par Marc Dumont 13 décembre 2024
par Marc Dumont 13 décembre 2024

Photo Marc Dumont

Photo Marc Dumont

© Capella Mediterranea

© Capella Mediterranea

© Capella Mediterranea

0 commentaires 4FacebookTwitterPinterestEmail
978

Comme l’a expliqué d’emblée Leonardo García-Alarcón, dans ses quelques mots de présentation du programme devant un public attentif et concentré de bout en bout, ce concert italien entre en résonance avec le lieu. Après tout, c’est bien Luigi Rossi (1597-1653) qui amena le premier opéra italien en France, avec un Orfeo pensé pour la cour, et présenté en 1647 devant un jeune Louis XIV de neuf ans.

C’est donc Luigi Rossi qui a ouvert ce grand moment de ferveur lumineuse, porté par des musiciens totalement investis, avec une déploration bouleversante : le « Piangete, occhi, piangete » de son Oratorio pour la Semaine Sainte. Le balancement mélancolique a été initié par les deux violons, le théorbe et la harpe, rejoints par les cornets et saqueboutes avec les deux orgues positifs (dont celui tenu par le chef). C’est alors que les voix des deux sopranos se sont mêlées à celles du contre-ténor et du ténor, et que le chœur a déployé ses ailes[1].

D’une plainte, l’autre : le « Plange quasi virgo » d’Alessandro Scarlatti (1660-1725, le père de Domenico le claveciniste) touche tout autant par son recueillement intérieur que par son agencement musical amenant, là aussi, le chœur à rejoindre et tuiler le quatuor de solistes.

Le ton était donné : élévation, ferveur et ampleur du son. D’ailleurs, Leonardo García-Alarcón n’hésita pas à utiliser l’espace de la chapelle à plus d’une reprise, distribuant des membres du chœur dans les bas-côtés ou bien, dans l’Ave Maria de Giovanni Giorgi, les faisant remonter du fond de la nef jusqu’à l’estrade.

La voix pure de la soprano Maria Chiara Ardolino a emporté la musique céleste du célèbre Miserere de Gregorio Allegri (1582-1652) vers les cimes. Car ce chef d’œuvre, originellement réservé à la seule Chapelle Sixtine, nécessite absolument une voix hors du commun par sa clarté et ses vocalises aériennes à nulles autres pareilles[2].

Le timbre de Maria Chiara Ardolino s’est marié parfaitement avec celui d’Hannah Morrison, les deux sopranos offrant de grands moments de fusion musicale. Parmi les solistes, la voix cristalline du contre-ténor Logan Lopez Gonzalez s’est également détachée à chacune de ses interventions, par sa luminosité solaire, sa fluidité évidente et ce sens musical sachant se fondre dans l’ensemble.

Après un retour à Alessandro Scarlatti (« Ecce vidimus eum »), qui a mis en valeur une fugue rayonnante du Chœur de Chambre de Namur en majesté, place à un compositeur oublié et si cher à Leonardo García-Alarcón : Giovanni Giorgi (1719-1762). C’est là une de ses découvertes et l’un de ses jardins secrets[3], les fastes instrumentaux, saqueboutes et cornets en tête, offrant avec la puissance du chœur un « In omnem terram » rayonnant. Dans le « Dextera domini », les deux violonistes ont distillé une douceur semblant s’enivrer de l’espace, en lien avec des chanteurs captant une tendresse qui a précédé une puissance impressionnante. Du grand art !

Puis vint un moment à part, stupéfiant : le chef s’est éclipsé. Un temps de silence et le voici à la tribune, dos au public car assis à l’orgue de la Chapelle. Il s’est lancé alors dans une incroyable improvisation, mêlant les thèmes de plusieurs des partitions interprétées en concert, avec une liberté, une originalité et une puissance qui ont fait résonner l’instrument dans tous ses états, le poussant dans ses retranchements, utilisant tous les jeux possibles, chantant, sonnant, trompettant, grondant et nous laissant pantois devant une telle invention se terminant par une fugue à quatre voix !

Pour clore ce concert si spécial, la Messe en fa majeur à deux chœurs quatre voix de Giorgi, composée en mémoire du tremblement de terre de Lisbonne de 1755, a fait trembler les murs de la Chapelle Royale par la puissance expressionniste d’un baroque triomphant, sa polyphonie admirable et son exécution superlative. Le Chœur de Chambre de Namur, en majesté, a exulté en des fugues magistrales dans ce lieu solennel de la Chapelle Royale.

Ce programme, le Chœur de Chambre de Namur et la Cappella Mediterranea le connaissent bien pour l’avoir déjà présenté à Genève ou à Rome (au sein de l’église Saint-Louis des Français). Le plaisir de le chanter n’est pas seulement intact, il est inspiré par la beauté du lieu et l’énergie insufflée par leur chef.

Public conquis, enthousiaste. Deux bis. Et le souvenir d’un moment majestueux et profond.

