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Rencontres musicales de Vézelay – Carnet de bord J1 – De l’oratorio haendelien à Jéliote

par Sabine Teulon Lardic 27 août 2022
par Sabine Teulon Lardic 27 août 2022

© Vincent Arbelet

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Si “Vézelay, Vézelay, Vézelay, Vézelay" est le plus bel alexandrin de la langue française selon Louis Aragon, les Rencontres musicales de Vézelay ne seraient-elles pas le plus original des festivals de musique sur le territoire national ? Tandis que la basilique romane de Vézelay, les églises et jardins de l’Avallonnais (Yonne) résonnent en musiques, les passerelles entre mémoire et exploration irriguent les Rencontres, du 25 au 28 aout. De la haute-contre Jéliote à l’hommage à Joséphine Baker, auditrices et auditeurs font l’expérience d’un élargissement culturel, incluant tant les musiques tsiganes, bulgares que jazzy.

Jéliote ou une carrière de haute-contre sous Louis XV

L’ouverture du festival se déroule traditionnellement dans la collégiale Saint Lazare d’Avallon. La carrière de la haute-contre Pierre de Jéliote (1713-1797) y est évoquée au fil d’une succession de 15 extraits de tragédies lyriques ou de pastorales que l’artiste vedette contribua à créer ou diffuser à l’Académie royale de musique (Opéra) sous Louis XV, après sa formation initiale à Toulouse. Il est amusant de souligner que sa fulgurante ascension sociale et d’artiste (après avoir été repéré par l’intendant des Menus Plaisirs à Toulouse) fera l’objet d’un opéra-comique culte au XIXe siècle, Le Postillon de Lonjumeau d’Adam. Comme le signalait notre confrère Marc Dumont à propos de l’enregistrement de ce récital chez Alpha, ce portrait musical de Jéliote est « tour à tour joyeux, martial, dramatique, poétique, touchant et s’offre à l’auditeur dans un subtil agencement ».

De fait, la performance du ténor et de l’ensemble A Nocte Temporis (qu’il a fondé) trace peu à peu les contours d’un savoir-faire musical « à la française » sous Louis XV. Autour de la planète J.-P. Rameau, une constellation de compositeurs brille, qui par son élégance mélodique (F. Colin de Blamont), qui par ses effets d’instrumentation (J.-M. Leclair), par les couleurs occitanes qui pimentent la pastorale (J.-J. C. de Mondonville), ou encore par l’art théâtralisé des ruptures (Rebel et Francoeur) :  voir la rubrique Programme.

La maîtrise vocale de Reinoud Van Mechelen est d’un raffinement et d’un engagement sans faille au long d’un programme cependant éprouvant. Superbe diction, stylistique ramiste, vocalises furieuses (« Je déchaine les vents »), tout évoque le talent de Jéliote décrit par son contemporain, Marmontel comme une « plénitude des sons, [un] éclat perçant du timbre argentin ». Malgré l’acoustique tournoyante de l’église, l’artiste fait valoir les registres variés de la sélection ramiste, notamment celui galant d’Hippolyte et Aricie, celui comique de Platée sous les allitérations de « Que ce séjour est agréable », mais également celui funeste de Dardanus, aussi expressif que l’air fameux de Télaïre.

Le savoir-faire sous Louis XV est également instrumental : les plans sonores de l’ouvertured’Hippolyte, la coloration des douces flûtes dans Les Fêtes grecques et romaines, celle des bassons dans « Lieux funestes »  de Dardanus sont des climax d’expressivité, que les musiciens de l’Ensemble A Nocte Temporis excellent à transmettre, en toute sobriété. Quant à l’esprit des danses – menuet, rigaudon bondissants – sa dynamique irrigue le programme et ragaillardit l’auditoire. Aussi, après le bis octroyé – air de F. Colin de Blamont – la générosité et la performance des interprètes sont allées droit aux oreilles d’un public magnétisé.

Découvrir Esther de G. F. Haendel dans sa version de 1720

Entre Mask et semi-opéra, la version 1720 d’Esther se démarque de la production contemporaine d’opera seria d’Haendel à la Royal Academy de Londres. En effet, que ce soit la langue anglaise à l’honneur, ou bien la conception musicale centrée sur le chœur (la turba de l’oratorio romain), les composantes de l’œuvre saisissent l’auditoire. Avant sa grande période d’oratorios anglais, Haendel s’attache ici à traduire l’opposition entre Perses et Israélites sous le règne du roi Assuérus, qui épouse Esther, fille de la communauté israélite, alors en exil en Perse (Ve siècle avant J.-C.). En développant six scènes (récitatif, aria da capo, chœurs), le livret s’inspire librement de la traduction anglaise de l’Esther de Racine (Saint-Cyr,1689) tout en accordant une place prépondérante aux confrontations masculines – le ministre Haman, persécuteur farouche des Israélites, le roi Assuérus pris entre ses amours et les impératifs de gouvernance, le prêtre israélite se lamentant des persécutions de son peuple. De ce fait, la mission d’Esther – sauver sa communauté religieuse du massacre – paraît moins valorisée… de notre point de vue.