—————————————————————-

[1] Vous pouvez retrouver une partie des œuvres du concert dans une captation de 2021 ici : https://www.youtube.com/watch?v=-tTasEehRU8

[2] Chaque écoute rappelle combien Mozart, alors âgé de quatorze ans, eut raison de copier en secret les mélismes vertigineux de cette musique réservée. Il revint une seconde fois l’écouter afin de vérifier qu’il ne s’était pas trompé dans sa transcription de mémoire… sous peine de risquer l’excommunication !

[3] Avec ses complices musiciens, il en a laissé un témoignage discographique dès 2011 chez Ricercar.

Les artistes

Hannah Morrison, Soprano
Maria Chiara Ardolino, Soprano
Logan Lopez Gonzalez, Contre-ténor
Pierre-Antoine Chaumien, Ténor
Matteo Bellotto, Basse

Chœur de Chambre de Namur – Cappella Mediterranea
Leonardo García-Alarcón, Orgue et direction

Le programme

Roma
Musique polyphonique romaine du XVIIe siècle

Luigi Rossi (1597-1653)
Oratorio per la Settimana Santa, « Piangete occhi, piangete »
Alessandro Scarlatti (1660-1725)
Plange quasi virgo
Gregorio Allegri (1582-1652)
Miserere
Alessandro Scarlatti
Ecce vidimus eum
Giovanni Giorgi (1719-1762)
Motets : In omneterram, Improperium, Dextera Domini, Ave Maria
Messe en Fa majeur : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei

Chapelle Royale de Versailles, concert du mercredi 11 décembre 2024.

image_printImprimer
Cappella MediterraneaLeonardo García AlarcónMatteo BellottoPierre-Antoine ChaumienHannah MorrisonMaria Chiara ArdolinoLogan Lopez Gonzalez
0 commentaires 4 FacebookTwitterPinterestEmail
Marc Dumont

Passionné par l’Histoire et la Musique, Marc Dumont a présenté des centaines de concerts et animé de multiples émissions à Radio France de 1985 à 2014. Il se consacre à des conférences et animations, rédige actuellement un livre où Musiques et Histoire se croisent sans cesse, et propose des « Invitations aux Voyages », qui sont des rencontres autour de deux invités, en vidéo.

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Sauvegarder mes informations pour la prochaine fois.

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

post précédent
FESTIVAL ROSSINI DE PESARO 2025 : le programme complet est en ligne !
prochain post
Il Turco in Italia, une première à l’opéra de Lyon

Vous allez aussi aimer...

Diva ma non troppo : le public du festival...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des vampires

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création d’un opéra...

14 juin 2025

Festival du Haut-Limousin « Par les soirs bleus d’été »

13 juin 2025

La traviata à Tours : Violetta, prenez soin de...

13 juin 2025

Brèves de juin –

13 juin 2025

Il barbiere di Siviglia revient à l’Opéra Bastille...

12 juin 2025

À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de...

9 juin 2025

Retour triomphal de Pretty Yende au Théâtre des...

9 juin 2025

Núria Rial et l’Accademia del Piacere donnent le...

9 juin 2025

En bref

  • Brèves de mai –

    30 mai 2025
  • Les brèves de mars –

    14 mars 2025
  • Les brèves de février

    25 février 2025
  • Sauvons l’Avant-Scène Opéra !

    18 février 2025
  • L’Avant-Scène Opéra, c’est fini…

    7 février 2025

Humeurs

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

Édito

  • Les années 2020 : sombre époque pour les arts, la culture, l’humanisme…

    5 mars 2025

La vidéo du mois

PODCASTS

PREMIÈRE LOGE, l’art lyrique dans un fauteuil · Adriana Gonzàlez & Iñaki Encina Oyón – Mélodies Dussaut & Covatti

Suivez-nous…

Suivez-nous…

Commentaires récents

  • cecile PABA ROLLAND dans Il trovatore à Marseille : Le chant de l’Extrémo
  • Stéphane Lelièvre dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • Alessandro dans À Bruxelles, nouvel échec pour la thérapie de Don José ; nouveau succès pour la Carmen de Tcherniakov !
  • antonio meneghello dans GEORGE GAGNIDZE : « Mi accosto a Verdi con la massima venerazione e rispetto… »
  • Giancarlo Arnaboldi dans Berliner Philharmoniker: memorabile Madama Butterfly di Kirill Petrenko, Eleonora Buratto e Jonathan Tetelman

Première loge

Facebook Twitter Linkedin Youtube Email Soundcloud

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Login/Register

Keep me signed in until I sign out

Forgot your password?

Rechercher

Archives

  • Facebook
  • Twitter
  • Youtube
  • Email
Première Loge
  • Accueil
  • À Voir
  • Avant-concerts
  • Vu pour vous
  • Artistes
  • Œuvres
  • Médiathèque
  • Humeurs

A découvrirx

Diva ma non troppo : le public...

14 juin 2025

À Rouen, SEMIRAMIDE au pays des...

14 juin 2025

Job, le procès de Dieu : création...

14 juin 2025