Sous les voûtes de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, le maître d’œuvre de cette version 1720 d’Esther est le chef d’orchestre de l’ensemble Le Stagioni, Paolo Zanzu, secondé par le chef de l’excellent Jeune Chœur de Paris, Richard Wilberforce. Personnifiant Esther, Rachel Redmond déploie un soprano clair et souple comme dans toutes ses interprétations des cantates et passions de J.-S. Bach, persuasive dans sa confrontation avec le roi par l’attaque mise en exergue de la ritournelle orchestrale, puis sa cadenza de l’air n° 32, « Flatt’ring tongue » (« Langue flagorneuse »).  Le baryton-basse Lisandro Abadie confère au persécuteur Haman toute l’autorité requise ; quant au ténor Nicholas Scott (premier et second Israélites, Mordecai), il déploie sa plaidoirie dans le rôle de Mardochée pour convaincre Esther d’intercéder auprès du roi, et fait valoir une superbe maîtrise dans l’air concertant avec hautbois « Tune your harps » (« Faites résonner vos harpes »). Son confrère ténor, Zachary Wilder, personnifie, lui, le roi perse Assuérus, plus à l’aise dans le registre élégiaque ou de terreur (les halètements du duo n° 22 avec Esther)  que dans celui combattif où ses intonations aigües vacillent (air n° 25 « How can I stay when Love invites »). Dans l’expression,  l’artiste le plus éloquent est aussi celui qui joue le mieux de l’acoustique de la basilique dans sa projection : Carlo Vistoli, contre-altiste à la carrière fameuse. Récemment interviewé sur notre site, et chroniqué pour sa prestation haendelienne dans Giulio Cesare à Montpellier. Parmi ses prestations de Prêtre israélite, les plus impressionnantes demeurent les Accompagnati successifs (n° 13 ; n° 28 avec deux cors échappés des Water Music) d’où surgit la théâtralité de « cet opéra de chambre d’argument religieux » (Paolo Zanzu). Signalons enfin le concours ponctuel de jeunes choristes en solo : l’air de la radieuse soprano Emmanuelle Demuyter (air n° 9 dans lequel la harpe virtuose suggère les cordophones antiques) et les interventions de la basse Lysandre Châlon.

En dépit de l’acoustique tournoyante de la scène, dressée en fond de la basilique, le succès collectif de l’orchestre et du chœur est amplement justifié pour cette première de la production des Stagioni. La dynamique des instrumentistes s’exerce autant dans le tutti que dans les airs avec soliste concertant – excellents hautbois solo et trompettiste en particulier. Cependant, les interventions du chœur demeurent les grands moments de la soirée. Sur le nombre, nous distinguons celles hachées et vindicatives des Soldats perses (chœur n° 5, « Craindrons-nous le dieu d’Israël« ) et celles de l’époustouflant final (n° 35, « Le Seigneur a fait périr notre ennemi« ). Chœur de louanges, il inclut duos et solo des rôles solistes dans une atmosphère jubilatoire qui préfigure celle du Messie. Si les auditeurs perdent ponctuellement la cohérence polyphonique du fait de la réverbération acoustique, le dynamisme des interprètes emporte la mise lors des saluts.

Les artistes

Jéliote, haute-contre de Rameau :
Reinoud Van Mechelen

A Nocte Temporis, dir. Reinoud Van Mechelen

Esther
Le Stagioni, dir. Paolo Zanzu
Le jeune chœur de Paris, dir. Richard Wilberforce

Rachel Redmond (soprano), Esther
Carlo Vistoli (contre-ténor), 3rd Israelite
Nicholas Scott (ténor), 1st Israelite, 2nd Israelite, Mordecai
Zachary Wilder (ténor),  Ahasuerus
Lisandro Abadie (baryton-basse), Haman
 
Emmanuelle Demuyter (soprano), Israelite Woman
Boris Mvuezolo (ténor), Officer
Alexandre Jamar (ténor), Habdonah
Lysandre Châlon (basse), un duo de basses dans le chœur final avec Lisandro Abadie
Le programme

Jéliote, haute-contre de Rameau :
Jean-Philippe Rameau, extraits d’Hippolyte et Aricie, Les Fêtes d’Hébé, Dardanus, Platée, Zoroastre, Castor et Polux, les Boréades
François Colin De Blamont, extrait de Les festes Grecques et Romaines
François Rebel et François Francœur, extrait de Scanderberg
Charles-Louis Mion, extrait de Nitétis
Pierre de Jéliote, extrait de Zélisca
Antoine Dauvergne, extrait de Les Amours de Tempé
Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, extrait de Daphnis et Alcimadure
Pierre-Montan Berton, extrait de Érosine
Jean-Benjamin de la Borde, extrait de Ismène et Ismenias

Rencontres musicales de Vézelay, collégiale Saint-Lazare d’Avallon, concert du jeudi 25 août 2022

Esther
Oratorio de Georg Friedrich Haendel (version de 1720)

Rencontres musicales de Vézelay, Basilique de Vézelay, concert du jeudi 25 août 2022

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Reinoud van MechelenCarlo VistoliRachel RedmondPaolo ZanzuZachary WilderNicholas ScottLisandro Abadie
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Sabine Teulon Lardic

Sabine Teulon Lardic est chercheure à l'université de Montpellier 3. Spécialiste de l'opéra-comique du XIXe siècle et des spectacles lyriques dans les Théâtres de plein air (XIXe-XXIe siècles), elle a collaboré aux volumes collectifs de Carmen Abroad (Cambridge Press), The Oxford Handbook of the Operatic Canon (Oxford Press), Histoire de l'opéra français, t.3 (Fayard, 2022). Elle signe également des articles pour les programmes de salle (Opéra-Comique, Opéra de Montpellier) ou la collection CD du Palazzetto Bru Zane.

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